Sur la route du Mondial, les Red Flames se cherchent une nouvelle buteuse
Les Red Flames jouent au Portugal le premier tour des barrages pour se qualifier pour le Mondial 2023. À voir sur Auvio.
Publié le 06-10-2022 à 08h08 - Mis à jour le 06-10-2022 à 08h18
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Même si les Red Flames s’étaient quittées sur un large succès 0-7 en Arménie pour le dernier match de la phase de groupes qualificative pour le Mondial 2023, le constat devant le but adverse est pour le moins "pauvre" face aux nations de notre niveau. En préparation, les Belges n’avaient pas réussi à marquer contre l’Autriche alors qu’à l’Euro, la Belgique n’a inscrit que trois buts : un contre l’Italie (mais décisif pour la qualification pour les quarts de finale), un contre la France, un contre l’Islande et évidemment zéro contre la Suède.
Un bloc qui marque difficilement
Si l’on a d’ailleurs salué le bloc et l’organisation qui ont fait que la Belgique n’a encaissé finalement que quatre buts en Angleterre, elles montrent pas mal de lacunes en zone offensive. Pourtant, Tessa Wullaert a terminé meilleure buteuse des qualifications pour le Mondial alors que Tine de Caigny avait eu cet honneur dans la campagne de qualifications pour l’Euro 2022. Toutes les deux avaient été bien aidées par un quintuplé pour leur compteur personnel.
Mais depuis la Pologne il y a un an, le match référence en termes d'efficacité offensive (4-0), la Belgique éprouve des difficultés à marquer. On l'a d'ailleurs vu contre la Norvège en septembre dernier pour l'avant-dernier match de la campagne qualificative. Dans l'obligation de gagner, la Belgique avait dominé, se créant treize occasions sans réussir à tromper Mikalsen. Un revers, finalement, qui a compliqué le chemin vers l'Australie et la Nouvelle-Zélande. "C'est vrai qu'on n'a pas marqué mais pour la première fois, on a dominé et on s'est créé autant d'occasions face à une telle nation. N'oublions pas que c'était une première", répond Ives Serneels.
La prochaine étape, et ça commence ce jeudi à l’Estádio do FC Vizela, sera donc de concrétiser cette domination.
Mais depuis quelques mois, Tine de Caigny (buteuse face à l’Italie) et Tessa Wullaert sont moins dans la lumière et se mettent plus au service du collectif. Qui pour reprendre le flambeau ?
Plusieurs joueuses ont un profil intéressant : Hannah Eurlings, Ella Van Kerkhoven, Davinia Vanmechelen… ou pourquoi pas à nouveau Wullaert (qui nous avait confié vouloir atteindre la barre des 100 buts en équipe nationale, elle en est à 68) ou de Caigny en les replaçant un peu plus haut (même si la n°6 a peu de chances de jouer ce jeudi).
Eurlings, Van Kerkhoven ou De Caigny ?
À 19 ans, Eurlings est considérée comme le grand talent de demain mais la Louvaniste n'arrive pourtant pas à faire exploser ses statistiques qui ne sont que de cinq buts en vingt-trois caps. Évidemment, évoluer aux côtés de son idole Wullaert peut aussi être impressionnant. "Elle n'a encore que 19 ans", défend Serneels. "Malgré son âge, elle a déjà montré pas mal de belles choses. Elle sait qu'elle doit prendre sa chance."
Si la présence de Eurlings dans le onze de base commence à sonner comme une évidence, elle va surtout devoir se montrer plus efficace à la conclusion. "Tout le monde voit ce qui lui manque : le dernier geste", lance Cécile De Gernier, ancienne Red Flame et consultante à la RTBF. "Sa présence et ses décrochages font du bien à Wullaert. Elle doit peut-être moins se poser de questions dans l'instant de vérité. C'est quelque chose qui se travaille. Si elle arrive à enchaîner les buts, la confiance grandira."
L’une des attaquantes en forme actuellement, c’est Van Kerkhoven. À 27 ans, la joueuse d’OHL a notamment planté dix buts en un seul match en Coupe de Belgique et semble avoir retrouvé son efficacité d’il y a quelques années. Son triplé en Arménie montre qu’elle peut aussi être une solution d’autant qu’elle a un profil différent, plus en physique et en impact là où Eurlings aime garder le ballon et jouer dans les petits espaces.
"Pour moi, Van Kerkhoven est surtout intéressante dans les 30 dernières minutes. Si maintenant, on veut jouer avec elle dès le début, alors il faut un bloc bien plus haut et des centres qui arrivent. Dans ce cas, la présence d'une Davinia Vanmechelen, avec Tessa Wullaert qui reste la seule indiscutable de cette équipe tant techniquement elle est au-dessus du lot, est une option séduisante."
D'autant que la néo-Brugeoise a trouvé son rythme de croisière dans la Venise du Nord se montrant décisive depuis l'entame de la saison. En sélection, elle n'a toutefois pour l'instant qu'un rôle de joker, elle n'a d'ailleurs pas disputé la moindre minute à l'Euro. "Elle est surtout intéressante dans un rôle hybride à la Eden Hazard : sur le flanc mais sans être sur le flanc. Une sorte d'électron libre. Davinia, elle a besoin de faire tourner le jeu autour d'elle."
Déplacer le problème
Ces lacunes devant le but adverse, elles interviennent surtout depuis les replacements de De Caigny et de Wullaert. Celles qui avaient pris l’habitude d’affoler les marquoirs ont reculé dans l’animation offensive. Au lieu d’être à la conclusion, elles sont désormais au début des actions alors que toutes les deux semblent plus apprécier la zone de finition.
"Tine est meilleure au milieu de terrain mais clairement, on peut constater que ces derniers temps, on joue moins bien avec elle", se désole l'ancienne joueuse du Standard. "Pour moi, au milieu, elle peut être incroyable mais elle doit rester une solution devant quand tu as des difficultés : de la taille, puissance, vitesse malgré les apparences et elle a déjà montré qu'elle avait le sens du but."
Leurs replacements s'expliquent aussi par l'absence dans le noyau d'une vraie distributrice capable d'orienter le jeu au milieu de terrain. Une Teulings avait montré de belles choses avant de redescendre dans la hiérarchie alors qu'on attend beaucoup à l'avenir de Marie Detruyer. "Elle est jeune et pour l'instant, elle a confié qu'elle apprenait plus en jouant avec les U19", souffle le coach. "À 18 ans, il ne faut pas brûler les étapes. Un corps de 18 ans n'est pas le même que celui d'une joueuse de 23 ans. Avec les différents staffs, on travaille pour avoir à l'avenir plus de profils à la Wullaert ou à la Biesmans. Ça prend du temps."
Si avoir De Caigny dans le milieu, comme à ses débuts, et Wullaert dos au but a permis au bloc belge de réaliser un bon Euro, il doit maintenant passer à l’étape suivante et apporter plus de solutions offensives.
"Pour moi, notre meilleur atout reste de jouer dans des transitions rapides", affirme De Gernier. "Je ne parle pas de contres mais faisons avec l'équipe qu'on a. Et avec Cayman, Dhont, Eurlings, Wullaert… utilisons leur vitesse, leur capacité à garder le ballon et à s'infiltrer. Car finalement, venant des backs, le jeu passe par le milieu. Il faut alors la capacité à s'infiltrer et pour ça la présence d'Eurlings avec Wullaert est une bonne chose. Ce sont des joueuses techniques."