Vive la France

On devrait remercier l’équipe de France et tout son entourage, en ce compris le président de la République et l’inénarrable ministre des Sports Roselyne Bachelot, de se donner en spectacle comme elle vient de le faire sur le terrain et en coulisses, en Afrique du Sud.

Vive la France
©AP

Jusqu’à présent, la compétition est plutôt poussive et le feuilleton tragi-comique que nous donnent à voir Domenech et ses troupes, meilleurs comédiens que footballeurs, nous empêche de verser dans l’ennui.

Non seulement les Bleus ont l’air de pieds nickelés quand ils foulent les pelouses du Cap et d’ailleurs, mais ils assurent aussi le service après-vente en transformant leur vestiaire en cour d’école, en scène de vaudeville ou en lieu de guet-apens, c’est selon.

Oui, on devrait rire de l’image burlesque qu’offrent depuis le début du tournoi, voire depuis bien plus avant, ces joueurs plus doués pour le psychodrame que pour leur métier de footeux.

Pourtant, à bien y réfléchir, tout ce qui arrive à l’équipe de France est consternant. Sont concentrés dans le vestiaire français tous les défauts et tous les excès du football professionnel moderne. Le sport roi met de plus en plus tôt sur le pavois des jeunes hommes mal formés pour en affronter les sirènes, pour se garder des pièges que les gains faciles, la popularité illusoire, la gloire incertaine ne cessent de glisser sous leurs pieds.

A force d’être infantilisés, encensés, protégés du monde extérieur et de ses réalités triviales, les joueurs de football courent le risque de se prendre pour ce qu’ils ne sont pas et d’ajouter le mépris à l’ignorance, la fatuité à l’immaturité, la suffisance et le cynisme à un manque cruel d’éducation, de culture et d’intelligence.

Certains échappent à ces travers parce que leur entourage les en a prévenus ou qu’ils ont réussi à se forger une règle de conduite d’où la morale n’a pas disparu sous le manteau du fric et des plaisirs futiles et factices. D’autres succombent aux tentations d’un milieu d’artifices que gangrène une mafia de prometteurs de beaux jours et de faux amis.

Dans l’équipe de France, par la faute d’un sélectionneur aveugle et égoïste, de dirigeants incompétents et même d’une classe politique avant tout avide de récupérer les dividendes d’une popularité désormais bien écornée, mais surtout par leur faute propre, plusieurs joueurs à l’ego surdimensionné et au comportement de voyous de bas quartiers se sont placés dans une situation dont on ne voit pas bien comment ils pourraient s’extirper. Même en gagnant contre l’Afrique du Sud, même en gagnant la Coupe du monde.

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