Pourquoi Anderlecht n'a plus remporté la Coupe de Belgique depuis 2008? "Au RSCA, personne ne trouvait la Coupe sexy"
Les derniers vainqueurs Jacobs et Gillet et le dernier finaliste Hasi expliquent pourquoi le RSCA n’a plus remporté de Coupe depuis 2008.
Publié le 03-02-2022 à 06h50 - Mis à jour le 03-02-2022 à 06h51
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Anderlecht n’a pas le choix, cette saison. La Coupe de Belgique est un must, vu que le titre de champion est quasiment hors de portée des Mauves. Seul problème : la Coupe et Anderlecht, ce n’est pas le grand amour.
Pourquoi le Sporting a-t-il échoué treize fois de suite à la remporter depuis son dernier succès, en 2008 ?
Ariël Jacobs (le dernier coach qui l’a gagnée), Guillaume Gillet (auteur du 3-2 dans la finale victorieuse de 2008 contre Gand) et Besnik Hasi (le dernier coach finaliste, en 2015) témoignent.
Pas l’objectif numéro 1
Hasi : "Avant chaque saison, le discours était le même à Anderlecht : 'On veut le titre, passer l'hiver en Europe et on veut gagner la Coupe.' Mais ce troisième objectif n'était pas pris au sérieux. Souvent, la finale se jouait une semaine après la fin du championnat, ce qui écourtait les vacances des joueurs vedettes. Le titre et une campagne européenne étaient beaucoup plus prestigieux pour eux. En vue d'un transfert, la Coupe n'était pas intéressante. Et pour le club non plus. Appelons un chat un chat : le Coupe n'était pas sexy pour Anderlecht."
Gillet : "Sauf quand les deux premiers objectifs n'étaient plus atteignables, comme en 2008. Cette Coupe reste un très beau souvenir dans ma carrière, surtout vu que j'ai mis le but de la victoire et que je venais de Gand cette année-là."
Jacobs : "Je ne comprends pas pourquoi plusieurs générations d'entraîneurs et de joueurs après mon époque ont attaché moins d'importance à la Coupe qu'au titre de champion. Personnellement, je les place quasiment au même niveau (NdlR : Jacobs a aussi remporté ce trophée avec La Louvière en 2003). La Coupe a son charme. C'est comme un Mondial en cyclisme - il faut être dans un bon jour - comparé au Tour de France, où on peut se racheter après un mauvais jour."
Gillet : "Et pourtant, la Coupe a perdu de sa superbe en Belgique. En France, des équipes de D4 ou D5 arrivent très loin. Ici, les grosses écuries sont trop protégées. Il n'y a plus de surprises."
Hasi : "Pour avoir été dans les deux clubs, j'ai senti que la Coupe avait beaucoup plus de valeur à Genk. C'était considéré comme le chemin le plus rapide vers l'Europe."
Jacobs : "Un exemple. Quand j'ai gagné la Coupe en 2008, il n'y avait pas d'euphorie à Anderlecht. Le club était content, sans plus."
Hasi : "Par contre, quand on a perdu la finale contre Bruges en 2015, cela nous a donné un fameux coup au moral. La déception était énorme. On croyait avoir fait le plus dur en égalisant via Mitrovic, avant que Refaelov ne nous tue. Cela nous a affaiblis pendant les playoffs."
Une équipe B
Hasi : "Vu le programme chargé, les matchs de Coupe étaient le bon moment pour faire tourner l'équipe. Quand on a trois matchs en une semaine, dont par exemple un déplacement à Bruges et un à Arsenal, c'est logique de faire jouer les réservistes. Mais du coup, on perdait nos automatismes."
Jacobs : "Moi aussi, je donnais du temps de jeu à des garçons qui jouaient moins. Bien sûr que des joueurs pareils ont le niveau pour Anderlecht. Mais ils veulent tellement se montrer, qu'on se retrouve avec onze individualités, ce qui porte atteinte au collectif. Cela devient même dangereux contre des équipes de séries inférieures."
Gillet : "J'ai l'impression qu'on fait encore plus tourner les équipes en Coupe ces derniers temps parce que les programmes sont plus chargés et les noyaux sont plus importants."
Des primes moins importantes
Hasi : "L'aspect financier joue aussi un rôle. Je ne connais pas les primes, mais je suppose qu'elles n'étaient pas très élevées pour les premiers tours. Surtout quand on les compare aux primes de qualification en Ligue des champions."
Gillet : "On a toujours été bien payés à Anderlecht. Donc dès qu'on est dans les quarts, il ne faut plus jouer pour l'argent. Et d'ailleurs, la direction avait fait un effort avant la finale de 2008."
Jacobs : "Moi, je n'ai jamais entendu des joueurs se plaindre de primes trop basses avant un match de Coupe. C'était surtout important pour des non-titulaires de se montrer. Ils ne pensaient pas à l'argent."
Des tirs au but maudits
Hasi : "Ah, Anderlecht et les tirs au but… Ne m'en parlez pas, sinon je repense à cette élimination contre le Partizan Belgrade (NdlR : en barrages de C1 2010/2011)."
Gillet : "Où nos joueurs les plus doués - Suarez, Biglia et Boussoufa - ont raté. Le jardinier avait été pointé du doigt. Moi et Jona (Legear), nous avions frappé à ras du sol. En Coupe, je me souviens d'une qualification, au Tivoli contre l'Union du Centre. Par contre, je me souviens aussi de notre élimination à Genk. On était très déçus sur le moment même, mais on a bien rigolé avec Silvio par après."