Philippe Gilbert dit au revoir au vélo : "J’ai la conscience tranquille"
Philippe Gilbert a tourné le bouton. Non sans revenir une dernière fois sur sa carrière.
Publié le 17-10-2022 à 12h12 - Mis à jour le 17-10-2022 à 12h14
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Cela fut une journée marathon. Il a tenu à la gérer avec professionnalisme.
Comme d’habitude. Entre les autographes, les selfies et toutes les autres sollicitations, Philippe Gilbert n’a pas eu une minute à lui ce samedi. Au sommet du Cauberg, où il s’est adjugé quatre fois l’Amstel Gold Race (2010, 11, 14 et 17) et le championnat du monde 2012, il a tourné la page. Avec émotion et fierté.
Dans quel état d’esprit avez-vous abordé cette journée particulière ?
"Avec soulagement après une année très chargée. Entre les courses, les sollicitations, le documentaire, le livre et le mariage, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour moi. Maintenant, je vais enfin pouvoir me poser un peu et passer à autre chose."
Vous n’avez jamais remis en question votre décision d’arrêter ?
"Non. Il y a un temps pour tout. Et l’heure de laisser ma place est arrivée. J’ai accompli tant de choses pendant vingt ans que je pars en toute sérénité, l’esprit léger."
Vous venez de présenter un livre : Ma vie, mon histoire. Quel était le but de cet ouvrage ?
"L’auteur, Stéphane Thirion, et moi avons mis nos souvenirs en commun pour revenir sur des moments forts de ma carrière. C’était un très chouette exercice. L’objectif de ce livre est de montrer que, pour autant que tu aies du talent, tu peux finir par tracer ton chemin en vélo. En cyclisme, il n’y a pas besoin de venir d’une famille riche pour percer. Ce n’est pas comme en Formule 1, par exemple. Je suis l’exemple qu’avec de la volonté et de la persévérance, on peut y arriver."
Cette fois, votre carrière est bel et bien terminée.
"Oui, c’est la fin de la première partie de ma vie. Une très grande partie, c’est vrai, mais j’ai hâte de découvrir la suite."
Si vous ne deviez retenir qu’une seule de vos 80 victoires pros, laquelle choisiriez-vous ?
"Je retiendrais ma première victoire (NdlR : au Tour de l’Avenir). Parce qu’elle constituait la matérialisation d’un rêve et le début de quelque chose de beaucoup plus grand."
Quel aura été le meilleur coureur de votre génération ?
"Difficile à dire, vraiment. Ce qui est certain, c’est que nous avons assuré pas mal de spectacle, je pense. Dans une génération très riche, je suis parvenu à atteindre plein de buts différents, à m’imposer sur les terrains les plus divers. C’est une immense fierté."
Justement, de quoi êtes-vous le plus fier sur l’ensemble de votre carrière ?
"D’avoir pu faire toute ma carrière sans ne jamais avoir d’histoire. Je sais qu’on ne viendra pas à frapper à ma porte pour de mauvaises raisons. J’ai la conscience tranquille. Cela se termine d’une très belle manière."
Qu’est-ce qui vous manquera le plus de la vie du coureur et qu’est-ce qui ne vous manquera vraiment pas ?
"Je serai sans doute en manque des sensations fortes que peut procurer le cyclisme. Cette sensation d’aller très vite, d’être à la limite… C’est très grisant. En revanche, je serai content de ne plus devoir loger dans des mauvais hôtels, de ne pas toujours manger comme je l’aurais voulu."
Nourrissez-vous des regrets ?
"J’en ai un. Il remonte aux championnats de Belgique de Louvain (NdlR : Stijn Devolder s’était imposé). J’avais les jambes pour gagner mais j’ai dû me contenter de la deuxième place parce que j’ai mal roulé."
Pourquoi tout le monde aime Philippe Gilbert ?
"Je n’en sais rien, mais c’est vrai que j’ai une certaine popularité. Cela me surprend parce que je n’ai pas beaucoup de suiveurs sur les réseaux sociaux. (Il rit)"
"Il a achevé sa carrière en très bonne santé"

Jeannot, le papa de Philippe Gilbert, n’a rien manqué des festivités.
Bien sûr, ils n’ont rien loupé des festivités. Mais, comme ils en avaient pris l’habitude au fil des vingt années de carrière de leur fiston, Anita et Jeannot ont sorti le bleu de travail pour l’occasion. C’est qu’au sommet du Cauberg, le fan-club du Remoucastrien vendait toutes sortes d’objets à l’effigie du champion.
Jeannot, un large sourire aux lèvres, a quand même pris quelques instants pour partager son bonheur et sa fierté. "Certains m'ont demandé pourquoi nous n'avions pas organisé cela à Remouchamps, mais nous n'en avions pas les moyens. C'est simple, expliqua-t-il. Et puis, comme nous ne sommes pas les organisateurs, cela nous permet d'être plus tranquilles et de profiter de la grosse fête. Une semaine plus tôt, nous étions un peu frustrés de ne pas avoir pu assister à Paris-Tours parce que nous organisions notre traditionnelle course de jeunes. Alors, on se rattrape ici."
Et de préciser son sentiment au moment où son fils accrochait son vélo au clou : "Il nous a fait une telle carrière, il nous a procuré tellement de plaisir que je ne peux que le remercier. Mais le plus important, à mes yeux, c'est que tout se termine bien. Phil a achevé sa carrière en très bonne santé."