La course contre-la-montre a commencé pour Van Aert avant Roubaix : “Il est assez intelligent pour ne pas s’aligner s’il n’est pas à 100%”
Le Campinois sera-t-il au départ de l’Enfer du Nord ? Les avis médicaux sont partagés.
Publié le 05-04-2022 à 10h32
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/TJDUQ22Z4JGGDOGDIEN66X672I.jpg)
Wout Van Aert prendra-t-il le départ de Paris-Roubaix, le 17 avril prochain ? C’est déjà la question que tout le monde se pose à douze jours d’un monument reporté d’une semaine pour cause d’élections françaises.
"Le fait que la course n'ait pas lieu le week-end suivant le Tour des Flandres peut jouer en sa faveur. Il sera peut-être même au top de sa forme", espère-t-on parmi les fans du champion campinois. L'intéressé est-il en train de mener une course contre-la-montre afin d'être prêt pour l'Enfer du Nord ?
Selon Marc Van Ranst, le virologue célèbre au nord du pays, il ne faut se faire aucune illusion. Pour rappel, il s'est montré on ne peut plus clair sur son compte Twitter. "La chance qu'il dispute l'Enfer du Nord n'est pas de 50 %, mais bien de 0 %, assure le scientifique flamand. Après une infection au coronavirus, il est important de ne pas solliciter trop rapidement le corps et donc aussi le cœur. Van Aert gagnera un jour à Roubaix mais pas cette année…"
Les propos de Van Ranst n'engagent que lui. Yves Van Laethem, son confrère, se veut moins catégorique. "Cela dépend de plusieurs facteurs et, entre autres, des symptômes qui affectent le coureur aujourd'hui, nous explique le scientifique, touché lui-même en ce moment par le virus. S'il est couché dans son lit toute la journée avec de la fièvre, il est évident qu'il ne pourra pas être à son sommet dans moins de deux semaines. En revanche, s'il n'a que des inconvénients légers, je ne tirerais pas déjà un trait définitif sur sa participation à Paris-Roubaix. Cela dit, il est certain qu'il faut se montrer très prudent. Il arrive, dans certains cas, que la personne infectée souffre temporairement de myocardite, une inflammation du muscle cardiaque. On a constaté, de manière générale, qu'il y a cinq à dix fois plus de cas de myocardites dans le monde occidental depuis le début de la pandémie."
Électrocardiogramme, scanner et test à l’effort
Dans le peloton, on prend le problème très au sérieux.
"Tim Declercq a eu des problèmes cardiaques. On n'est pas certain que c'est une conséquence du coronavirus mais, pour le même prix, sa carrière était terminée, dit Patrick Lefevere, le manager de Quick-Step Alpha Vinyl. Chez nous, un coureur qui a le Covid est immédiatement mis sur la liste des cyclistes non actifs, même s'il ne présente aucun symptôme. Et avant qu'il puisse remonter sur le vélo, nous le soumettons à une série de tests."
Cela passe, au minimum, par un scanner du cœur, un électrocardiogramme et un test à l’effort très poussé.
Oliver Naesen estime, lui, que le rôle des médecins d'équipes est capital. "Ils doivent protéger la santé des coureurs. Si tu laisses un sportif décider, il risque de précipiter son retour."
Vu le contexte actuel et l'effondrement de Sonny Colbrelli à l'arrivée de la première étape du Tour de Catalogne, le climat est un peu anxiogène. "Il y a dix ans, certains se seraient montrés imprudents. Maintenant, toutes les équipes médicales prennent des précautions maximales avant de remettre un coureur à l'entraînement. On contrôle sa fréquence cardiaque, glisse Jan Mathieu, docteur pour Baloise Trek, la formation de cyclo-cross. Si les examens médicaux ne détectent aucune anomalie au cœur et que Van Aert n'a plus le moindre symptôme du Covid depuis quelques jours, il pourrait remonter sur son vélo en fin de semaine. Dans ce cas, pourquoi ne prendrait-il pas part à Paris-Roubaix ? Maintenant, on peut aussi décider de le laisser une semaine de plus au repos. De toute façon, Wout est assez intelligent pour ne pas s'aligner sur ce monument s'il ne se sent pas à 100 % de ses capacités physiques. Il ne voudra pas hypothéquer le reste de sa saison."
Notre interlocuteur ajoute : "C'est une mauvaise période pour les cyclistes. Parce qu'ils ne doivent pas seulement se protéger du coronavirus, mais aussi des grippes et autres infections respiratoires. Le port du masque pendant deux ans a un peu diminué leurs défenses immunitaires."
Joost De Maeseneer, le médecin en chef d’Intermarché Wanty Gobert, refuse également de se montrer aussi radical que Marc Van Ranst.
"Pour moi, c'est possible que Van Aert gagne Paris-Roubaix, ose-t-il même. Son équipe ne prendra, de toute façon, pas le moindre risque. S'il est au départ, c'est qu'il est à 100 % et je ne l'exclus pas. Tout dépend de son état actuel. Au sein de notre formation, certains n'ont été sur la touche que trois, quatre jours."
L’avenir immédiat de Wout Van Aert n’a pas fini de faire parler.