Evenepoel: "Gagner une course de trois semaines est le plus difficile"
En 2022, Remco Evenepoel a montré sa capacité à gagner sur tous les tableaux.
Publié le 14-10-2022 à 08h37
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/UF54TQHK4ZGSDETJAIB53DIHFE.jpg)
Courir plusieurs lièvres à la fois est un art dont certains se délectent. Tadej Pogacar fut sans doute le plus précoce à en maîtriser tous les contours. En 2021, le Slovène s’était, en effet, offert le luxe de remporter deux monuments (Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie) tout en s’adjugeant la Grande Boucle. Cette année, Remco Evenepoel a aussi donné libre cours à sa gloutonnerie.
Faut-il le rappeler ? Il a écrasé de sa faim de loup la Doyenne, la Clasica San Sebastian et le championnat du monde. Il a ajouté à cela le Tour d’Espagne, montrant qu’il est un talent protéiforme capable de dominer la concurrence dans différents types de course. Avant de s’envoler ce vendredi après-midi pour les Maldives, le jeune Brabançon s’est essayé à comparer ses succès de 2022. Avec une belle réussite.
Parmi toutes vos victoires en 2022, laquelle fut la plus étonnante ?
"D’abord, il y a eu Liège-Bastogne-Liège. Je prends le départ de la course alors que je sors d’une période compliquée avec, notamment, un tour du Pays basque où j’ai été bousculé. Mais le matin de la Doyenne, je me sentais assez calme. J’avais confiance en moi et quand j’ai attaqué, j’ai tout de suite cru en mes chances de succès. La Vuelta, c’est différent. Officiellement, nous parlions de top 10, alors qu’au sein de l’équipe, nous évoquions une place dans le top 5 final. Mais je n’étais sûr de rien. Au final, je me suis imposé avec des équipiers qui ont vraiment répondu présent. C’est sans doute ce Tour d’Espagne qui fut mon accomplissement le plus étonnant."
Quel succès est le plus difficile à conquérir pour vous : un Tour d’Espagne après trois semaines de lutte ou un championnat du monde sans oreillette ?
"Sans aucun doute, c’est gagner une épreuve de trois semaines. Elle est plus difficile à conquérir. Cela demande une concentration optimale pendant vingt-et-un jours. Il ne faut pas seulement être là physiquement, mais mentalement aussi. C’est nettement plus usant. Il faut faire attention aux chutes, être vigilant lors des sprints massifs. Bref, il y a un tas de paramètres extérieurs à essayer de gérer. Tu dois être sur tes gardes durant quatre à cinq heures et, ça, pendant trois semaines. Quand tu entames la dernière, tu sens poindre la fatigue partout, dans les jambes comme dans la tête. Pourtant, tu dois tenir bon. Dans une course d’un jour, tu sais que tu peux te vider complètement et tout donner parce qu’après la ligne d’arrivée, il n’y a plus rien. Cela demande moins d’investissement mental."
Savez-vous quel trophée belge ne peut être décerné qu’une seule fois à un sportif ?
"Bien sûr, c’est le Trophée national du Mérite sportif. Ce serait génial de l’avoir cette année. Je pense que je peux y prétendre. En tout cas, il tomberait bien car il refléterait très bien une année presque parfaite pour moi. Hormis Tirreno-Adriatico et le Tour de Suisse, cette saison fut formidable."
Après de tels résultats, il risque d’y avoir encore plus de pression sur vos épaules l’année prochaine…
"J’en suis conscient. Après mes vacances, je me remettrai calmement au boulot, en construisant mon édifice pièce après pièce, sans paniquer. Il n’y a d’ailleurs aucune raison de le faire. Mais je vais d’abord me reposer parce que ces quatre, cinq derniers mois ont été très éprouvants. Je n’ai passé que cinq ou six jours à la maison durant cette période. C’est vraiment peu."