Le parcours sinueux du bosseur Siebe Van der Heyden, nouveau Diable Rouge : "A Anderlecht, on l'appelait la fourmi"
D'Anderlecht à l'Union en passant par Ostende et la D2 hollandaise : la carrière du défenseur central n'a pas été de tout repos.
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Publié le 23-03-2022 à 07h45
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"C’est extraordinaire ! Il y a peu, il ne jouait pas à Ostende et aujourd’hui il est repris en équipe nationale. Cela prouve sa mentalité et son envie de réussir." A l’annonce de la sélection de Siebe Van der Heyden chez les Diables, Felice Mazzù était un entraîneur comblé bien conscient du parcours sinueux emprunté par le défenseur central. Un parcours qui l’a fait passer d’Anderlecht à la Côte puis aux Pays-Bas avant la D2 belge. Retour sur la carrière de VDH avec différents témoins de sa belle évolution.
A Anderlecht : "Il travaillait beaucoup dans l'ombre"
Après avoir tapé dans le ballon à Dender puis à Bruges, Van der Heyden rejoint Anderlecht à l’âge de 10 ans. Il y restera jusqu’en U19 et vivra une campagne européenne en Youth League face à Arsenal et le FC Barcelone, sous les ordres de René Peeters puis de Nicolas Frutos. "Il évoluait souvent comme numéro 6, se souvient Antoine Bernier qui a joué aux côtés de VDH durant deux ans chez les Mauves. Il récupérait beaucoup de ballons et n’en perdait pas. Le coach préférait l’aligner à cette position qu’en défense centrale. On l’appelait "mier", la fourmi en néerlandais, car il travaillait beaucoup dans l’ombre et était très utile à l’équipe. Quand il s’est installé dans le onze, il y est resté."
L’actuel Unioniste se fait une place au soleil au sein d’une équipe dont plusieurs joueurs ont percé au plus haut niveau. "Anderlecht misait plutôt sur des joueurs comme Faes, De Medina ou Mangala que sur Siebe. C’est pour cela qu’il a quitté le club pour Ostende. Son nom était rarement cité parmi les meilleurs mais il travaillait très dur et le travail a fini par payer. On pouvait compter sur lui en toutes circonstances. En dehors des terrains, il était toujours souriant et vraiment marrant. Il mérite amplement ce qu’il lui arrive actuellement."
En U16 et U17 belges : "Il devait se développer"
Siebe Van der Heyden a déjà porté le maillot belge. En 2014, le natif de Denderleeuw est repris avec les U16 et les U17 Futures, l’équivalent des "tard matures". Il affrontera la Suède mais aussi le Québec en match amical. Dans cette sélection réservée aux joueurs talentueux mais pas encore prêts physiquement pour leur âge, on retrouve les noms d’Arnaud Bodart (Standard), Charles Vanhoutte (Cercle Bruges) ou encore Viktor Boone (Deinze). "A cette époque, Siebe mesurait 1m79, avance Bob Browaeys, le sélectionneur de l’équipe qui s’est replongé dans ses archives. Il mesure aujourd’hui 1m85 ce qui montre qu’il n’avait pas encore terminé sa croissance. Il pesait 60 kilos pendant qu’un gars comme Wout Faes, qui était aussi né en 1998, était déjà à 78 kg… La plus grande différence entre Siebe et les autres joueurs de son âge se situait au niveau de la maturité physique."

Bob Browaeys, qui avait amené la génération 1998 jusqu’en demi-finale de la Coupe du Monde U17 en 2015, se souvient d’un joueur peu bavard mais ouvert. "Siebe était un garçon timide en sélection, se souvient-il. Il jouait à Anderlecht où il n’a pas appris qu’à défendre et où il n’était pas la grande star. Mais il avait quand même du talent et avait un profil intéressant en tant que défenseur central gaucher. Il était toujours exemplaire sur le terrain, correct et très modeste. Mais à cet âge, en tant que défenseur central, il était préférable d’être grand et puissant dans les duels ce qui n’était pas son cas vu sa morphologie."
La suite de la formation de Van der Heyden se fait loin des équipes nationales de jeunes dû à son retard de maturité. Depuis, son impact physique est devenu une de ses qualités lui qui est un joueur très fort au duel. "Il fait partie de ses joueurs qui ont besoin de temps avant de prester au plus haut niveau. Il a été patient, a fait le bon choix en rejoignant l’Union et a désormais un vrai corps d’adulte. Sa sélection chez les Diables peut sembler surprenante car entre les U17 et l’équipe A, il y a du chemin à parcourir. Le joueur doit montrer une bonne mentalité, doit vouoir progresser et doit tomber sur un club dans lequel il joue. Nous étions convaincus qu’il avait toutes les qualités pour faire carrière mais il devait se développer. C’est maintenant chose faite."
A Ostende : "Il a toujours respecté les choix du coach"
Non désiré à Anderlecht, Van der Heyden tente sa chance à Ostende durant l’été 2016. Encore très jeune, le défenseur participe aux entraînements avec l’équipe première mais sans faire partie du groupe à part entière. "Il s’entraînait avec nous mais n’était pas dans le groupe le jour des matchs, se remémore William Dutoit, le gardien des Côtiers à l’époque. C’était un jeune très travailleur qui avait une super mentalité. Il était bosseur, très à l’écoute et ne lâchait jamais rien sur le terrain. Il avait toujours cette envie de gagner avec son côté très agressif dans les duels et son bon pied gauche."

Lors de sa première saison, c’est Yves Vanderhaeghe qui est à la tête de l’équipe. Le coach belge, qui a récemment fait son retour à Ostende, a permis à VDH de faire ses débuts professionnels avec une montée en fin de match lors de la dernière journée des PO1 face à...Anderlecht. "Il n’a jamais montré de signes d’énervements et a toujours respecté les choix du coach, continue Dutoit, actuellement à Deinze. Je me rappelle qu’avec plusieurs joueurs, nous en avions parlé au coach. Il estimait que Siebe n’était pas autant avancé que d’autres jeunes du groupe. Aujourd’hui, il montre que la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain. Il a continué à se battre et a prouvé aux gens qui ne lui ont pas fait confiance qu’ils avaient tort."
A la fin de la saison 2017-2018, Ostende décide de ne pas prolonger le contrat du joueur qui se retrouve sur le carreau du jour au lendemain. "C’était une période difficile pour lui. Nous avions échangé par message à l’époque et je lui avais dit qu’il ne devait pas baisser les bras. Il était conscient de ses qualités. Tout le mérite lui revient car ce n’est pas facile de rejoindre la D2 hollandaise. Il n’a pas pris un chemin tout tracé mais sa trajectoire montre qu’il faut toujours croire en soi et en ses rêves."
Au FC Eindhoven : "En famille d'accueil"
En manque de temps de jeu à Ostende, Van der Heyden tente un coup de poker en signant en D2 hollandaise, au FC Eindhoven. Là-bas, le joueur est un titulaire indiscutable tout au long d’une saison durant laquelle il recevra 15 cartons jaunes sur la saison dont deux lors de son dernier match. “C’était un bon choix d’aller en D2 hollandaise, explique Van der Heyden près de quatre ans plus tard. C’était un bon pas en avant pour ma progression. Il fallait que je reprenne du plaisir et c’est ce que j’ai fait aux Pays-Bas.”
Durant un an, VDH logera dans une famille d’accueil à Eindhoven, loin du cocon familial qui compte tellement pour lui. “J’ai préféré aller dans une famille d’accueil que dans un appartement. Ils m’ont accueilli d’une manière incroyable, c’étaient des gens très chaleureux. Je suis encore en contact régulier et ils me disent qu’ils sont très contents de ma réussite, que j’ai toujours été le meilleur pour eux (sourire). Je fais encore d’une certaine manière partie de leur famille.”
A l'Union : "Il était prêt à laisser ses poumons sur le terrain pour l'équipe"
A 21 ans, Siebe Van der Heyden fait son retour en Belgique via la D2. En juillet 2019, il signe un contrat de trois saisons à l’Union dont la première ne se passe pas comme prévu : le défenseur central n’est titularisé qu’à six reprises par Thomas Christiaensen et doit se contenter de quelques montées au jeu. "Pietro Perdichizzi était le défenseur central gauche qui avait le statut d’indiscutable vu qu’il était capitaine, se rappelle Anas Hamzaoui, coéquipier de VDH durant deux saisons. Mais Siebe n’a pas lâché et a pris son mal en patience. C’est un des joueurs qui m’a le plus impressionné dans son travail : même quand il ne jouait pas, il s’acharnait à la salle. Il a toujours gardé une très bonne mentalité. Ce n’était pas le joueur qui allait mettre une mauvaise ambiance dans l’équipe car il ne jouait pas. Il a juste attendu de recevoir sa chance."

Et cette chance tombe au début de la saison dernière, peu de temps après l’arrivée de Mazzù à la tête du bateau unioniste. Alors que Van der Heyden remplace dans un premier temps Hamzaoui au poste de back gauche, le Belge profite du passage à une défense à trois pour s’imposer comme titulaire. "Le coach a changé de système après notre défaite contre le RWDM car tous nos latéraux étaient blessés, explique Hamzaoui. Cela a ouvert des opportunités pour certains joueurs et Siebe a profité de ce changement de système. Mazzù est pour beaucoup dans la réussite de Van der Heyden : quand il est arrivé, tout le monde a débuté sur le même pied d’égalité peu importe le temps de jeu la saison passée. C’est un coach qui arrive à te pousser dans tes retranchements et cela a bien fonctionné avec Van der Heyden."
En dehors des terrains, Hamzaoui et le néo Diable entretenaient une relation particulière. "Nous étions assez proches car nous faisions la route ensemble jusqu’au centre d’entraînement de Lier. Il n’y a pas plus gentil que lui, c’est quelqu’un avec un grand coeur. Durant nos trajets, nous parlions de nos situations qui n’étaient pas toujours faciles avec l’entraîneur Christiaensen. Nous parlions aussi de jeux vidéos comme Call of Duty ou Fifa. Sur le terrain, c’est un acharné qui est prêt à laisser ses poumons pour l’équipe. Un défaut ? Il doit parfois rester calme (sourire). Un jour, à l’entraînement, il a mis un gros tackle et le coach Mazzù avait sifflé faute. Siebe n’était pas d’accord avec la décision, a déposé le ballon à terre et a continué à jouer. Il veut toujours tout donner et s’il faut mettre un gros tackle pour montrer qu’il est le patron, il le fera."