Alerte rouge sur les finances du foot belge (2/5): "La situation financière des clubs était devenue intenable", reconnaît Lorin Parys
Le CEO de la Pro League, Lorin Parys, assure que les règles de son plan seront bien appliquées et de façon homogène.
Publié le 07-02-2023 à 18h14
:focal(251x175.5:261x165.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/OYU3FVXUJVFQJH7VXEKX5SLWYI.jpg)
Les clubs de Pro League sont dans le dur financièrement. Face à ces risques de faillite, le CEO de la Pro League, Lorin Parys, défend un plan qu'il estime nécessaire pour redresser la situation. Et insiste: avec ces nouvelles règles, tout le monde sera logé à la même enseigne.
Lorin Parys, ce plan était-il impératif pour sortir de la spirale négative?
"La situation financière précaire s'était encore détériorée suite au Covid. C'était intenable. Je veux souligner que ce sont les clubs eux-mêmes qui se sont imposé ces règles, pour que le long terme soit plus ensoleillé. Cela demandait du courage. Nous avons aussi lancé la 'Pro League Business school', avec un premier jour de formation lundi 6 février. Des membres exécutifs de chaque club doivent suivre ces cours sur deux ans ainsi que de la post-formation, pour renforcer la qualité de gestion de nos clubs. Ce cursus est donné en collaboration avec l'Université d'Anvers."
Que vous êtes-vous dit lorsque vous avez découvert l'ampleur des problèmes financiers?
"Qu'il fallait agir, même si je savais déjà que ce n'était pas tout rose. Quand on voit que certains clubs dépensent 160% de leurs revenus en masse salariale, c'est la survie même du club qui est en jeu. C'est aussi la raison pour laquelle on a proposé un trajet sur cinq ans, pour voir une évolution et non pas pour faire la révolution. Ici, on suit la philosophie de l'UEFA en allant même plus loin, car nous sommes une des seules, si pas la seule ligue à appliquer ces règles pour tous les clubs des deux premières divisions."
La majorité de nos clubs sont aux mains d'investisseurs étrangers: pourquoi accepteraient-ils d'être sanctionnés tout d'un coup pour ces dérives financières?
"Honnêtement, ça a été bien reçu. Le principe acté en juin a été coulé dans des textes qui ont été votés en septembre à plus de deux tiers des voix. C'est accepté parce que les clubs voient que les règles sont les mêmes pour tout le monde. Et ils savent que ce sera difficile, mais nécessaire pour leur survie. Beaucoup de clubs me disent en ce moment sans que je leur demande qu'ils sont en train de travailler sur leurs fonds propres pour remplir la condition de licence déjà imposée à partir de cette fin de saison."
Il faudra 2/3 des voix pour changer ces règles, donc les clubs ont bien réfléchi avant de les voter.
Ne craignez-vous pas de subir un lobbying des clubs pour revenir sur ces règles?
"Depuis que je suis devenu CEO, j'ai appris à dire non. Si on demande aux clubs à avoir une gestion saine via de nouvelles règles, il faut être conséquent et les appliquer. Les sanctions prévues, qui peuvent être cumulatives, démontrent notre sérieux. On peut toujours changer une règle pour des circonstances exceptionnelles comme le Covid. Mais sans cas de force majeure, il faudra deux-tiers des voix de l'assemblée générale pour la changer. Autant dire qu'on a bien réfléchi."
Petit ou gros: tout le monde sera-t-il bien traité à la même enseigne?
"Sans aucun doute. J'aime les 26 clubs professionnels de la même manière. De toutes manières, ce n'est pas moi qui décide, mais une commission des licences indépendante. Pour rappel, le département des licences ne fait plus partie de la Pro League mais de l'Union belge. Peu importe que vous soyez un grand ou un petit club, ce sont les mêmes règles et c'est essentiel pour l'intégrité de la compétition."
Que répondez-vous à ceux qui disent que ce plan risque de provoquer la mort de certains clubs car des actionnaires majoritaires vont quitter le navire?
"La réaction même de nos dirigeants me convainct que ce ne sera pas le cas. On a pris ces décisions précisément pour la survie de nos clubs. Si de nouveaux investisseurs veulent arriver sur le marché belge, ils devront accepter cette règle. Et ceux qui sont déjà présents ont marqué leur accord avec plus de deux-tiers des voix."