Rachat du Standard: comment 777 Partners a coiffé JKC au poteau
La journée de vendredi aura finalement vu le dossier basculer au tout dernier moment.
Publié le 12-03-2022 à 20h10 - Mis à jour le 12-03-2022 à 20h11
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C’est fatigué mais sans doute apaisé que Bruno Venanzi s’est levé ce samedi matin. Après de très (trop) nombreux mois de négociations, le Liégeois de 51 ans a enfin clôturé le processus de vente du Matricule 16.
Mais comme le Standard est un club à part en Belgique ou rien ne semble jamais se passer comme prévu, c'est un gros retournement de situation qui a eu lieu dans le courant de la journée de vendredi pour déboucher sur l'annonce, passé 23h, d'un accord pour le rachat complet des parts de Bruno Venanzi par le Fonds d'investissement américain 777 Partners. Un an et sept mois après l'annonce de l'arrivée de François Fornieri (c'était le 3 août) dans le capital du club à parts égales avec Bruno Venanzi (le mariage ne sera jamais consommé et même annulé en novembre de la même année).
Depuis cet épisode, Bruno Venanzi n'a eu de cesse de chercher des investisseurs capables de l'aider dans sa tâche lui qui en avait assez de gérer seul le club au niveau financier.
Trois candidats sérieux
En septembre dernier, Bruno Venanzi chargeait le consultant PwC de trouver des candidats investisseurs. Plusieurs offres non-liantes et liantes ont alors été déposées mais finalement trois pistes sérieuses se dégageaient : celle menant au milliardaire russe Sergey Lomakin, aux investisseurs américains et canadiens de JKC Capital et enfin, aux heureux élus de 777 Partners dont le siège est basé à Miami. Initialement, la piste privilégiée par le patron du Matricule 16 était celle menant à Sergey Lomakin mais l’émergence de la guerre déclarée par la Russie sur le sol ukrainien aura eu raison de cette piste qui semblait bien la plus juteuse.
Ces dernières semaines, JKC Capital et 777 Partners se sont donc livrés à un duel à distance. Alors que le dossier avançait dans le bon sens avec le quatuor constitué de Jared Porter, John Chayka, Garry Drummond et Jack Silver pour déboucher sur une prise majoritaire des parts pour JKC (à hauteur de 75 %) laissant ainsi 25 % à un Bruno Venanzi qui serait resté dans le bateau, ce dernier aurait pris la direction de Miami, où se trouve le siège de 777 Partners. Ce Fonds d’investissement avait, dans un premier temps, formulé une offre jugée trop basse mais ayant tout de même eu pour effet d’augmenter celle de JKC Capital. La différence entre les deux candidats était que l’un souhaitait acquérir toutes les parts de Venanzi tandis que l’autre lui laissait encore la possibilité de rester au club.
Vendredi après-midi, JKC tenait encore la corde
Vendredi matin, on se dirigeait donc vers un accord entre JKC Capital et Bruno Venanzi. Dans le courant de la journée, ce dernier aurait stipulé aux investisseurs canadiens et américains sa volonté de poursuivre l’aventure avec eux. Du côté de JKC Capital, on a souhaité réaliser une autopsie financière plus poussée ce qui aurait été refusé. Entre-temps, 777 Partners aurait augmenté son offre, pour avoisiner les 55M € (qui comprendraient 10 à 15M€ destinés à recapitaliser le club) pour finalement rafler la mise. D’un côté comme de l’autre, on assure que Bruno Venanzi a joué le jeu de la surenchère pour finalement opter pour la meilleure offre possible. Ceci expliquerait pourquoi Bruno Venanzi a décidé de tourner les talons à JKC pour accepter l’offre de 777 Partners qui a pour conséquence son départ définitif du club.
Quand le rachat sera-t-il effectif ?
Il convient de stipuler, et c’est important, qu’à cette heure, le rachat n’est pas encore entériné. Bruno Venanzi et 777 Partners ont bien signé un accord pour ce dernier mais il ne sera effectif qu’au mois prochain une fois la mission de due diligence effectuée. En août 2020, les supporters liégeois pensaient également l’affaire faite avec l’annonce de l’arrivée de François Fornieri dans l’actionnariat mais il n’en fût finalement rien. Il y a tout de même fort à parier que l’histoire ne repassera pas les plats avec 777 Partners qui a réagi via son Managing Director, Juan Arciniegas.
"L'expansion de notre stratégie dans le football nous amène en Belgique et au Standard de Liège, l'une des marques les plus iconiques de la compétition belge. Nous ne pourrions pas être plus heureux de prendre part à ce projet", a-t-il écrit sur son compte Linkedin.
De son côté, Bruno Venanzi a adressé, vendredi soir juste avant l'annonce, un mail à ses collaborateurs. "Comme vous le savez, cette décision ne fut pas facile à prendre et intervient au terme d'un processus de plusieurs mois J'ai cependant la conviction de laisser le club dans les mains d'un groupe ambitieux disposant d'importants moyens pour réaliser ses ambitions", et de conclure : "tout comme vous, le Standard est et restera dans mon cœur, en être le président sept ans fut un grand honneur, et je ne garderai que des bons souvenirs."
777 Partners rachète l’Immobilière, quid du projet du stade ?
C’était le bébé de Bruno Venanzi, il l’a également lâché. L’Immobilière Standard de Liège passe aussi sous pavillon américain puisque 777 Partners a racheté 100 % des parts des actionnaires de la dite immobilière parmi lesquels on retrouve Edmilson Junior, Nacer Chadli ou encore Marouane Fellaini et Axel Witsel. Fin d’année dernière, le capital s’élevait à un peu plus de 11M € pour un projet dont le budget avait été fixé à 98M €. La construction était confiée à BAM Galère, Moury Construct et CIT Blaton.
Dans le courant de la soirée de vendredi, Bruno Venanzi a tenu au courant l’ensemble des actionnaires de la volonté de 777 Partners de racheter toutes les parts. Il précise dans ce mail qu’il compte s’entretenir avec chacun d’entre eux pour évoquer la plus-value, autrement dit le taux d’intérêt qui pourrait tourner autour des 6 %. Quant au projet, sera-t-il mené à bien par le nouveau propriétaire ? À l’heure actuelle, il n’est en tout cas pas abandonné mais ne devrait pas, dans un premier temps, constituer une priorité.