Deux ex-arbitres, deux avis différents sur le penalty de ManU : la nouvelle règle est-elle la solution à tous les maux de l'arbitrage ?

La décision de M. Skomina lors de PSG-Manchester United a précipité la chute des Parisiens quelques jours seulement après la promesse d'une règle moins équivoque dès la saison prochaine.

Nicolas Christiaens
Un penalty discutable, une nouvelle règle à la rescousse des arbitres et un football qui change
©AFP

La décision de M. Skomina lors de PSG-Manchester United a précipité la chute des Parisiens quelques jours seulement après la promesse d'une règle moins équivoque dès la saison prochaine.

Deux avis, pourtant éclairés, ont suffi pour prouver, une nouvelle fois, que l'interprétation des arbitres varie énormément d'un cas à l'autre. Le premier est celui de Saïd Ennjimi, ex-arbitre international, donné à nos confrères de L'Equipe : "La décision est plutôt sévère car Kimpembe a le dos tourné au ballon, je n'ai pas le sentiment qu'il a augmenté volontairement la surface de son corps." Le second est celui d'Emmanuel Foulon, ex-arbitre belge, contacté par nos soins : "L'arbitre a déterminé qu'il y avait une intention d'augmenter sa surface corporelle de la part de Kimpembe et je le rejoins." 

Les deux hommes sont d'accord sur un point : la phase est sujette à interprétation et n'aurait pas été arbitrée de la même manière, d'un referee à l'autre. "C'est une décision acceptable dans la mesure où elle est soumise à une interprétation", explique Ennjimi. Foulon, lui, résume le dilemme de M. Skomina en une question : "Kimpembe pouvait-il faire autrement ? Personnellement, je trouve que de plus en plus de défenseurs font l'effort de garder les bras dans le dos. En sautant, c'est vrai que c'est compliqué mais le défenseur voit la frappe arriver avant de sauter donc il aurait pu réagir autrement."

Une chose est certaine pour l'ancien consultant de "Complètement Foot", la nouvelle règle que compte adopter le Board dès la saison prochaine va faire un bien fou aux arbitres. Cette dernière prévoit de supprimer la notion d'intentionnalité concernant les fautes de main : "Cette règle sera bien moins équivoque que l'actuelle qui est une grande source d'iniquité à partir du moment où, d'un arbitre à l'autre, vous avez des décisions différentes pour un même geste. En France, cela fait plusieurs années qu'il y a un consensus entre arbitres pour définir que dès que la surface corporelle est augmentée, il faut siffler. C'est selon moi la meilleure manière de faire et c'est vers cela que la nouvelle règle tend."

Vient alors la question de la roublardise de certains pour profiter de cette nouvelle règle lavée de toute notion d'interprétation : en hockey, les attaquants cherchent régulièrement le pied des défenseurs quand ils sont dans le cercle adverse, afin d'obtenir un penalty-corner qui, pourtant, offre un taux moins important de buts que les penalties en football. En tennis de table, par contre, il ne vient jamais à l'idée des différents joueurs, peu importe leur niveau, "d'allumer" l'adversaire sous prétexte que s'il touche la balle, même en étant loin derrière la table, le point leur revient. "Je pense sincèrement qu'un attaquant, quand il est dans le grand rectangle, n'a d'yeux que pour le but et pas pour la main de l'adversaire qui sera souvent plus difficile à atteindre. Et puis, rappelons que si cette main n'augmente pas la surface corporelle, le penalty ne sera pas sifflé, même dans la nouvelle règle", reprend Emmanuel Foulon. 

Deux certitudes, à ce stade : les penalties sifflés seront plus nombreux (et moins sujets à discussion) à partir de la saison prochaine et certains défenseurs vont passer une partie de leur prochaine préparation estivale à apprendre ce réflexe de mettre les mains dans le dos dès qu'ils sont dans leur surface de réparation.

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