Standard - Anderlecht: le match arrêté le plus prévisible de la saison
Arrêté au bout de 64 minutes, le Clasico se finira encore devant les comités disciplinaires.
Publié le 24-10-2022 à 07h57
Cela avait commencé par un feu d’artifice, cela s’est terminé dans le désordre, par la faute de quelques incorrigibles énergumènes qui ont le pouvoir d’arrêter un match quand cela leur chante, qu’ils veulent un changement à la tête du staff, ou du club, ou des deux, au choix.
Le pire, dans l’affaire, c’est que c’était attendu… Comme le 12 avril 2019, les supporters d’Anderlecht ont eu raison de la passion et de la ferveur d’un stade. Ils avaient attendu la 29e minute, il y a un peu plus de trois ans. Ils ont su se tenir un peu plus d’une mi-temps, puisque leur équipe avait ouvert la marque, bien tenu pendant dix minutes, avant de craquer.
Les premiers fumigènes ont été craqués, finalement, au bout de 57 minutes. Ils ont été balancés sur le terrain, en même temps que quelques sièges. Le match a été interrompu quelques secondes après le troisième but du Standard, marqué par Zinckernagel, de la tête, à la réception d’un centre de Balikwisha.
Face à ce spectacle désolant, M. Van Driessche n’avait d’autre choix que de renvoyer les joueurs aux vestiaires. Dans un premier temps, quelques Anderlechtois ont voulu rester sur la pelouse, et cette image de Jan Vertonghen, au milieu du terrain, pensif, était le résumé d’une situation que le Diable rouge n’a pas imaginée quand il a débarqué à Anderlecht.
Pendant les douze minutes d'arrêt, les supporters du Standard, qui avaient tiré un feu d'artifice, depuis les tribunes, juste avant le coup d'envoi, puis de l'extérieur du stade, pour la reprise, avaient su occuper le temps, en chantant, en charriant Felice Mazzù sur le thème "Allez Mazzù, chante avec nous".
Quand les joueurs sont revenus sur la pelouse, la question était de savoir combien de temps cela allait durer. Sept minutes. Seul l’arrêt du match était l’option à retenir. M. Van Driessche a attendu, un peu, et, comme un symbole, c’est quand un fumigène mauve a atterri sur la pelouse que le match a été arrêté.
C'en était fini du Clasico, en moins de 70 minutes. Sclessin faisait la fête à ses joueurs, Dragus était rappelé à l'ordre par Bodart pour avoir chambré les supporters mauves, et la tension montait encore d'un cran quand Esposito voulait régler ses comptes avec Dragus. "Arnaud a fait la bonne chose, on ne doit pas provoquer", disait Marlon Fossey. Le gardien et le médian offensif sont quand même repartis bras dessus bras dessous.
Tout était finalement rentré dans l’ordre sur la pelouse, pour mieux déborder, encore, à l’extérieur du stade.
Des supporters d’Anderlecht, attendant le retour à Bruxelles, ont balancé ce qu’il leur restait de fumigènes, et de verres, vers les supporters du Standard. La situation était à nouveau explosive, au point que la police a dû intervenir et faire évacuer, à coups de gaz lacrymogènes.
Ce n’était pas encore fini, puisque quelques fans liégeois, cagoulés, voulaient encore forcer le passage, et balançaient des fumigènes et des feux d’artifice.
Cela faisait remonter la tension, et quelques blessés étaient signalés, au point d’être évacués dans la zone mixte réservée aux interviews avec les joueurs. Un car de supporters d’Anderlecht a également été endommagé.
Quelques minutes avant ces incidents, Ronny Deila avait donné sa conférence de presse et regretté que le match soit arrêté. "C'est la première fois que je vis ça. C'est un manque de respect pour le jeu. J'imagine bien que c'est difficile pour tout le monde, à Anderlecht, mais il faut respecter les règles, et le jeu."
Lors de son briefing, l'entraîneur norvégien avait toutefois anticipé le scénario, comme le précisait William Balikwisha : "Le coach nous l'avait dit avant le match et, à la mi-temps, il nous a redit que si on en mettait encore un (but), c'était fini. On a vu cet arrêt venir. S'ils étaient menés de deux buts, on savait qu'ils allaient saboter et arrêter le match. Ils ont fait ce qu'ils avaient prévu."
Anderlecht s’expose au huis clos
La suite de ce Clasico aura lieu devant les juridictions de l’Union belge dans les prochaines semaines. Dans un premier temps, Anderlecht va recevoir une amende de 25 000 €, de la Pro League, pour l’interruption du match. Une deuxième amende, de 50 000 €, sera également infligée pour l’arrêt.
Ensuite, le club bruxellois sera convoqué devant le comité de discipline, à une date restant à déterminer puisque le dossier n’est pas à traiter dans l’urgence. Le parquet sera saisi du dossier, et devrait requérir, au moins, un match à huis clos, ainsi qu’un score de forfait. Le score pourrait toutefois être maintenu en l’état (3-1), ce qui aurait pour conséquence de conserver les buts et les cartons.
Anderlecht, lui, aura l’occasion de se défendre, mais il devra composer avec son passif. Après le Standard - Anderlecht de 2019, le club bruxellois, au bout d’appels et recours, avait été sanctionné, par la commission belge d’arbitrage du sport, d’un huis clos avec sursis, de trois ans. La sanction avait été prononcée en juillet 2019. Anderlecht n’est donc plus sous le coup d’un sursis. Mais il aura du mal à échapper à une sanction sévère.