Fabio Silva, nouvelle pépite d'Anderlecht: "De la pression parce que j’ai coûté 40 millions ? Aucune!"
Première interview du golden boy Fabio Silva : "Anderlecht est le plus grand club belge."
Publié le 30-07-2022 à 10h25
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/DOZECSWMVJAIHA2TRWYFAN5R74.jpg)
Quelques jours après avoir fait vibrer le stade avec un sublime but lors de sa première montée au jeu, le Portugais Fabio Silva (20 ans) a donné sa première grande interview en tant que joueur d’Anderlecht. Le golden boy est (presque) aussi agréable à entendre parler qu’à voir jouer au foot. Et il est déjà amoureux d’Anderlecht. La preuve : il a installé la photo de sa célébration de son but de dimanche sur l’écran d’accueil de son téléphone.
Combien de fois avez-vous revu le but ?
"Beaucoup de fois. Mais j’ai encore plus revu la joie de ma maman après mon but. J’étais tellement content pour elle. Toute ma famille était dans le stade. Elle souffre avec moi quand je suis triste, elle est heureuse quand je vis de beaux moments."
C’était un but à la Fabio Silva ?
"Je peux aussi marquer d’une autre façon. J’ai regardé maman quand j’ai raté l’énorme occasion, peu avant mon but. Elle avait les mains devant le visage. Je me suis dit : la prochaine occasion sera la bonne. Et quand j’ai reçu le ballon, j’ai senti que c’était le moment de filer vers le but et de frapper."
À l’entraînement, vous avez marqué avec un rétro spectaculaire.
"C’était à mon tout premier entraînement. Ce sont les plus beaux buts. Je n’ai pas encore marqué ainsi en match officiel, le gardien a fait un bel arrêt. J’en suis convaincu qu’un jour, je vais marquer ainsi."
Pourquoi avoir choisi Anderlecht comme endroit de location ?
"Parce que tous les joueurs qui passent par ici deviennent meilleurs. Je pense à Nmecha et Zirkzee, mais aussi à Lukaku et Dendoncker. Avant de quitter Wolverhampton, Leander m’a dit : ‘Allez, fais du bon boulot à Anderlecht !’ J’ai aussi été charmé par les gens du club. J’ai aussitôt senti leur amour et les supporters ont renforcé ce sentiment dimanche. Et puis, il y a le statut du club. Quand on parle du championnat belge au Portugal, on pense à Anderlecht. C’est le plus grand club de Belgique."
Vous savez que - deux ans avant votre naissance - Anderlecht a éliminé Porto au dernier tour préliminaire de la Ligue des champions ?
"Non, mais en tant que grand supporter de Porto, je préfère ne pas le savoir (rires)."
D’autres clubs vous voulaient ?
"Peut-être un ou deux, mais Anderlecht était la meilleure option. Je ne vais pas dévoiler le nom des autres clubs. C’est quelque chose pour mes agents."
C’est encore Jorge Mendes, l’agent vedette de Ronaldo ?
"Non. C’est mon papa et un partenaire. Mendes était impliqué à 50 % dans mon transfert de Porto à Wolverhampton."
En parlant de Ronaldo, la comparaison avec lui ne vous a pas mis une énorme pression ?
"Non, j’aime cette pression ! Elle me donne un boost d’adrénaline. C’est grandiose d’être comparé à la personne qui m’inspire et qui doit motiver tout joueur. Regardez ce qu’il fait encore à ses 37 ans. Il y a des gens qui disent qu’il est fini à Manchester United, mais c’est lui qui a sauvé United en Ligue des champions et en Premier League ! Allez, allez… C’est fou combien il travaille sur le terrain et en dehors."
C’est vrai qu’il vous a envoyé des maillots ?
"Oui. De la Juventus, du Real Madrid et de l’équipe nationale du Portugal. Pour cela, je passe via des joueurs de l’équipe nationale A. À Porto, j’avais demandé à Pepe de lui demander un maillot. Et Cristiano me l’a envoyé. Après un match entre Wolverhampton et Manchester United, j’ai reçu son maillot de United."
Et les 40 millions payés par Wolverhampton à Porto - une somme record pour les Wolves - ils ne vous ont pas mis trop de pression ?
"Je le dis toujours mais les gens ne me croient pas : je ne sens aucune pression ! On n’a quand même pas de pression quand on est payé pour faire quelque chose qu’on adore ? Je n’ai jamais obligé Wolverhampton à dépenser ce montant pour moi. Vous savez qui doit avoir de la pression ? Un père qui n’a pas d’argent pour nourrir ses enfants."
On peut dire que votre première saison à Wolverhampton était réussie, avec 11 titularisations et 4 buts ? Et que votre seconde saison était un peu décevante, avec seulement 6 titularisations et aucun goal ?
"Oui. Ma première saison servait à m’adapter au football anglais, à la culture, à la météo, aux gens. Quatre buts et trois assists, ce n’était pas mal. Je ne sais pas pourquoi j’ai moins joué lors de ma deuxième saison. Même si c’est frustrant - je n’ai pas 35 ans, je suis jeune et je veux jouer - il faut accepter les choix de l’entraîneur."
Auriez-vous dû rester un peu plus longtemps à Porto ?
"Parfois, il y a des choses qu’on ne peut pas refuser. Porto avait des soucis financiers à cette époque, je voulais aider mon club. Et quand on peut signer dans un championnat de rêve comme la Premier League, on n’hésite pas."
Est-ce vrai que Liverpool et Manchester City étaient aussi intéressés ?
"Oui. Mais finalement, c’était surtout entre Wolverhampton et un club un peu plus grand d’un autre pays."
À Porto, votre entraîneur était Sergio Conceiçao. Vous aviez une relation d’amour-haine avec lui ?
"Tous les gens me demandent cela. Un jour, j’ai donné une interview et j’ai été mal compris. Je suis content de pouvoir mettre les choses au point dans votre journal. Après avoir signé un nouveau contrat à Porto, je n’ai presque plus joué et je ne comprenais pas pourquoi. Les gens ont cru que j’étais fâché sur Conceiçao, mais c’est faux ! C’est lui qui m’a lancé à mes 17 ans ! Je suis dans un groupe WhatsApp avec ses fils ! Avant le match contre Ostende, je les ai appelés par FaceTime et j’ai montré le stade d’Anderlecht. Sergio Junior joue à Seraing, on s’est mis d’accord d’échanger nos maillots après le match du 7 août. Et on va aussi voir jouer Francisco Conceiçao à l’Ajax."
Vous avez vu les images de Sergio Conceiçao qui pousse son maillot dans le visage de l’arbitre quand il jouait au Standard ?
"(Rires) Oui. Il était un peu fou, mais c’est un personnage incroyable. Il parvenait à nous transmettre sa passion. D’ailleurs, Guillaume Gillet m’a dit que c’est le meilleur coach qu’il ait eu dans sa carrière, quand il était à Nantes."
Vous n’êtes pas le seul footballeur à la maison.
"Il y a aussi mon papa et mon frère, tous les deux des défenseurs centraux. L’année avant ma naissance, mon papa a été champion avec Boavista. Il était bon mais je le charrie souvent en disant que face à moi, il n’aurait pas eu l’ombre d’une chance. Et mon frère a joué à la Lazio Rome. Maintenant, il est en fin de contrat. Il a 23 ans, il se cherche un club. S’il est bon ? Meilleur que moi (Rires)."
Vous avez beaucoup de tatouages sur votre bras gauche.
"Ils ont tous une signification. Il y a un texte pour ma famille, voici les mots ‘Dream chaser’ (attrape-rêves), voici mon œil. Et j’ai un grand tatouage qui illustre que je suis très croyant."
Pourquoi avoir choisi le numéro 99 ?
"Mon numéro préféré est le 9, mais il n’était plus disponible. (NdlR : il appartient à Raman) Donc, j’ai décidé de prendre deux fois le 9."
Vous savez que vous n’êtes que le troisième Portugais de l’histoire du club, après Rolando et Sa ?
"Mais je suis le premier à avoir marqué !"
"Esposito veut que j’aille habiter dans son bloc"
Le téléphone de Fabio n’a pas arrêté de sonner et de vibrer pendant notre interview.
"Regardez qui m’appelle"
, sourit le nouveau chouchou du Parc Astrid. Le nom de Seba Esposito apparaît sur l’écran, suivi par un cœur mauve.
"On s'entend vraiment bien , explique le Portugais. Je ne garde pourtant pas de bons souvenirs de notre dernière rencontre. Il m'avait battu avec l'Italie (NdlR : 1-0 à l'Euro U17 en mai 2019). Il me charrie encore avec ça. Heureusement, je pourrai prendre ma revanche avec le Portugal à l'Euro U21 cette saison (NdlR : en juin 2023, en Géorgie et en Roumanie)."
Les deux sont voisins dans le vestiaire. "On n'arrête pas de se faire des blagues. Et il adore me filmer. Récemment, il me filmait quand je chantais 'All of Me' (de John Legend) Résultat des courses : j'avais une interview le lendemain et j'ai aussi dû chanter."
Et sur Instagram, Esposito se moque des chaussures de Silva. "Seba ne sait vraiment pas comment s'habiller. Il faut que je le lui apprenne."
Bientôt, les deux seront peut-être voisins dans la vraie vie. "Je dois me chercher un appartement. Aujourd'hui, je vais visiter un immeuble à Ixelles. Un des appartements est dans le même bloc que celui de Seba. Il n'arrête pas de me mettre la pression pour que je choisisse ce logement-là."
Silva ne sera pas souvent seul à Bruxelles.
"Mes parents ne vont pas vivre ici en permanence, parce que ma sœur doit encore aller à l’école. Mais mes grands-parents vont venir, mes cousins, mes oncles. Et cela ne me dérange pas d’être seul quelques jours. Cela me permet de regarder quelques films. Et je préfère être seul quand je suis triste. Je n’aime pas partager ma peine avec ma famille…"