Le Cauberg a fait la fête à Philippe Gilbert
Récit d’une journée au cours de laquelle le champion wallon est descendu du vélo pour de bon.
Publié le 16-10-2022 à 19h31
"Je n’ai jamais vu autant de monde pour une kermesse de 35 kilomètres."
Certes, mais ce samedi à Valkenburg, ce n’était pas une kermesse comme les autres. C’est en effet ce petit coin des Pays-Bas que Philippe Gilbert avait choisi pour son jubilé. Une semaine après avoir mis un terme à sa carrière à Paris-Tours, il a convié ses fans à une journée festive. Au Cauberg, où il a gagné quatre fois l’Amstel Gold Race et où il devint champion du monde il y a dix ans, le champion belge a été mis à l’honneur comme on célèbrerait une véritable star internationale.
Les festivités avaient commencé dès midi. Dans la brasserie "De Zoete Zoen", où ça respire le vélo, il présenta son livre, "Ma vie, mon histoire", écrit par notre confrère du Soir Stéphane Thirion. Dehors, au sommet de la célèbre montée, la fête battait son plein dans une ambiance de feu.
Cela sentait les frites et les hamburgers. Philippe Gilbert, lui, signait les livres avec le professionnalisme qu'on lui connaît. Les 700 exemplaires se vendaient comme des petits pains. Bien sûr, l'éditeur s'en frottait les mains. "Je ne savais pas que Philippe était si populaire", glissera-t-il, un brin naïf.
Le temps d’aller se changer, d’enfiler son maillot pour la toute dernière fois et le Remoucastrien fut appelé sur le podium de présentation. Les 29 autres coureurs ou anciens coureurs qu’il avait invités à prendre part au critérium d’au revoir n’avaient d’yeux que pour le héros du jour. Parmi eux, Arnaud De Lie n’était pas le moins enthousiaste. Le sprinter ardennais n’avait cessé de prendre des photos pour ne rien perdre de la fête. "Parce qu’aujourd’hui, ce n’est que ça : la fête", sourira Jeannot, le papa de Philippe Gilbert.
À 15h20, le petit peloton s’élança dans le sillage de Léo Van Vliet, le patron, ravi, de l’Amstel. Comme s’il fallait montrer encore une fois au Phil à quel point le vélo peut être difficile, il se mit à tomber des cordes. Les cyclotouristes, qui avaient avalé 65 bornes dans la matinée, avaient été plus chanceux car ils avaient eu droit à un franc soleil.
Les invités de Philippe Gilbert, "triés sur le volet parmi des milliers de personnes avec qui j'ai collaboré durant ma carrière", avaient, eux, trouvé un toit pour se réfugier. Ils sortirent de leur cachette quand le héros du jour monta sur le podium une ultime fois. Dans un geste symbolique, il accrocha son vélo au clou. Cette fois, c'était bel et bien fini. Il était temps pour lui de lancer la fête pour tous ses supporters. Sur une place où cela sentait de plus en plus le houblon, ils se déchaînèrent des heures durant au son de la musique techno. Accompagnés de quelques amis, de managers d'équipes et autres proches, sa femme Betty et lui prirent, alors, le chemin d'un restaurant voisin pour tirer un trait définitif sur vingt ans de vélo. "Il est temps de passer à autre chose", dira Gilbert.