Roberto Martinez à fond derrière les Flames: "On a besoin qu’elles se qualifient"
Directeur technique de la RBFA, Roberto Martinez est actuellement en Angleterre pour suivre le parcours des Red Flames.
Publié le 17-07-2022 à 20h15 - Mis à jour le 20-07-2022 à 14h35
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Depuis le début de l’Euro, Roberto Martinez est attentif aux prestations des Red Flames. En plus d’avoir pointé le bout de son nez durant des entraînements, il a aussi assisté aux deux matchs à Manchester City et à Rotherham et ce lundi, il sera aussi présent à l’Academy Stadium pour le dernier match de la phase de poules contre l’Italie. Sa présence n’est pas une surprise puisqu’il est, en plus d’occuper le poste de sélectionneur des Diables rouges, directeur technique de la Fédération ayant donc un regard sur chaque composante de l’institution, allant du futsal aux plus petits projets concernant les enfants.
Mais tout ce mois de juillet, c’est surtout le football féminin qu’il suit un peu plus. Coïncidence, c’est à Wigan que les Flames ont pris leurs quartiers tout au long du tournoi, et elles s’entrainent même sur le terrain de Wigan Athletic au Christopher Park que le Catalan a bien connu. Après y avoir passé six années comme joueur (1995-2001) et quatre en tant que coach (2009-2013), une période où il a notamment remporté la FA Cup contre Manchester City. À Wigan, il est quasiment à la maison. Il a écrit l’histoire du club et ça l’a tellement marqué qu’il a même acheté une maison à Wigan.
Monsieur Martinez, que les Flames logent ici, c’était votre idée ?
"Non, pas du tout. Ils ne m’ont pas demandé de conseils. Ils ont étudié les deux-trois propositions, les ont visitées et ont posé leur choix en raison de critères géographiques notamment. C’était une surprise pour moi quand je l’ai appris mais cet endroit offre toutes les facilités possibles. En plus, l’hospitalité y est grande ici et offre plusieurs opportunités.
Pour vous, cela représente quelque chose de revenir ici ?
"C’est un sentiment difficile à décrire. Je suis arrivé en tant que jeune homme à 21 ans. Mais cet endroit n’a jamais changé. Je suis resté ici 10 ans au total. C’est vraiment spécial. C’était merveilleux ici d’écrire l’histoire du club. Les gens qui font vraiment ce qu’est le club sont toujours les mêmes. On parle souvent des coachs, des joueurs mais il y a aussi tous ces gens qui font vivre le club. Je les ai vite reconnus, comme Regina (NdlR : présente d’ailleurs pas très loin lors de l’interview)."
Revenons au tournoi, quelle impression vous donne-t-il ?
"C’est vraiment impressionnant. L’organisation est vraiment bonne. La façon dont l’Euro a été accueilli par les familles britanniques est vraiment impressionnante. Le niveau de jeu, des matchs… C’est en augmentation. C’est le meilleur Euro féminin que j’aie jamais vu."
Le niveau des Flames vous a-t-il surpris ?
"J’ai plutôt été surpris de la façon dont elles ont réussi à se construire en tant que groupe. Elles ont chacune des parcours différents, avec des expériences différentes. Certaines ont joué la Ligue des champions, d’autres n’ont jamais connu ça et certaines ne viennent même pas d’univers professionnel. J’ai toujours voulu introduire les jeunes joueuses, leur permettre d’avoir les mêmes opportunités, de suivre les mêmes chemins. Dans ce sens, j’ai suivi la compétition nationale pour la faire avancer. Il est bon de voir l’évolution où on est. En Angleterre, je suis agréablement surpris de voir le niveau atteint individuellement et je constate qu’on est sur le bon chemin en terme de high performance mais je veux aussi m’intéresser à la jeunesse, les académies, les projets comme les Yellow Flames… Tout ça, c’est bien mais ce n’est pas encore assez. Il faut pouvoir inciter plus de jeunes filles, que ça devienne plus facile."
Vous notez donc une certaine évolution chez les Flames ?
"Oui, totalement. Mais je ne m’attarde pas que sur l’évolution individuelle. Je suis le développement de l’environnement. Par exemple, quand tu amènes de nouvelles joueuses, tu sais l’expérience qu’elles emmagasinent, tu sais le niveau que tu peux leur donner. C’est important quand elles passent sur le devant de la scène de pouvoir observer comment elles répondent présentes. Il est vraiment super de pouvoir créer les prochaines nouvelles héroïnes. Mais pour ça, il faut créer une continuité et pas juste créer des individualités, il faut développer un groupe via ce principe de continuité. Il y a du talent en Belgique qu’il faut pouvoir développer dans les équipes belges et pour que la Super League devienne plus compétitive."
Comment faire ?
"En travaillant tout ensemble. Mais ça passe par la mise sur pied d’équipes de jeunes pour les filles, pour l’apprentissage. Ensuite, la compétition féminine doit devenir professionnelle. Comme chez les hommes. Personne n’apprécie voir des scores de 9-0. Ça n’aide personne. L’intention de la Ligue est de créer des niveaux, une hiérarchie. Je veux pouvoir accélérer le processus, mettre le football féminin dans la bonne direction."
Quel est concrètement votre rôle ?
"Mon rôle est que chaque composante travaille bien ensemble. Les analystes, ensemble, les coachs ensemble… On a le même problème mais les solutions sont différentes car nous avons des joueurs aux profils multiples en termes d’âge, d’aptitudes physiques et techniques. Au final, l’issue doit être la même. Je suis le pont entre les différentes composantes et je suis là pour fédérer la Ligue, la Fédération, l’institution pour faire évoluer le sport. C’est stimulant."
Pour continuer à progresser, un quart de finale à l’Euro pourrait aider ?
"Oui, mais ce n’est pas nécessaire. Nous voulons développer le football féminin et nous les aidons avec notamment une Fan Zone à Louvain. On a besoin qu’elles se qualifient et qu’elles jouent un quatrième match, c’est génial pour l’expérience. Je crois que c‘est déjà merveilleux ce qu’elles font. Donc, ce n’est pas nécessaire pour l’évolution générale du foot féminin en Belgique mais c’est bien pour l’expérience."
Les quarts de finale, c’est possible ?
"Oui, j’en suis certain. On doit monopoliser le ballon, se créer du danger face à une Italie agressive. Je crois que nous devons d’abord nous focaliser sur nous-mêmes."
Vous avez joué l’Italie en quarts de finale de l’Euro. Un conseil ?
"Mis à part la couleur sur les maillots, ce n’est pas du tout le même groupe (rires). Le seul conseil à donner est qu’elles doivent ne rien regretter à la fin du match lundi soir."
"Que les deux équipes gagnent un jour un trophée"
Cet été, les projecteurs sont braqués sur les Red Flames au championnat d’Europe alors que dans quatre mois débutera déjà la Coupe du monde où les Diables tenteront de décrocher un premier trophée, quatre ans et demi après leur troisième place historique au Mondial russe. Les Flames peuvent-elles arriver à ramener en premier le trophée ? Qui sera couronné en premier ?
"J’espère que les deux y arriveront un jour",
rigole Roberto Martinez. "
Mais les dames ont déjà gagné la Pinatar Cup en février. Mais c’est difficile de gagner un tournoi. On a été numéro 1 mondial durant plus de trois ans et c’est difficile. Aujourd’hui, il n’y a aucune attente de ce type envers les Red Flames. Mais elles peuvent nous surprendre. Ce qu’on attend, c’est qu’elles travaillent dur et qu’elles arrivent à amener de l’opposition."