Raymond Goethals est mort
Raymond Goethals est mort ce lundi à l'âge de 83 ans. Il laisse derrière lui un palmarès inégalé en Belgique, comme entraîneur d'un sport collectif, en tête duquel figure le titre de champion d'Europe des clubs de football offert à l'Olympique de Marseille.
Publié le 05-12-2004 à 00h00
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Raymond Goethals est mort ce lundi à l'âge de 83 ans. Il laisse derrière lui un palmarès inégalé en Belgique, comme entraîneur d'un sport collectif, en tête duquel figure le titre de champion d'Europe des clubs de football offert à l'Olympique de Marseille - et au football français qui attendait cela depuis 38 ans - le 26 mai 1993 au Stade Olympique de Munich, au grand dam de Silvio Berlusconi, dont l'AC Milan s'inclina 1-0; devant l'inoubliable démonstration contre l'Austria de Vienne, 4-0, avec Anderlecht, le 3 mai 1978 au Parc des Princes, en finale de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupes.
Champion de Belgique avec le Standard en 1982 et 1983, et triple champion de France avec Marseille (1991, 1992, 1993), entraîneur à succès de l'équipe nationale (qualifications pour Mexico'70 et 3ème de l'Euro'72), le «magicien » Raymond Goethals a cependant peut-être surtout été le chef de file incontesté de la profession en Belgique, pour l'ensemble de son oeuvre. Il a en effet réussi partout où il a posé son long manteau de cuir ou de tissu style inspecteur Colombo: en terre liégeoise (Hannut, Waremme, Standard), bruxelloise (Anderlecht, équipe nationale, Racing Jet), ou limbourgeoise (Saint-Trond). En Gironde (Bordeaux), dans les Bouches du Rhône (OM) ou au Portugal (Vitoria Guimaraes). Partout, et même au Brésil, où le FC Sao Paulo a remporté le championnat régional sans perdre un seul de ses 19 matches sous l'autorité d'un staff où figurait en bonne place le Bruxellois tout droit sorti d'une pièce de Toone.
Le «Trap » et Enzo Scifo abandonnés
Difficile d'ailleurs de classer les exploits du «sorcier », qui mena Saint-Trond au titre de vice-champion de Belgique (1966), et le Racing Jet de son ami Jean Martin, bien à l'abri de la zone dangereuse en D1, où il faisait pourtant figure d'oiseau pour le chat à l'entame du championnat 86-87. Ce qui à la réflexion, était peut-être plus difficile, que les succès qui ont fait sa réputation mondiale. On trouve quoi qu'il en soit la même compétence, la même passion, à l'origine de toutes ces réussites exceptionnelles.
Le gardien de but de niveau «acceptable », comme il le disait lui même, le meilleur entraîneur belge de tous les temps, le joueur de belote fumeur invétéré de Belga, n'a cependant pas échappé à la critique, ni même au fisc et aux tribunaux de l'Union Belge.
On lui reprochait notamment un certain «conservatisme », et, surtout, de ne pas faire confiance aux jeunes. Il aimait effectivement s'appuyer sur les valeurs sûres et leur expérience. Mais il n'avait pas hésité à se passer de Jean Nicolay, gardien mythique du Standard, au profit de Christian Piot, sa jeune doublure à Sclessin. Il est vrai qu'un an plus tôt, le 11 décembre 1968, il avait carrément confié un poste-clé à Pierre Hanon, réserviste à Anderlecht, où on estimait qu'il avait fait son temps, lors d'un déplacement capital à Madrid. Et tout se passa comme il l'avait prévu, 1-1, malgré l'exclusion de... "Poepke " Hanon!
A son passif, on rappellerait plutôt qu'il a injustement fermé les portes de l'équipe nationale à Jean Trappeniers pour des raisons extra-sportives; et qu'Enzo Scifo, en disgrâce aux Girondins de Bordeaux, n'a guère pu pu compter sur son appui pour remonter la pente.
Et il y eut évidemment les affaires «Bellemans » et «Standard-Waterschei », voire «VA-OM », même s'il ne fut jamais inquiété dans cette dernière, qui constituent un chapitre moins glorieux de sa carrière.
Elles n'enlèvent cependant rien au titre justifié de meilleur entraîneur belge qu'il a définitivement emmené avec lui, là où il se trouve maintenant, une cigarette au bec et l'oeil rivé sur Eurosport...
Considéré à juste titre comme un "mauve", ce n'est pourtant pas à Saint-Guidon, que Raymond Goethals a souhaité faire ses adieux définitifs à la grande famille du ballon rond. La sienne... Né Molenbeekois, et habitant de la commune, affilié au Daring dès l'âge de 12 ans, il a - assez logiquement - préféré un véritable retour aux sources. La messe de funérailles sera en effet dite lundi matin à la Basilique de Koekelberg. Celle-ci a été construite au début du siècle passé sur l'emplacement où l'ex-grand club molenbeekois, comme le Racing de Bruxelles, quelques années plus tôt, avait disputé les premiers matches de son histoire, avant que les travaux ne le contraignent d'émigrer à Jette. Il s'établit ensuite définitivement sur le site actuel du FC Brussels, un an avant la naissance du futur "Raymundo". L'Union Belge de football, qui attend des nouvelles de Guy Goethals, pour diffuser un communiqué concernant l'organisation et l'heure exacte des funérailles, a prié l'ensemble de ses clubs de respecter une minute de silence à la mémoire de l'ancien patron des Diables Rouges, avant tous les matches de vendredi, samedi et dimanche. Raymond Goethals, qui souffrait d'un cancer, est décédé lundi à l'âge de 83 ans, quinze mois après son ami et successeur Guy Thys.