Karim Belhocine raconté par son staff: "Subtilement, Karim a montré qui était le patron"
T1 des Zèbres depuis un an, Belhocine présente un bilan d’exception. Son staff raconte ses méthodes et sa personnalité.
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Publié le 23-06-2020 à 11h25
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T1 des Zèbres depuis un an, Belhocine présente un bilan d’exception. Son staff raconte ses méthodes et sa personnalité.
Un an en noir et blanc. Dimanche, Karim Belhocine a fêté sa première année à la tête de Charleroi. Une année plus que réussie avec au final une troisième place au classement et une qualification pour l’Europe. Ses cinq lieutenants au sein du staff carolo (Defays, Diawara, Berthelin, Simonin et Notaro) ont accepté de raconter cette première année extrêmement riche.
1. Frank Defays - T2
Lui aussi a fêté sa première année à Charleroi. Présenté en même temps que Karim Belhocine, Defays garde un bon souvenir de son premier contact avec le T1. "Notre première entrevue avant de signer à Charleroi s’est très bien déroulée", explique l’adjoint. "Nous avons commencé par parler football avant de très vite bifurquer sur notre vie de famille et nos enfants. Nos premiers échanges étaient très amicaux. Comme joueur, c’était quelqu’un avec un fort caractère et un gros mental. À l’entraînement, il a très vite réussi à faire comprendre aux joueurs qu’il attendait d’eux cette exigence et cette implication qu’il avait en tant que joueur."
Ce travail quotidien s’est fait avec une grande rigueur et avec énergie, comme l’explique Frank Defays. "C’est ce qui m’a le plus marqué", explique-t-il. "Karim déploie une énergie énorme au quotidien. J’ai toujours été impressionné par cela et la façon avec laquelle il arrivait à transmettre cette passion à ses joueurs et à son staff."
Alors que la saison de la confirmation arrive pour le club et son entraîneur principal, l’ancien coach de l’Union Luxembourg rappelle que la mission d’origine était loin d’être facile à relever. "On oublie vite la difficulté à laquelle Karim et le staff ont dû faire face avant de commencer la saison", souligne Defays. "L’idée n’était pas simplement de reprendre une équipe avec comme objectif de se maintenir, mais bien de remplacer une icône au poste d’entraîneur en faisant mieux que lui. Finalement, il y a le succès au bout car nous n’avons rien lâché et nous nous sommes tous mis derrière le projet. Mais n’oublions pas la grandeur de la tâche à laquelle Karim Belhocine faisait face."
2. Samba Diawara - T3
Arrivé au Sporting durant l’hiver 2018, Samba Diawara est resté en poste au sein du staff carolo l’été passé. Tout de suite, le Malien d’origine a ressenti la proximité entre Belhocine et ses joueurs. "Il allie toujours travail et bonne humeur", explique-t-il. "Le fait qu’il soit proche des joueurs sur le terrain lui permet d’être parfois dur avec eux quand il le faut. Il a été très intelligent en étant d’abord dans l’observation et en tentant de cerner le caractère de chaque joueur pour savoir qui il devait secouer, avec qui il pouvait rigoler… En dehors du terrain, même s’il peut apparaître comme quelqu’un de dur et fort, il est très réservé et sensible. Une fois qu’il est sur la pelouse, il se transforme ; c’est un autre homme dans le travail. On voit parfois sur son visage cette envie, cette rage."
Dès son entrée en fonction, le T1 carolo a voulu faire prendre conscience à certains joueurs des qualités qu’ils avaient. "Dans ses prises de parole lors des premières semaines, il a fortement insisté sur le fait que les joueurs étaient capables de jouer au football", continue Samba Diawara. "Il savait que Charleroi avait l’image d’une équipe qui attendait les erreurs de l’adversaire pour faire mal. Il a expliqué au groupe qu’il fallait savoir bien défendre mais qu’il fallait aussi penser à jouer. C’est pourquoi il a beaucoup insisté sur la construction du jeu en partant de l’arrière, tout en gardant le jeu vertical qui avait fait ses preuves dans le passé. Belhocine n’avait pas peur de jouer."
Un souvenir reste gravé dans la mémoire de Diawara pour illustrer cela. La scène se déroule début novembre 2019, lors du déplacement des Zèbres à Malines. "Quand Diandy se blesse, j’ai le réflexe d’envoyer un joueur à vocation défensive à l’échauffement", se rappelle Diawara. "Belhocine s’est retourné vers le banc pour demander qui avait fait cela. Je lui ai dit que c’était moi… Il a alors demandé à un joueur à vocation offensive d’aller s’échauffer et l’a fait rentrer à la place de Diandy. Sur ce coup-là, son audace m’a bluffé."
3. Cédric Berthelin - entraîneur des gardiens
En rentrant dans le staff de Belhocine, Cédric Berthelin n’arrivait pas en terrain inconnu, lui qui avait déjà cotoyé le Franco-Algérien du côté de Courtrai. "Je ne suis pas surpris de le voir réussir à Charleroi, même si ce n’était pas évident de remplacer Mazzù", explique-t-il. "Je me rappelle qu’au début les supporters étaient un peu sur le dos de Frank Defays. Pour ma part, les gens scandaient le nom de Michel Iannacone (NdlR : le précédent entraîneur des gardiens du Sporting). Nous n’arrivions donc pas dans les meilleures conditions. Karim, lui, rigolait de cela en disant qu’au moins les supporters n’étaient pas contre lui (sourire). La mission n’était évidente pour personne dans le staff mais tout le monde a tiré dans le même sens et cela a permis de donner les résultats qu’on connaît."
Pour l’ancien dernier rempart d’Ostende, Belhocine a réussi à fédérer autour de lui, ce qui a été l’une de ses grandes forces. "Il a réussi à garder tous les joueurs éveillés, même ceux qui jouaient peut-être moins", commente Berthelin. "Il a géré le groupe de manière très humaine, en disant les choses clairement quand il le fallait mais sans aller au clash. Au quotidien, c’est un garçon intelligent, très attachant et un peu foufou, ce qui est normal car il reste un homme et un entraîneur jeune. Il a aussi parfois une grande gueule et il le sait (sourire). Mais il n’est jamais méchant, il agit toujours pour faire avancer les choses."
Désormais, autant le coach que le club vont devoir confirmer lors de cette saison 2020-2021 très attendue du côté du Pays noir. "Nous serons clairement attendus au tournant", avoue Berthelin. "Il y a un an, quand Belhocine a été annoncé à Charleroi, beaucoup ont dit que la saison allait être compliquée. On a vu ce que cela a donné. À nous de faire le bon boulot en gardant nos valeurs et nos principes pour rester dans la continuité de cette saison."
4. Philippe Simonin - préparateur physique
Avec Samba Diawara, il est le seul à être resté à son poste. Très vite, durant la préparation d’avant-saison, le préparateur physique des Zèbres a remarqué rapidement la facilité du nouveau T1 à gérer son groupe. "J’ai ressenti que, malgré sa jeune expérience de coach, il avait tout de même une vraie maturité", avance Simonin. "Il était très participatif dans son management, il savait écouter et s’appuyer sur chacun de ses collaborateurs tout en aimant être au cœur de l’action. Il a réussi à faire évoluer chacun de nous, ce qui a permis de créer l’unité qu’on a pu voir dans le staff."
Une unité qui a permis à Charleroi de faire encore mieux que les saisons précédentes, durant lesquelles Felice Mazzù avait fait du très bon travail. "Karim a démontré qu’il était légitime et qu’il avait tout à fait sa place dans un club du top", analyse Philippe Simonin. "Cela laisse présager du positif pour la saison à venir mais aussi pour sa carrière, même si on ne peut pas tout miser sur une seule année. Il a en tout cas démontré que Charleroi savait jouer aussi bien contre les petites équipes que contre les grosses écuries."
De cette année passée aux côtés du Franco-Algérien, le préparateur physique des Zèbres, en poste depuis longtemps, retient le rythme des entraînements du T1. "Parfois, les joueurs étaient plus fatigués dans la partie football que dans la partie physique", sourit Simonin. "Belhocine est quelqu’un de très exigeant dans l’engagement que peuvent mettre les joueurs dans la partie technico-tactique. Cela a payé cette saison."
5. Mario Notaro - conseiller sportif
C’est avec une nouvelle casquette, celle de conseiller sportif, que Mario Notaro a débuté la saison 2019-2020 au Sporting. "À son arrivée, Karim a directement souhaité me rencontrer pour définir mon nouveau rôle", se rappelle celui qui a fêté récemment ses 70 ans. "Il voulait que je sois le plus possible à ses côtés. Ce qui m’a surpris le plus durant les premiers jours, c’était sa maîtrise de la situation. Il n’a pas 20 ans d’expérience dans le métier et, pourtant, il est directement parvenu à bien gérer le staff et le noyau. Tout le monde savait ce qu’il fallait faire et vers où on allait."
Grâce à cette rigueur, Karim Belhocine a su tirer le meilleur de son groupe, qui a finalement terminé à une belle troisième place au classement. "La rigueur s’est transformée en créativité pour arriver à une équipe conquérante et enthousiaste", avance Notaro. "Tout le monde a rapidement adhéré au projet. Karim a montré qu’il était le patron, par sa manière de travailler au quotidien, mais c’était subtil, sans arriver avec des gros sabots en bousculant tout le monde. Il a réussi à ne pas éveiller de doute dans le groupe et cela a payé."
Belhocine a aussi convaincu les autres membres du staff hennuyer grâce à un caractère jovial qui se mélange avec du sérieux quand il le faut. "C’est un personnage très joyeux mais qui peut aussi être très strict et sérieux", analyse Notaro. "Il sait passer d’un moment de rigolade à un moment de sérieux en deux secondes. Parfois, on ne sait même pas s’il rigole ou non (sourire). C’est une grande force car il réussit à mettre une bonne ambiance tout en gardant le navire dans la bonne direction."