Préparation, tactique, concurrence et objectif: Wout van Aert ouvre sa saison sur le Circuit Het Nieuwsblad
Absent du Circuit Het Nieuwsblad la saison dernière, le champion de Belgique y ouvre cette année une campagne des classiques aux contours résolument différents.
Publié le 26-02-2022 à 14h29
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Toujours engagé, l’année dernière, dans la préparation de sa campagne sur route au moment de l’ouverture de la saison cycliste en Belgique, Wout van Aert a choisi de faire son retour sur le Circuit Het Nieuwsblad, ce samedi, en même temps que le public retrouvera les travées du Kuipke (où aura lieu la présentation des équipes). Un ingrédient de choix qui doit donner un peu plus de saveur encore à la première classique d’une campagne que le coureur de chez Jumbo-Visma abordera dans un contexte très différent de celui d’il y a douze mois. La preuve.
1.Préparation : une base foncière plus importante.
Même s’il reste l’un des meilleurs spécialistes du chrono au monde, Wout van Aert a apprécié de ne pas être engagé, cet hiver, dans une course contre-la-montre au moment d’aborder la préparation de sa saison sur route. C’est précisément dans cette volonté que l’Anversois et le staff de l’équipe Jumbo-Visma avaient, très tôt, opéré le choix de faire l’impasse sur le Mondial de cyclo-cross aux États-Unis (Fayetteville) et de clore la campagne dans les labourés au soir du championnat de Belgique (9 janvier).
"Au fil des saisons et de mon palmarès qui s'épaissit, mes objectifs changent, explique van Aert. Cela m'apparaît assez logique. Je n'aurais jamais pu imaginer faire l'impasse sur les championnats du monde de cyclo-cross si je n'avais déjà trois maillots arc-en-ciel dans ma garde-robe. Le choix que nous avons fait m'a permis d'aborder le stage en altitude de Tenerife (NdlR : duquel il est revenu en début de semaine et où il aura passé 19 jours) de manière bien plus sereine et relax. Ma préparation n'avait pas, cet hiver, les allures d'un rush et j'ai pu enchaîner davantage d'heures d'entraînements. Je sens que ma base est beaucoup plus large que par le passé."
Une impression confirmée par les données Strava du Campinois qui a pu bénéficier, en ce début d’année, de treize jours de préparation de plus qu’en 2021. Deux semaines qui lui ont permis d’accumuler un surplus d’une petite soixantaine d’heures d’entraînement, soit environ 1 700 kilomètres.
2.Tactique : un vrai bloc pour contrer le Wolfpack.
Conscient du relatif isolement avec lequel Wout van Aert a dû composer en certaines circonstances lors du dernier printemps, le staff de la formation Jumbo-Visma a compris que le collectif était aussi important sur les pavés flandriens que dans les montagnes du Tour de France. Avec Van Hooydonck, Teunissen et Eenkhoorn auxquels sont venus s’ajouter Benoot, Van der Sande et Laporte (absent ce samedi), les troupes de Richard Plugge semblent ne plus rien avoir à envier aux Quick-Step Alpha Vinyl.
"Sur papier, cela va faire une grande différence pour moi cette année et me placer dans une position bien plus confortable, juge le champion de Belgique. Sommes-nous désormais armés pour concurrencer le Wolfpack ? Je ne crois pas que notre volonté soit de les imiter ou de les copier. Nous voulons tout simplement gagner le plus possible de courses mais pouvons toutefois apprendre certaines choses de nos adversaires. Chez Quick-Step, il arrive très souvent que plusieurs coureurs prennent le départ d’une grande classique avec le même statut, sans qu’il y ait véritablement un leader à proprement parlé. Au sein de notre équipe, je crois que les choses seront plus claires et la hiérarchie plus affirmée : je resterai bel et bien la carte maîtresse pour tenter de monter sur la plus haute marche du podium. Une petite période d’adaptation pourra être nécessaire afin que tout se mette en place de manière fluide et optimale. Je crois ainsi que ce Circuit Het Nieuwsblad constituera déjà une forme de test. Nous allons voir comment nous pouvons courir ensemble. L’année dernière, j’ai gagné l’Amstel grâce à une super équipe qui m’a permis de ne me livrer que durant la dernière demi-heure. J’aimerais qu’il en aille plus régulièrement ainsi dans les prochaines semaines. Nous avons passé une vingtaine de jours ensemble à Ténérife, ce qui est précieux pour construire un collectif. Vivre ensemble lors d’un tel rassemblement, cela permet de souder un groupe."
3.Concurrence : le seul des trois fantastiques sur les pavés ?
Durant tout le dernier printemps des classiques, les attentes et la pression se sont essentiellement cristallisées autour du trio van Aert-van der Poel-Alaphilippe très vite rebaptisé en caste des trois fantastiques. Le double champion du monde en titre ayant choisi, cette saison, de concentrer ses ambitions sur les Ardennaises et donc de faire l’impasse sur la campagne du Nord, Wout van Aert pourrait bien se retrouver comme le dernier des mousquetaires quant on sait que la reprise de Mathieu van der Poel demeure à ce jour une énigme (problème de dos)… Une hypothèse sur laquelle ne semble pas véritablement miser le coureur de chez Jumbo-Visma.
"Je suis heureux de voir qu'il est de retour sur son vélo et engagé dans ce qui ressemble véritablement à de l'entraînement. Dans mon esprit, Mathieu sera l'un de mes adversaires lors de cette campagne des classiques. Il est tout à fait capable d'être prêt pour le Tour des Flandres par exemple. Cela dépendra de comment il s'y prend d'ici là. On dirait qu'il revient à son ancien niveau et je crois que c'est ce que tout le monde espère. Tom Pidcock ? Il sera là sur certaines courses mais son degré de compétitivité est encore fait de hauts et de bas. C'est normal je crois, il est encore jeune (22 ans). C'est vraiment difficile de pouvoir prédire où il sera au mieux de sa forme."
4.Objectif : un monument pavé comme priorité.
S'il fera son grand retour sur le Circuit Het Nieuwsblad ce samedi après avoir fait l'impasse sur l'épreuve d'ouverture de la saison belge l'année dernière et ouvrira sa saison sur route une semaine plus tôt qu'en 2021 (reprise sur les Strade Bianche, 4e), cela ne signifie pas pour autant que Wout van Aert a fait des premières épreuves de sa saison une priorité. Au contraire. "Mes objectifs sont effectivement plus lointains", poursuit celui qui rêve d'un monument pavé après avoir épinglé Milan-Sanremo à son palmarès en 2020. "Remporter le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix, cela m'apparaît être la prochaine marche à gravir dans ma carrière."
Une ambition qui épouse la courbe d'attentes toujours plus grandes autour de l'Anversois. "Cela me met-il la pression ? Non, je ne vois pas les choses de la sorte. Je n'ai encore que 27 ans et j'entame ma quatrième saison dans le WorldTour. Ce serait aller un peu vite que de dire que c'est l'année ou jamais. Je pense avoir encore un peu de temps devant moi (rires)…"