Tedesco a fait l’unanimité: comment l'Union belge a choisi le sélectionneur des Diables rouges
Le technicien italo-allemand a séduit la task force de l’Union belge par sa préparation, pointue, ce qui a rappelé la manière dont Roberto Martinez avait séduit les décideurs de l’Union belge, en 2016.
Publié le 31-01-2023 à 22h59 - Mis à jour le 01-02-2023 à 09h18
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Quand il s’est présenté devant les membres de la task force pour défendre sa candidature, dans le dernier tiers du mois de janvier, Domenico Tedesco (37 ans) avait bien préparé son oral. Le technicien italien, assimilé allemand puisqu’il a débarqué en Allemagne à l’âge de deux ans, était un des six candidats rencontrés par le groupe de travail de l’Union belge, composé de Peter Bossaert (CEO de l’Union belge), Jelle Schelstraete (directeur technique opérationnel de l’UB), Sven Jaecques (Antwerp) et Pierre Locht (Standard) pour représenter le football professionnel, ainsi que Bart Verhaeghe en sa qualité d'” invité”.
Quand il a écouté la présentation de Tedesco, Verhaeghe a-t-il eu l’impression d’être ramené près de sept ans en arrière ? Pendant l’été 2016, alors avec Mehdi Bayat et Chris Van Puyvelde, le président du Club Bruges avait été séduit par la présentation de Roberto Martinez, la quarantaine à peine passée (43 ans alors), entraîneur de club pas trop connu, sinon parce qu’il avait entraîné Romelu Lukaku et Kevin Mirallas à Everton.
Comme le technicien espagnol, Tedesco a montré une grande détermination lors de sa présentation et une connaissance de son sujet. Son “approche claire et rafraîchissante”, selon les termes employés au sein du groupe de travail a été un des éléments déterminants, qui a pu faire la différence face à Peter Bosz, autre candidat auditionné et plan B en cas d’échec des négociations avec Tedesco.
Un contrat jusqu'à l'Euro 2024
En fin de semaine passée, la task force avait donné mandat à Peter Bossaert et Jelle Schelstraete pour négocier, en Allemagne, avec Tedesco. Ces derniers lundi et mardi, un rapprochement a été observé et un accord a été trouvé, avec une possibilité pour l’ancien entraîneur de Leipzig et Schalke 04 d’être accompagné de deux hommes de confiance : Andreas Hinkel, son adjoint, et Max Urwantschky, son entraîneur des gardiens.
Le dernier obstacle à régler était un accord que devait trouver Tedesco avec Leipzig, club qui l’a limogé en septembre dernier mais qui le paie toujours. Une fois cet élément réglé, la task force présentera le candidat retenu au conseil d’administration de l’Union belge. Dans un premier temps, ce CA était programmé le 16 février prochain, mais vu la rapidité d’avancée sur le dossier, il devrait être avancé à ce mercredi, en visioconférence. Si tout est réglé, un contrat portant jusqu'à l'Euro 2024 sera officialisé.
Domenico Tedesco sera accompagné de Frankie Vercauteren, comme directeur technique. L’ancien entraîneur d’Anderlecht (66 ans) a été retenu pour son expérience du haut niveau. L’association avec un jeune entraîneur doit permettre, selon l’Union belge, de toucher toutes les générations de l’équipe nationale, y compris la plus ancienne donc. Vercauteren, qui a eu notamment Kevin De Bruyne et Thibaut Courtois sous ses ordres à Genk, sera bien impliqué auprès des Diables rouges et des Espoirs.
L’aspect financier a-t-il été un élément qui a compté dans le choix de Tedesco ? Il semble qu’il n’a pas été un élément central, et si des candidats comme Joachim Löw, Andre Villas-Boas et Mauricio Pochettino ont été sondés, sans qu’ils aient fait acte de candidature, ils n’ont pas donné suite, pas intéressés. Parmi la centaine de candidatures qui a été envoyée à l’Union belge, celle de Thierry Henry n’est jamais arrivée sur la table de la task force, directement ou via un agent.
Frankie Vercauteren DT, pour amener l'expérience belge
Mais l’ancien adjoint de Roberto Martinez aurait aimé qu’on pense à lui, du côté de Tubize. Des joueurs, parmi lesquels Romelu Lukaku, avaient milité pour l’ancien champion du monde, et ce n’était sans doute pas anodin. Mais dans l’esprit des dirigeants fédéraux, le profil de Henry ne répondait pas aux attentes. Son expérience en club, à Monaco surtout, n’a pas convaincu, et il semble que l’Union belge voulait repartir sur des bases nouvelles, sans trop conserver ce qui pouvait rappeler l’époque Martinez.
Dans le même ordre d’idées, Michel Preud'homme n’a jamais fait acte de candidature, lui non plus, pour le poste de sélectionneur ou de directeur technique. Mais il aurait sondé l’un ou l’autre ancien équipier pour savoir si le projet pouvait l’intéresser. Sans aller plus loin.
Domenico Tedesco sera donc le prochain sélectionneur de la Belgique. Dans l’annonce que la fédération avait publiée le 13 décembre, quelques prérequis avaient été notés : expérience internationale ; serial winner avec une expérience de gestion des joueurs du top mondial ; savoir comment remporter des trophées dans des compétitions de renommée mondiale.
Vainqueur de la Coupe d’Allemagne avec Leipzig en 2022, le technicien italo-allemand n’a dirigé que quinze matchs sur la scène européenne, dont neuf de Ligue des champions, allant jusqu’en demi-finale de la Ligue Europa 2022 avec Leipzig. Les joueurs les plus reconnus qu’il a dirigés sont Gvardiol, Goretzka, Werner ou Nkunku. Cela ne ressemble pas tout à fait, en tous points, à la description de fonction souhaitée par l’Union belge.
Mais, vu de loin, le portrait ainsi dressé de Domenico Tedesco, dont la flexibilité est mise en avant, ressemble furieusement à celui de Roberto Martinez, quand il a débarqué. Si cela peut produire les mêmes effets, et amené la même dynamique des débuts avec le technicien espagnol, cela vaut peut-être le coup de tenter.