Vuelta 2023: “Le poids actuel de Remco Evenepoel est idéal”
Depuis qu’il a gagné le chrono mondial, le champion du monde de l’exercice a perdu entre 500 grammes et un kilo. Et il restera à ce poids jusqu’à la fin de la Vuelta. Sa diététicienne explique comment.
- Publié le 30-08-2023 à 12h14
- Mis à jour le 30-08-2023 à 12h24
:focal(1657x1113:1667x1103)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/727DSMLH6JHSHHDSCNJ4VNFGVI.jpg)
On ne vous étonnera évidemment pas en vous disant que le poids est une donnée primordiale chez le cycliste. Donc, pour Remco Evenepoel. Et selon ses objectifs, celui-ci peut varier de 1 à 2 kilos. On se souvient de ses traits tirés au Giro 2021, qui marquait son retour à la compétition après sa fracture du bassin suite à sa terrible chute au Tour de Lombardie. “En fait, j’étais trop maigre par rapport à ma morphologie, expliqua-t-il quelque temps plus tard. Du coup, il m’arrivait d’être frigorifié et de manquer de force.”
À l’époque, le Brabançon était descendu à 59 kilos. Avec son staff, il pensait qu’il lui fallait être très maigre pour pouvoir enchaîner les cols dans la Botte. “Mais on avait fait pire que mieux, parce que Remco ne pouvait plus s’appuyer sur sa puissance naturelle”, se remémore Klaas Lodewyck, son directeur technique. L’année passée, il débuta la Vuelta avec deux kilos de plus que un an et demi plus tôt. “Parce qu’il y a un long chrono en plein milieu. J’ai donc besoin de pouvoir pousser beaucoup de watts”, avait-il expliqué.
Un petit kilo de moins qu’à Glasgow

À l’automne dernier, les spécialistes qui entourent le champion du monde 2022 estimaient qu’il avait besoin d’un poids minimum – c’est-à-dire pas trop bas – pour exprimer sa puissance et avoir le coffre pour tenir le coup en troisième semaine. On sait que ceci fut une réussite totale.
Et cette année ? “La donne était encore un peu différente car l’objectif de Remco était d’être au sommet de sa forme pour le championnat du monde de chrono (NdlR : qu’il a gagné), poursuit Lodewyck. N’oublions pas que sans son abandon au Tour d’Italie, il n’aurait pas pris part à la Vuelta.”
Remco est un très bon élève.
Après le contre-la-montre de Glasgow, Remco Evenepoel a, donc, dû perdre un peu de poids pour être compétitif dès le départ du tour espagnol. “Honnêtement, il ne devait pas se délester de grand-chose : 500 grammes ou un kilo, maximum, précise Maaike Polspoel, sa diététicienne. Pour y parvenir, c’est simple : il a dû ingurgiter un peu moins de calories quotidiennes que ce qu’il fait d’habitude.” On parle de 4 500 calories, alors qu’il en ingurgite entre 5 500 et 7 000 par jour selon le profil et les exigences de l’étape. “C’est une question de détails, on joue vraiment sur des grammes. Mais pour Remco, ça n’a pas été un problème. Suivre un régime strict est évident pour lui. On a l’impression qu’il ne voit pas ça comme un sacrifice. C’est un très bon élève.”
Son sprint victorieux à Arinsal prouve qu’on est dans le bon, puisqu’il a pu exprimer toute sa force.
La difficulté est de s’assurer qu’il ne perd pas de puissance, même s’il est un peu plus léger. “Son sprint victorieux à Arinsal prouve qu’on est dans le bon, puisqu’il a pu exprimer toute sa force.” À ceux qui se demandent si cette focalisation sur la puissance du coureur peut avoir un impact négatif en haute montagne, elle répond par la négative. “Pas du tout. Si on assure bien l’équilibre entre sa force, ses masses musculaire et graisseuse, ainsi que ses facultés de récupération, Remco peut exprimer la plénitude de son immense potentiel.”
Et il n’est pas question qu’il perde encore quelques grammes de manière forcée d’ici à l’arrivée à Madrid, le 17 septembre. “Il faut qu’il reste à son poids actuel. Parce qu’il est idéal pour bien récupérer. Un coureur qui ne mange pas à sa faim parce qu’il veut maigrir n’aura pas une récupération optimale après l’effort. Donc, c’est dangereux de lui faire perdre du poids pendant un tour de trois semaines.”
120 grammes de sucre par heure
Puissance, récupération et énergie sont les clés du succès du chef de file de Soudal Quick-Step. “Or pour avoir de l’énergie durant toute la course, le coureur doit consommer du sucre avant, mais aussi, pendant l’étape.” Et plus aujourd’hui que dans le passé. “Il y a cinq ans, on partait du principe qu’un cycliste devait manger 90 grammes de sucre par heure de course. L’année passée, on a remarqué que ce n’était pas forcément suffisant. Aujourd’hui, un gars comme Remco en prend 120 grammes de glucides par heure, sous forme de boisson énergétique, des gels, des cakes, des tartelettes…”
Et même si le sucre appelle le sucre, ce n’est pas un souci pour le cycliste, dont l’organisme réagit de manière bien précise. “Le sucre vient s’ajouter aux glucides et aux protéines nécessaires. Si on a estimé qu’il devait en augmenter sa consommation durant l’étape, c’est parce que le cycliste peut utiliser le sucre qu’il a dans le muscle. Mais ses bénéfices sont limités dans le temps. Je dirais qu’il fait de l’effet durant 1,5 heure. Après, il faut aller chercher le sucre qu’il y a dans le sang. C’est le meilleur moyen d’utiliser l’énergie de manière optimale.”
Au vu de l’exceptionnel niveau qu’il affiche depuis deux ans, cette formule est bien la bonne pour le champion de Belgique.