Axel Merckx attend encore une chose à la Vuelta : “Sur l’Angliru, Remco doit défier Vingegaard, Roglic et Ayuso”
Pour Axel Merckx, l’étape de mercredi est très importante pour Remco Evenepoel en fonction du prochain Tour de France.
- Publié le 12-09-2023 à 08h46
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Occupé à régler les derniers détails pour boucler son budget, acquérir le meilleur matériel possible et engager un dernier coureur pour son équipe continentale, Axel Merckx suit malgré tout la Vuelta dont, à six jours de l’arrivée à Madrid, il dresse un premier bilan.
Le moins qu’on puisse dire est que l’on a eu des émotions depuis le départ à Barcelone.
”C’est une Vuelta riche en événements, dans un sens comme dans l’autre. C’est la Vuelta des Jumbo. On avait espéré que Remco Evenepoel joue la gagne, malheureusement, il a eu sa défaillance ou plutôt sa journée sans.”
On imagine que vous non plus vous n’avez pas d’explication à cette contre-performance.
”Ce n’est certainement pas physique. Dans un grand tour, si après une étape vous êtes mort vidé, c’est inimaginable que le lendemain, vous fassiez la performance que Remco a réalisée samedi. Il a vraiment dominé l’étape suivante. Et même le dimanche, il était à nouveau intenable.”
Donc, c’est grave ?
”Il va falloir que Soudal Quick-Step découvre et comprenne comment et pourquoi c’est arrivé. Ce qui n’a pas fonctionné dans cette étape du Tourmalet. C’est malheureusement survenu dans l’étape qui était sans doute la plus importante de la Vuelta. Ça fait partie de l’expérience et du développement d’un coureur. C’est peut-être aussi bénéfique pour le développement de l’équipe, des directeurs sportifs, de l’encadrement, pour la gestion d’un grand tour…”
Mais, peut-on ou doit-on tirer des conclusions ?
”Non. C’est trop tôt. Sa réaction après ce qui est arrivé nous oblige à patienter. La Vuelta n’est pas le Giro et le Giro n’est pas le Tour. Tant que Remco n’aura pas couru le Tour, on ne pourra rien dire. Il peut gagner un grand tour, il l’a démontré l’an passé. Peut-il remporter le Tour ? On ne le saura que lorsqu’il l’aura couru une ou plusieurs fois. Seul compte le Tour qui est plus qu’un grand tour. Cette Vuelta était une préparation pour le Tour de l’an prochain.”
"Roglic et Vingegaard doivent se dire qu’ils ont chacun l’opportunité très rare de remporter deux grands tours la même année."
Si vous le dirigiez, que lui diriez-vous pour les six étapes qui restent ?
”Pour lui, pour sa confiance et le futur, ce serait intéressant de voir comment il va se comporter mercredi dans l’étape de l’Angliru. Avec celle du Tourmalet, c’était la plus importante de cette édition. Va-t-il rebondir dans une étape de cette importance ? Il s’est imposé de manière magnifique samedi, mais battre Kuss, Roglic, Vingegaard et les autres sur l’Angliru aurait une autre signification.”
Donc, il ne doit pas s’échapper à cent kilomètres de l’arrivée ?
”Non, il doit arriver avec eux au pied et les défier et se battre face à face avec eux. Cela aurait plus de valeur en vue du Tour. Il vaut même mieux qu’il finisse 3e comme ça que de gagner en devançant des gars qui sont 20 ou 50e au classement actuel. Ce sont des coureurs avec lesquels il ne sera pas en concurrence au Tour de l’an prochain, au contraire de Vingegaard, Roglic ou Ayuso. Remco est dans cette catégorie, celle des grands prétendants, des champions.”
Une catégorie dans laquelle vous classez Sepp Kuss aussi ?
”Quand Kuss se met sur le côté au Tour, il ne reste pas vingt coureurs dans sa roue, mais quatre ou cinq, au maximum. Je veux vraiment saluer sa performance. Son maillot rouge n’est pas une surprise pour moi. Ce qu’il l’est, c’est qu’il soit là alors qu’il arrive à la fin de son troisième grand tour en 2023. On parle de saisons chargées mais Kuss a déjà disputé deux grands tours. Pas en touriste, mais en travaillant pour ses leaders, et le voilà encore en position de gagner. Il a été une pièce maîtresse dans la tactique de Jumbo pour que Roglic gagne le Giro puis Vingegaard le Tour. S’il ne tombe pas dans l’étape des Vosges, il aurait déjà obtenu un top 10 à Paris. L’Américain est de nouveau là, pour lui-même cette fois. Un peu malgré lui, mais il est toujours là. Dans une Vuelta très montagneuse alors qu’il est un des dix, voire des cinq meilleurs grimpeurs de tout le peloton mondial.”
Peut-il encore perdre la Vuelta ?
”Cette dernière semaine va être intéressante. Les Jumbo s’entendent très bien, ils sont très contents de monter à trois sur le podium. Pourtant, au fond d’eux-mêmes, Roglic et Vingegaard doivent se dire qu’ils ont chacun, alors qu’ils sont un peu coincés, l’opportunité très rare de remporter deux grands tours la même année (NdlR : c’est arrivé 18 fois, mais à peine à deux reprises ces derniers 25 ans). Ni l’un ni l’autre ne va attaquer Sepp Kuss, après ce qu’il a fait pour eux, pendant des années, mais, si l’Américain montre des faiblesses ou est en difficulté, sait-on jamais…”
