Le parcours atypique de Biniam Girmay, vainqueur de Gand-Wevelgem : “J’ai compris chez les juniors que j’avais du potentiel”
Retour sur le parcours atypique de l’Érythréen Biniam Girmay.
Publié le 28-03-2022 à 15h38 - Mis à jour le 28-03-2022 à 17h07
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Avec son sens du placement, je suis curieux de voir Biniam sur des classiques flandriennes.”
Cette petite phrase lâchée par Jean-François Bourlart, en janvier, en Espagne, lors du stage de préparation de son équipe Intermarché-Wanty Gobert, a pris tout son sens ces derniers jours. Avec la cinquième place de Biniam Girmay vendredi à l’E3. Et bien évidemment avec sa victoire de prestige ce dimanche, sur les routes de Gand-Wevelgem, où il a succédé à Wout van Aert.
Âgé de 21 ans à peine (il fêtera son vingt-deuxième anniversaire ce samedi, chez lui, en Érythrée, avec sa famille à laquelle il est tant attaché), Biniam Girmay est une pure pépite. La formation wallonne avait eu le nez fin en le recrutant à la moitié de la saison, l’an passé, quand la modeste formation Delko Marseille était en proie à des difficultés financières.
Retour sur le parcours atypique du premier coureur africain vainqueur d’une classique. Un parcours qu’il nous avait détaillé lors de ce stage, en Espagne.
Biniam, comment avez-vous commencé le vélo ?
“Le cyclisme est un sport très populaire dans mon pays. C’est un peu comme en Belgique, il y a des courses chaque week-end ! Pour les jeunes, pour les séniors… J’ai commencé à 12 ans, par du VTT. Avant, je jouais au football. Mais j’avais la passion du vélo. Enfant, je regardais les grands Tours, qui sont retransmis à la télévision en Erythrée. On suit l’actualité du vélo ! Ce sport est plus populaire que le foot ou la course à pied. Mon pays est une ancienne colonie italienne. Les Italiens ont introduit le vélo en Erythrée. Depuis, il est vraiment devenu populaire. C’est un vrai moyen de locomotion. Je suis donc très motivé à l’idée de remporter une victoire d’étape sur le Giro cette année, pour mon premier Grand Tour. Ce serait un rêve.”
Quand avez-vous compris que vous aviez du talent sur le vélo ?
“Je pense que c’était chez les juniors. J’ai commencé à gagner beaucoup de courses. J’ai commencé alors à rêver sérieusement à devenir pro un jour. J’ai travaillé dur pour y arriver. Notamment mon explosivité, ma pointe de vitesse. J’ai aussi eu la chance d’intégrer le Centre Mondial du cyclisme, à Aigle, en Suisse. Cela a été une grande opportunité pour moi, pour découvrir les courses en Europe, pour montrer ma valeur sur des courses internationales (NdlR : il avait marqué les esprits en battant un certain Remco Evenepoel sur l’étape d’ouverture de la course de référence Aubel-Thimister-Stavelot). J’y ai beaucoup appris. Mais cela a aussi été une épreuve très dure, pour moi, de quitter ma famille, d’être seul dans un pays que je ne connaissais pas, dans une autre culture, où tout était différent, y compris la nourriture…”
Désormais, vous y êtes habitué, vous vivez à San Marin et vous êtes dans une équipe belge… pour vous, la Belgique, c’est quoi ?
“Le pays du vélo ! Et je suis très heureux d’avoir rejoint Intermarché-Wanty Gobert, une équipe belge, très familiale, qui me fait confiance. J’y apprends beaucoup. En 2021, en à peine deux mois, j’ai eu plus de 700 points UCI ! Je m’y sens bien : j’ai prolongé jusqu’à fin 2024; c’est un signe que je m’y plais.”
Quand vous terminez deuxième du championnat du monde à Louvain, chez les espoirs, vous aviez dit que vous adorez la Belgique, mais que vous ne pourriez pas y habiter à cause de la pluie…
“Oui (il rigole). Y habiter me semble difficile à cause de la météo. Le froid reste un solide challenge, pour moi. Pas quand c’est pour une ou deux journées en course, mais sur le long terme… San Marin me convient mieux. Je retourne aussi en saison en Erythrée (NdlR : il a décollé ce lundi et sera accueilli comme une star), pour être avec ma femme et ma petite fille. Les routes y sont bonnes. C’est aussi montagneux et je peux bien m’y entraîner.”