Domenico Tedesco, l’entraîneur à l’ordinateur: “Mais je ne dors pas avec mon ordi”
La présentation du nouveau sélectionneur, plutôt convenue, n’a pas été un instant déterminant pour en savoir plus sur son projet de jeu ou ses intentions. Il a un objectif, une qualification pour l’Euro 2024.
Publié le 08-02-2023 à 20h01 - Mis à jour le 08-02-2023 à 20h02
Une candidature tient parfois à peu de chose. Dans la salle d’attente de son dentiste, Domenico Tedesco a vu passer l’annonce du départ de Roberto Martinez, dans la foulée de l’élimination de la Coupe du monde. “J’ai fait une capture d’écran et j’ai demandé à mon agent : que dois-je faire pour avoir ce job ?” Quelques semaines plus tard, l’entraîneur italo-allemand a été présenté, lors d’une conférence de presse, ce mercredi, qui a duré un peu plus de quarante minutes. Le résumé, un poil caricatural, est qu’il a été dans la continuité de Roberto Martinez, d’un point de vue médiatique. Pas de vague, du respect pour tout le monde et une grande envie de faire progresser le football belge. Mais encore ?
Son style : “Je ne sais pas encore si j’opterai pour la défense à trois”
Domenico Tedesco est surnommé laptoptrainer, soit l’entraîneur à l’ordinateur, en raison de sa connexion permanente à l’ordinateur et de son goût prononcé pour les datas. Quand il a été interrogé sur ce surnom, il a poliment souri, pour dire : “Je n’utiliserais pas ce mot, mais vous pouvez me définir comme ça. Je suis souvent sur l’ordinateur, c’est une question de génération, mais rassurez-vous, je ne dors pas avec mon ordinateur.”
Plus jeune sélectionneur du monde, à 37 ans, Tedesco a pris un virage important dans sa carrière, très tôt, privilégiant la vie de sélection à la vie de club. “C’est une question que je me suis posée, a-t-il admis. Mais, à mon sens, le plus important est de penser football tout le temps, d’être proche des gens, même si je serai moins sur le terrain.” Il a été approché par le Club Bruges, pour remplacer Carl Hoefkens, mais il n’a pas voulu s’aventurer sur ce terrain. “Je préfère ne pas parler de ces sujets.” Bart Verhaeghe, membre de la task force, dans un subtil mélange des genres, l’avait sondé avant l’équipe nationale, pour le compte du Club…
Je ne dors pas avec mon ordinateur
Prudent sur ses choix tactiques, Tedesco n’a donné aucune indication au sujet de ses intentions de jeu, sinon qu’il aime le jeu de possession et le pressing. La défense à trois ? “Je ne sais pas encore, le tout est de rendre les joueurs à l’aise dans un système.” Il n’a pas été plus disert sur ce qu’il pense pouvoir apporter à l’équipe – “je laisse les autres parler pour moi”.
Quant aux axes de travail qu’il souhaiterait mettre en place pour faire progresser les Diables rouges : “C’est délicat d’en parler, car, quoi que je dise, ce sera interprété comme une critique vis-à-vis de mon prédécesseur (Roberto Martinez).” Il faudra attendre les premiers matchs, fin mars (le 24 en Suède, lors des qualifications pour l’Euro 2024 puis le 28 en Allemagne pour un match amical), pour en savoir plus sur les intentions.
Ses choix : “Ce n’est pas l’âge mais la qualité qui importe, les anciens peuvent être performants”
Après l’échec de la Coupe du monde, Domenico Tedesco sait où il met les pieds. Il a regardé les trois matchs de la phase de poules ainsi que le match amical en Égypte. Il n’en a rien dit, sinon pour dire que “cela s’est joué à peu de choses” contre la Croatie. Il s’est autorisé cette phrase, tout de même : “Je veux comprendre quels problèmes ont rencontré les joueurs pendant la Coupe du monde.”
Deux individualités ont été invitées dans la séance de questions-réponses : va-t-il essayer de convaincre Eden Hazard de revenir en sélection ? Et comment va-t-il rendre le sourire à Kevin De Bruyne ? Pour Hazard, Tedesco a dit : “Quand un joueur arrête, il a ses raisons.” Il prendra le temps de discuter avec les joueurs, qu’il apprendra à connaître dans les prochaines semaines. Au sujet de Kevin De Bruyne, il a glissé : “S’il ne souriait pas, il y avait une raison. Mais plus que le sourire, c’est l’envie que je veux amener.”

Le changement de génération a été un débat, avant, pendant et après la Coupe du monde. Faut-il laisser les anciens de côté, pour repartir d’une feuille blanche, avec la jeunesse ? En disant qu’il aura peu de temps pour remplir son premier objectif, une qualification pour l’Euro 2024, Domenico Tedesco a donné une première idée. Le changement, ce ne sera peut-être pas pour tout de suite. L’annonce de sa première liste, programmée à la mi-mars (le 16 ou le 17), donnera une première indication. Mais, assure-t-il, “plus que l’âge, c’est la qualité qui importe. On peut avoir une équipe à la moyenne d’âge de 24 ou 29 ans, l’essentiel est d’être performant. Les anciens peuvent être performants.”
Son présent et son futur : Pro League et discussions avec les Diables
Sous contrat jusqu’en juin 2024, Domenico Tedesco s’est déjà mis au travail. Il a regardé plusieurs matchs de Pro League, “une ligue avec beaucoup de talent”, et il va donc prendre contact avec quelques Diables, dans les prochains jours, en prévision du rassemblement de mars. Des Diables qui ont été tenus informés, via leur conseil de joueurs (dont De Bruyne, Lukaku, Courtois et Vertonghen), du processus de sélection. “Ils n’ont pas été consultés, mais informés”, a précisé Peter Bossaert, le CEO de la fédération.
Certains avaient milité pour la venue de Thierry Henry, à l’image de Romelu Lukaku, et d’autres ont dit ne pas connaître Tedesco. “C’est normal, tout le monde ne regarde pas la Bundesliga”, a évacué le nouveau sélectionneur, qui veillera à se détacher assez vite de l’ombre potentiellement encombrante de Roberto Martinez. La qualification pour l’Euro sera une obligation. “Ce ne sera pas simple”, a glissé le successeur de Martinez.
Pour rappel, la Belgique est dans un groupe avec la Suède, l’Autriche, l’Estonie et l’Azerbaïdjan. Les deux premiers sont qualifiés, et un repêchage est encore possible via le classement de la dernière Ligue des nations. Pendant un instant, à entendre Tedesco, on a eu l’impression d’entendre Roberto Martinez…