Remco Evenepoel est de retour au Portugal: "J’ai plein de bons souvenirs en Algarve!"
Vainqueur de l’épreuve portugaise en 2020, le Brabançon y revient pour la jouer la gagne sur son premier objectif de la saison.
Publié le 16-02-2022 à 08h13 - Mis à jour le 16-02-2022 à 08h14
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Plutôt adepte du discours direct et allergique à la langue de bois, Remco Evenepoel avait dressé une liste claire des priorités de son début de saison dès le matin de sa reprise sur le Tour de Valence, le 2 février. "Si je ne gagne pas pour ma première course de l'année, je n'en serai pas malade, avait alors soufflé le coureur de chez Quick-Step Alpha Vinyl, finalement second derrière Vlasov. Il s'agit d'une rentrée et je suis davantage focalisé sur le Tour d'Algarve."
Deux semaines plus tard, sur les rives de l'Arade de Portimao où l'équipe de Patrick Lefevere a installé ses quartiers pour la durée de l'épreuve portugaise (1re étape promise au sprint ce mercredi et conclusion dimanche au sommet de Malhao), le Brabançon semblait déjà chercher au bout de l'horizon azur (21°C en milieu d'après -midi) les contours d'un maillot jaune qu'il avait ramené dans ses valises en 2020. "J'ai plein de bons souvenirs en Algarve et quand on revient sur une course que l'on a déjà disputée ou que l'on a déjà remportée, on a toujours envie de faire encore mieux ou au moins aussi bien", souriait le prodige de Schepdaal.
Vainqueur il y a deux ans de deux étapes et d’un classement général où il avait rejeté son dauphin (Schachmann) à plus de 30 secondes, Evenepoel a le droit de rêver en grand. La preuve.
1.Un titre à défendre.
Pour la toute première fois de sa jeune carrière, Evenepoel a laissé filer sur le dernier Tour de Valence le maillot de leader d'une course par étapes dont il avait pris les commandes. Une statistique qui relève de l'anecdote, mais à laquelle le Belge ne souhaite pas donner trop d'écho. Absent d'une édition 2021 du Tour d'Algarve reprogrammée en mai par la faute de la pandémie, le Brabançon semble bien décidé à activer ce que son patron Lefevere aime appeler le "winning mode". Une spirale vertueuse qui l'avait aspiré dans une fantastique série il y a deux ans (victoire aux Tours de Burgos et de Pologne avant sa chute en Lombardie). "J'aime de surcroît beaucoup courir ici et c'est pour cela que je souhaitais être au départ. La nature, les routes et les supporters qui donnent à cette région une vraie culture cycliste : tout est top !"
2.L'Alto do Foia : l'ascension déclic.
Vainqueur pour sa première participation au Tour d'Algarve de la seconde étape se terminant au sommet de l'Alto do Foia (7,5 km à 7,3 %), Evenepoel y avait endossé un maillot jaune de leader qu'il n'allait plus lâcher, mais avait surtout vécu un authentique déclic. Il s'agissait en effet de son tout premier succès en haut d'une aussi longue bosse. "Je me souviens encore parfaitement de cette montée finale. Almeida avait assuré un gros tempo et comme je me savais ne pas être le plus rapide des coureurs qui m'accompagnaient alors encore (NdlR : Schachmann, Martin, Costa, Wellens, Nibali, Mollema…), j'avais choisi de lancer mon sprint de loin, à la pancarte des 500 mètres. Une idée complètement folle quand j'y repense (rires)… Lorsque je me suis retourné la première fois, il n'y avait plus personne dans ma roue, mais à 100 mètres de la ligne j'ai vu Schachmann revenir sur mes talons et j'ai dû relancer pour aller chercher ce succès."
Une victoire désormais immortalisée par… une statue qui trône au sommet de l'une des difficultés les plus iconiques d'Algarve. "La posture que j'avais adoptée en franchissant la ligne est parfaitement reproduite, rigole Evenpoel. C'est assez marrant d'être ainsi honoré alors que je ne me suis encore imposé à cet endroit qu'une seule fois."
Il s’agit là d’une volonté du maire de Monchique qui souhaite faire de cette ascension le Mont Ventoux ou l’Alpe d’Huez de l’Algarve dans une région qui mise beaucoup sur le tourisme cycliste et où l’épreuve portugaise fera escale jeudi.
3.Un chrono qui lui va comme un gant.
Autrefois tracé autour de Lagoa, le contre-la-montre du Tour d'Algarve a déménagé plus à l'est pour cette 48e édition et se déroulera entre Real Santo Antonio et Tavira sur… 32,2 kilomètres ! Un format XXL pour un chrono de début de saison qui convient idéalement aux qualités d'Evenepoel. "Programmée samedi, cette quatrième étape a pour mission, au-delà de sa dimension sportive, de mettre en valeur une partie de l'Algarve où la course ne s'attardait pas vraiment jusqu'ici, commente Sergio Sousa, le directeur de course. Nous avons donc prévu un format plus long. Pour éviter que ce chrono ne soit trop impactant sur le classement général, nous avons durci la deuxième étape menant à l'Alto do Foia en plaçant la montée de Picota juste avant la difficulté finale. Les derniers kilomètres seront donc plus denses."
Au-delà de la longueur de l'exercice, le profil colle également aux qualités du coureur de chez Quick-Step Alpha Vinyl. "Il est assez musclé dans sa première partie puisqu'on avale 200 m de dénivellation positive en une vingtaine de kilomètres à peine, éclaire Tom Steels, qui a reconnu le tracé. La seconde partie, en phase descendante, est rapide et technique avec plusieurs virages qu'il faudra négocier à haute vitesse, dont certains à l'aveugle. Il conviendra d'impérativement resté concentré d'un bout à l'autre de ses 32 kilomètres !"
Avec deux arrivées en bosse (Alto da Foia jeudi mais aussi Malhao et ses 2,6km à 9,2 % dimanche), ses deux journées promises aux sprinters (1re et 3e étapes) ainsi que ce contre-la-montre, c'est plus globalement le tracé de ce Tour d'Algarve dans son ensemble qui paraît idéalement convenir aux qualités d'Evenepoel. "Je ne peux pas vous démentir", souriait ainsi Sergio Sousa.
4.Un stage de six jours dans la région.
Depuis plusieurs années maintenant, les troupes de Lefevere ont l'habitude de s'installer pour un stage hivernal dans la région de Portimao. "Nous ne venons cependant pas avec toute l'équipe, précise Tom Steels, le directeur sportif de la formation belge. L'avantage de cette région est qu'il y a moins de trafic qu'autour de Calpe (Espagne) où nous réalisons l'essentiel de nos rassemblements. Le relief est également un peu différent avec des bosses nécessitant plus d'explosivité."
Du 25 au 30 janvier, Evenepoel a ainsi sillonné l’arrière-pays portugais et reconnu le final des deux arrivées au sommet ainsi que le parcours du chrono et celui de la troisième étape. Le jour de ses 22 ans (25 janvier) fut même le plus musclé avec une sortie de 150 bornes pour près de 3000 m de dénivelé positif.
5.Une concurrence à sa portée.
Si Tadej Pogacar (2019) et Primoz Roglic (2017) figurent tous les deux au palmarès du Tour d'Algarve, les Slovènes ne sont pas engagés cette année sur l'épreuve portugaise. Parmi les 25 équipes engagées (10 WorldTours), la menace devrait essentiellement venir d'une formation en particulier. "Avec Thomas, Hayter, Pidcock et Martinez, Ineos aura un effectif extrêmement solide ici, juge Steels. La concurrence sera rude, que l'on ne s'y trompe pas, car Jumbo possédera aussi une belle équipe articulée autour de Foss alors que Gaudu et Küng seront de gros rivaux pour les arrivées en côte et le chrono. Attention aussi à Brandon McNulty (UAE Team Emirates) qui était en grande forme sur le Challenge de Majorque. Le niveau est, de toute façon, toujours relevé sur cette épreuve."
6.Une horde de gardes du corps.
Avec Asgreen, Declercq, Lampaert, Van Lerberghe et Vervaeke à ses côtés, Evenepoel sera entouré d'une véritable horde de garde du corps. "Nous sommes ici pour viser le général avec Remco mais aussi afin de jouer les victoires au sprint avec Jakobsen, éclaire Steels. Nous avons donc construit notre sélection autour de cette double mission. Louis (Vervaeke) est sans doute celui qui accompagnera le plus longtemps Remco dans les ascensions, mais à ce moment de la saison, des gars comme Tim (NdlR : Declercq, très impressionnant sur l'étape reine du Tour d'Oman), Kasper (Asgreen) et Yves (Lampaert) sont capables d'avaler un tel dénivelé et d'assurer leur part du boulot. L'important, sur des montées finales comme l'Alto do Foia et la montée de Malhao, est surtout d'être bien placé au pied. Un boulot qui ne fait pas peur à ces coureurs (rires)… "