"De plus en plus de Belges veulent voir la France perdre": la relation entre nos deux pays, de plus en plus "malsaine"?
Suite à une déclaration de Thomas Meunier, l’émission "L’Équipe du soir" a violemment incendié les Diables rouges.
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Publié le 15-06-2021 à 07h51 - Mis à jour le 15-06-2021 à 13h27
La rivalité footballistique belgo-française a pris une nouvelle tournure depuis la demi-finale de la Coupe du monde en 2018. Et ce week-end, cette inimitié semble avoir franchi un nouveau palier. Sur le plateau de l’émission L’Équipe du soir, nos Diables rouges en ont en effet pris pour leur grade. Ce sont surtout les propos de Thomas Meunier qui ont été mal perçus, le joueur de Dortmund s’étant montré particulièrement optimiste au micro de la RTBF à l’issue de la victoire face à la Russie. "On est quand même numéro 1 mondial donc il faut une belle armada pour nous vaincre", lançait-il. Des propos qui n’ont pas tardé à faire réagir les consultants sur le plateau. Gilles Favard d’abord : "Ils parlent beaucoup ces Belges, ils vont vite rentrer chez eux manger des frites" ; et l’ex-footballeur Johan Micoud ensuite : "Ils ont un énorme boulard en général les Belges."
L’ancien joueur du PSG, n’a pas traîné pour réagir sur Twitter dans une réaction subtile et pleine de sous-entendus, dans laquelle il donne la définition du "complexe de supériorité". Mais existait-elle vraiment avant ce match terriblement frustrant pour les uns et ô combien libérateur pour les autres ?
"Cet antagonisme est récent. Pendant des décennies, les rivaux des Belges étaient les Néerlandais, surtout que l’équipe de France est surtout devenue puissante avec Platini dans les années 1980. À côté de ça, le rapport est complexe car il y a eu beaucoup de moqueries pendant les années Coluche où on était vus comme idiots. Mais aujourd’hui, on est vus différemment et bien plus positivement, notamment suite au succès de nos artistes (chroniqueurs sur France Inter, humoristes, chanteurs, chanteuses) sur le sol français", analyse Jean-Michel De Waele, professeur en science politique à l’Université libre de Bruxelles.
Quand les traumatismes du passé resurgissent
Depuis 2018, le rapport amour-haine qui existe entre les deux pays a pris une autre tournure mais les choses ont bien changé car peu à peu, la Belgique a appris à assumer ses ambitions. "La façon dont certains Belges ont été mauvais perdants après la demi-finale contre la France n’a pas aidé dans le rapport entre les deux, tout comme le fait que les Français se montraient fiers comme pas possible. En Belgique, on n’a pas l’habitude de ce patriotisme très fort, le problème d’identité et d’unité nationale est parfois difficile chez nous. Aujourd’hui, beaucoup de Belges souhaitent voir la France perdre. L’agressivité entre les deux est devenue féroce et malsaine."
Pour celui qui est aussi sociologue du sport, cette "affaire" met en lumière les différents complexes ressentis par chacun. "On est les petits devant la belle Marianne qui a déjà gagné au plus haut niveau. On aimerait bien qu’elle nous dise qu’elle nous aime. Et pour une fois qu’on assume notre ambition, on nous répond d’aller manger nos frites. C’est d’un mépris extraordinaire, un mépris français pour tout ce qui est petit et qui n’est pas français."
Si la Belgique était complexée par sa force de frappe, la France se verrait-elle trop belle avant cet Euro ? C’est en tout cas ce que laisse entendre le célèbre journaliste français de l’after foot (RMC), Daniel Riolo. "Je suis épaté par la confiance affichée par les observateurs et les joueurs, c’est un climat tout à fait unique. Il s’est passé la même chose en 2002 et ça a fini en bide monstrueux. Si la France va au bout, je dis bravo. En tout cas, actuellement, c’est à la limite de l’arrogance. Envers la Belgique, on pourra parler de rivalité seulement s’il y a une revanche, qui est, je pense, très attendue par les Belges. Et par rapport aux déclas des journalistes, je trouve ça stupide. On n’a pas à faire ça, c’est un jeu qui doit rester un truc de supporters, comme le fait de coller l’étiquette de ‘seum’ aux Belges depuis 2018. Depuis, la Belgique est restée une blague aux yeux des Français mais tout peut aller très vite dans ce rapport. Les Portugais ont par exemple balayé l’image dont ils souffraient lors de la finale de l’Euro 2016."