La santé des coureurs au coeur du débat dans le peloton: “C’est parfois beaucoup plus grave que ce que l’on croît”
Les coureurs, toujours marqué par le malaise de Sonny Colbrelli, se méfient des maladies et de leurs conséquences.
Publié le 24-03-2022 à 07h24
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Depuis lundi et l’effondrement de Sonny Colbrelli à l’arrivée de l’étape initiale du Tour de Catalogne, ça parle beaucoup de santé au sein du peloton. Et pas seulement en terres espagnoles où la Faculté continue à chercher l’origine du malaise cardiaque du champion d’Europe.
Le dernier vainqueur de Paris-Roubaix a beau prétendre vouloir revenir le plus vite possible à la compétition, l’heure est à la prudence au sein d’un milieu qui demeure dans sa bulle malgré la fin de la plupart des mesures sanitaires dans la société civile.
Cela ne l'empêche pas de payer un lourd tribut au Covid et à d'autres maladies respiratoires qui ont tenu de nombreux coureurs à l'écart ces derniers temps. Les médecins tiennent à leur rappeler la nécessité de faire attention à ne pas puiser dans leurs ressources quand le corps a été affaibli. "Après une infection ou une maladie, les coureurs doivent faire preuve de vigilance, estime Kries Van Der Mieren, le docteur de Belgian Cycling. Chaque infection peut engendrer un problème cardiaque. Ces dernières semaines, on voit régulièrement des sportifs souffrir du myocarde et du péricarde."
Tom Teulingkx, médecin du sport, va plus loin : "Le repos est essentiel, même chez les athlètes de haut niveau. Il n'y a pas que le corona qui impacte leur santé, mais aussi les bronchites, les grippes sévères ou encore les gastro-entérites. Vigilance et mise en garde sont les bases du message que nous voulons faire passer."
Certains l'ont bien compris. Jasper Stuyven ne regrette pas du tout d'avoir fait l'impasse sur Milan-Sanremo. "La Primavera tombait un rien trop tôt pour moi, dit celui qui s'y imposa en 2021. Avec du recul, je me dis que j'ai pris la décision la plus sage en déclarant forfait. J'ai pu récupérer calmement et, maintenant, je suis prêt pour le reste de la saison."
Le coureur de Trek-Segafredo ajoute que "l'on ne connaît pas les circonstances dans lesquelles Sonny a roulé à Paris-Nice. Mais on sait qu'il ne faut pas pousser son organisme à la limite quand on est fiévreux. Les deux dernières années nous ont montré qu'il vaut mieux prendre un jour de repos en plus que vouloir reprendre trop vite. Ce n'est pas toujours agréable mais rien ne vaut une bonne santé."
Iljo Keisse ne prend pas non plus le thème à la légère. "Je n'avais jamais vu autant de coureurs malades en même temps, glisse le vétéran de Quick-Step Alpha Vinyl. À Paris-Nice et à Tirreno-Adriatico, certaines équipes n'avaient plus qu'un seul membre en course. Je n'avais jamais vu ça."
Quant à savoir d'où provient cette vague de maladies, Keisse partage une hypothèse. "Peut-être que le port du masque durant de longs mois a un peu diminué nos défenses immunitaires. C'est possible. En tout cas, on ne doit vraiment pas rire avec ça. C'est parfois beaucoup plus grave que ce que l'on croit. Certains se sentent mieux et, puis, retombent malades. Peut-être est-ce parce que l'on n'en sait pas encore assez sur le Covid et ses conséquences ou sur les effets de la vaccination."
Gianni Moscon prend, lui aussi, le problème très au sérieux. "J'étais choqué quand j'ai appris le malaise de Sonny", dit l'Italien à Sporza. "Cela doit nous faire davantage réfléchir à la manière dont nous nous préoccupons de notre santé. On doit faire attention. Surtout ceux qui, comme moi, ont eu le Covid."
Si le cyclisme fut le premier sport à être parvenu à vivre avec la pandémie, il doit, désormais, apprendre à composer avec des organismes fragilisés.