Remco Evenepoel a perdu son premier duel face à Pogacar: "C’était un test idéal et ce n’est pas ce que j’en espérais"
En difficulté samedi sur le Monte Carpegna, Remco Evenepoel, finalement 11e, a manqué son premier duel avec Tadej Pogacar.
Publié le 14-03-2022 à 07h53
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Remco Evenepoel a terminé Tirreno-Adriatico aux portes du top 10. Loin de l’objectif affiché au départ une semaine plus tôt à Lido di Camaiore, lorsqu’il déclarait vouloir finir parmi les trois premiers.
Avant de craquer samedi, Evenepoel avait occupé pendant cinq jours la deuxième place du classement général. D’abord derrière Filippo Ganna. Le seul à l’avoir devancé dans le chrono d’ouverture. Un contre-la-montre qui a confirmé, après les troisièmes places de l’Euro et du Mondial et le succès au Tour de Valence, que le Belge est devenu, dans cet exercice, un des meilleurs spécialistes du monde. Ensuite, derrière Tadej Pogacar, lorsque le Slovène prit jeudi dernier les rênes du pouvoir à Bellante.
On ne saura jamais ce qui se serait produit vendredi, sans l’erreur de parcours dont les deux hommes et Jonas Vingegaard furent les victimes dans la finale de l’étape des murs. Dans les deux étapes au final de puncheurs, Remco Evenepoel s’est classé 4e et 9e (mais 5e des favoris), finissant à chaque fois sur les talons de Pogacar. Une double performance qui démontre qu’il ne manque peut-être pas tant que cela d’explosivité.
Pourtant, dans la très difficile étape de samedi (3 700 mètres de dénivelé), avec la double ascension du Monte Carpegna, un col de 6 km à 9,9 % mais un passage à 15 %, le Brabançon a lâché d’emblée. S’il s’est ensuite battu jusqu’au bout, finissant même très fort, il a perdu quatre minutes et a dégringolé à la 11e place du général, son classement final après la dernière étape gagnée au sprint par l’Allemand Phil Bauhaus à San Benedetto del Tronto.
"Ce Monte Carpegna est une montée spécifique", analyse le coureur de Quick Step - Alpha Vinyl, vingt-quatre heures après son échec. "C'est une petite route avec une descente dans un état très mauvais. Moi, j'avais les jambes lourdes, je savais que ce n'était pas mon jour. Au début, j'ai pu m'accrocher, puis j'ai été distancé. Il y avait 400, 500 mètres plus plats ensuite et j'ai pu rejoindre le groupe mais après, c'est redevenu plus pentu et j'ai coincé. À partir de ce moment, je suis monté à mon rythme."
Il y a donc un paradoxe à ce que Remco Evenepoel se soit bien comporté dans deux étapes qu'il pouvait craindre et que c'est dans celle dont le profil semblait a priori plus lui convenir qu'il a faibli. "Si je m'étais retrouvé samedi dans la forme que j'avais la veille, je ne dis pas que j'aurais pu suivre Pogacar, analyse-t-il. Mais j'aurais été sans doute dans le groupe derrière lui et certainement dans le suivant. Je n'aurais pas fini à quatre minutes. Je manquais de puissance, je poussais 30 ou 40 watts de moins que ce que j'aurai dû. Si cela avait été le cas, j'aurais terminé au moins deux minutes plus près."
Pour le coureur, il s'agit d'une grosse déception. "Je suis surpris de ce résultat, c'est vrai, admet-il. J'étais toujours en lice pour finir sur le podium, ce qui était mon objectif du départ et je dois reconnaître que j'étais déçu samedi soir. Jusqu'alors, je me sentais bien mais perdre quatre minutes sur une seule étape dans une course d'une semaine, ce n'est pas bon et j'espère que ça n'arrivera plus. Il faut rapidement tourner la page, on va devoir travailler, mais c'est un petit coup que je dois encaisser en vue des courses des prochaines semaines."
Qui seront le Tour du Pays basque (4 au 9 avril) où le coureur de Schepdaal mettra la dernière main à sa préparation en vue des classiques ardennaises, la Flèche wallonne (20 avril) et Liège-Bastogne-Liège (24 avril), en prélude desquelles on le trouvera au départ de la Flèche brabançonne (13 avril).
Un froid de canard
Quelles sont les raisons de cette défaillance surprenante ? L’étape reine s’est disputée dans un froid de canard. S’il a fait sec et beau toute la semaine, les coureurs ont eu à courir dans des températures inférieures aux moyennes saisonnières. Samedi, le thermomètre flirtait avec zéro degré au sommet du Carpegna et le ressenti était pire dans les descentes.
"Je ne sais pas, répond Remco. Je n'ai pas eu vraiment froid, j'ai toujours préféré des températures plus élevées mais dans la descente, je n'ai pas ressenti le besoin de devoir prendre des gants ou mettre une veste en plus. Ce n'est pas ça, je me sentais encore bien, je pouvais encore pousser des bonnes valeurs mais j'étais incapable de passer une certaine limite alors qu'il l'aurait fallu."
La fatigue alors, ce qui serait quand même inquiétant. "Je n'étais pas dans le jour que j'attendais samedi, redit le Belge. Ce fut une semaine dure. C'était encore une longue étape, la première partie a été difficile et ça a duré longtemps avant que l'échappée ne parte. Peut-être que c'est une explication. Car, dans la vallée, quand nous étions encore cinquante, soixante coureurs, je sentais déjà que je n'étais pas au mieux. Les jambes ne tournaient pas comme il fallait."
La supériorité de Pogacar
Son premier duel avec Tadej Pogacar dans une course à étapes n’a donc pas du tout tourné à l’avantage du Belge. Une constatation qui peut inquiéter car le Slovène, de seize mois seulement son aîné, va encore accompagner Evenepoel des années durant.
"C'était un test idéal et ce n'est pas ce que j'en espérais, reconnaît Remco Evenepoel. Pogacar était supérieur à tout le monde, c'est facile de dire qu'il était le plus fort. À ce niveau, il faut tout simplement être à 100 % pour pouvoir lutter, si vous êtes à 80 % seulement le jour le plus important, vous payez l'addition."
Il faut aussi reconnaître que l’équipe Quick-Step - Alpha Vinyl n’était pas, dans son ensemble, à son meilleur niveau. Notamment Julian Alpahilippe qu’on a déjà vu plus mordant par le passé sur la Course des Deux Mers. Samedi, après s’être lancé à l’attaque dans l’espoir de gagner l’étape, le double champion du monde, lâché par Quinn Simmons, puis débordé par le groupe Pogacar, a changé son fusil d’épaule pour épauler, pendant quelques minutes seulement, un Remco Evenepoel esseulé.
Seul point positif, l'ancien champion d'Europe du chrono s'est battu jusqu'au bout et il a même relativement bien terminé l'étape. "Je n'ai pas renoncé, admet-il. J'ai préféré essayer de limiter la casse. Ce qui est bizarre, c'est que j'ai monté plus vite le Monte Carpegna la deuxième fois que la première. J'ai sans doute eu un mauvais moment. C'est à espérer car j'aimerais gagner un jour une course comme celle-ci."
Le comble est même que le Brabançon, dont on pointe les lacunes de conduite, a réussi le meilleur temps de tous dans la descente vers l’arrivée où il a même repris 6 secondes à un Tadej Pogacar occupé à sécuriser son succès et à savourer sa (future) deuxième victoire dans Tirreno-Adriatico.