Comme d’habitude, Adnan Januzaj a le Mondial dans le viseur: "La concurrence n’est pas un souci"
Le joueur de la Real Sociedad a toujours été repris pour le Mondial. Il semble partir de plus loin, cette fois. Mais il a toujours surpris.
Publié le 22-03-2022 à 20h04
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Il est encore trop tôt pour savoir si Adnan Januzaj sera à la Coupe du monde, au Qatar. Le joueur de la Real Sociedad attend plutôt le dernier moment, pour surprendre. Et il y a, dans son histoire, une étrange répétition du scénario.
En 2014, alors qu’il n’avait pas 20 ans, il avait été la surprise de Marc Wilmots, qui l’avait appelé pour la première fois, quelques semaines avant le départ pour le Brésil. Il avait grillé la politesse à Thorgan Hazard et Michy Batshuayi.
Il avait joué une heure contre la Corée du Sud en conclusion de la phase de groupes, quelques bouts de match après le Mondial (28 minutes contre l’Australie puis 63 contre l’Islande), puis il avait disparu des radars, avait manqué l’Euro 2016 et s’était à peine posé sur le banc, en novembre 2017 pour les amicaux contre le Mexique et le Japon, avec Roberto Martinez.
Le sélectionneur espagnol l’avait ensuite convoqué dans un groupe élargi, pour le stage avant la Coupe du monde en Russie. Et rebelote, l’histoire s’est répétée. Il a été préféré à Christian Benteke, a disputé le match contre l’Angleterre, lors de la dernière journée de poules, a marqué un joli but en prime, puis il n’est plus revenu aussi souvent, ensuite, notamment en raison d’une blessure à un genou.
Il a manqué l'Euro, comme pour rappeler que son destin était définitivement plus mondial qu'européen, et voilà l'année qui s'ouvre avec le rendez-vous planétaire en novembre plutôt qu'en juin. "J'aimerais y être", a-t-il seulement indiqué, sans trop s'épancher sur le sujet, relevant à peine le hasard de son histoire.
L’histoire, justement, pourrait être différente, cette fois. S’il avait manqué l’Euro en raison d’une concurrence plus dense, il l’a aussi manqué en raison d’un match en particulier. Il reste en effet le souvenir de sa prestation à Saint-Marin, le 6 septembre 2019.
Sa dernière titularisation chez les Diables rouges avait laissé un goût amer à Martinez, qui n'avait pas apprécié son manque d'implication - Divock Origi avait été dans le même cas. "On en a parlé avec le coach, on était d'accord sur les mêmes points, mais ce n'est pas toujours facile pour un joueur de se mettre en évidence quand il joue peu", s'est défendu Januzaj, qui ne conteste pas, ou plus, les choix du sélectionneur. "Je suis un joueur pro, je respecte ses choix."
Depuis ce match à St-Marin, Januzaj n'a plus joué que 13 minutes, contre la Biélorussie, en mars 2021, et il a vu d'autres joueurs émerger, aussi, comme Jeremy Doku, Charles De Ketelaere ou Leandro Trossard. "La concurrence n'est pas un souci", évacue-t-il toutefois, avec une certaine assurance.
Il peut aussi s’appuyer sur des saisons abouties, en club, avec la Real Sociedad, et un profil qui peut aider une équipe, avec ses prises de balle et son jeu en percussion. Les statistiques renseignent toutefois une évolution, dans son jeu. Il est moins dribbleur, passant de 12,23 dribbles par match en 2018-19 - plus haut total de la Liga - à 8,84 cette saison (selon Wyscout). Il est toujours dans le top 10 (8e) espagnol, mais il offre désormais une palette plus collective, travaillant aussi plus souvent défensivement.
Mais il souhaite relativiser l'observation. "Je tente toujours autant de dribbles, je suis parmi les meilleurs en Liga dans ce domaine, voire le meilleur. Et j'étais encore dans le top 5 mondial au nombre d'occasions créées, il n'y a pas longtemps."
Interrogé sur ses stats, Januzaj, piqué, répond : "J'en suis à cinq buts et quatre passes décisives (NdlR : 4 buts et 3 passes décisives, selon Transfermarkt), toutes compétitions confondues, cette saison. On regarde beaucoup les stats, dans le foot actuel, mais il faut aussi regarder ce qui se fait ailleurs."
Interrogé sur la Real Sociedad, qui n'a marqué que 29 buts en 29 matchs, il répond, du tac au tac : "Mais il faut regarder le nombre d'occasions créées. On est peut-être à 200 par match." Il a accompagné sa réponse d'un sourire, tout de même.
Plus appliqué au niveau de ses responsabilités défensives, Januzaj, selon son entraîneur à la Sociedad (Imanol Alguacil), est aussi plus investi dans le travail qu'avant. "Je travaille un peu plus en dehors du terrain", admet-il.
"J'ai engagé un physiothérapeute et un coach sportif, pour être suivi en marge des entraînements." Gêné par les blessures par le passé, Januzaj assure qu'il est désormais plus en forme. "Quand tu es sur la touche, tu laisses la possibilité à d'autres de prendre ta place. Depuis deux ans, je n'ai pas trop laissé passer mes chances (de jouer)."
Et en novembre ? Laissera-t-il passer la chance ? Ou fera-t-il une jolie passe de trois participations de suite à la Coupe du monde ?