Vandenhaute sous pression depuis l'article de Humo: "La situation était déjà compliquée et devient encore plus complexe"
Anderlecht se dit indigné par l’article de Humo qui fragilise encore plus son président qui a avoué qu'il est payé: les supporters veulent vraiment sa peau.
Publié le 08-02-2023 à 11h25 - Mis à jour le 08-02-2023 à 11h26
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Une nouvelle bombe a explosé à Neerpede. L’hebdomadaire Humo a dévoilé que le président Wouter Vandenhaute facture chaque année 500 000 euros à Anderlecht. Dans la foulée, le magazine a ajouté le salaire que touchait le CEO Peter Verbeke : 550 000 euros par an. Même certains joueurs pro ne gagnent pas autant. Les supporters veulent plus que jamais la peau de Vandenhaute, le Sporting est indigné et parle de “contrevérités” dans l’article, mais ne cite pas lesquelles.
Vandenhaute n’a jamais caché qu’il était rémunéré en tant que président. Dans le podcast MidMid du 30 décembre 2021, il déclarait : “Je suis honnête : jusqu’à présent, je n’ai pas encore été payé (NdlR : officiellement, il était président depuis le 6 janvier 2021). Mais à partir de maintenant, cela va changer.” Il n’a évidemment pas cité de chiffres.
J'ai bien gagné ma vie. Je suis content de pouvoir dépenser mon argent pour une bonne raison: parce que j'aime mon club.
Jusqu’à présent, Anderlecht lui a même coûté de l’argent, vu qu’il a introduit une partie de sa fortune dans le club. En effet, avec l’aide de son partenaire d’affaires Geert Duyck, il a créé la société Mauvavie qui a mis 24 millions dans le Sporting en échange de 26,29 % des actions.
Dans ce même podcast, il déclare à ce sujet : “J’ai réalisé un parcours fantastique dans les médias, dans le cyclisme et dans le football. J’ai très bien gagné ma vie. Je ne dois donc plus me faire de grands soucis financiers. Je suis content de pouvoir dépenser cet argent pour une bonne raison : parce que j’aime le club. C’est un privilège de pouvoir être le patron d’Anderlecht. Heureusement que j’ai une femme intelligente (NdlR : Catherine Van Eylen est présentatrice de programmes sportifs à la VRT) qui me garde avec les pieds sur terre mais qui sait que je vais suivre ma passion. Quand Marc Coucke m’a approché la première fois, la première réaction de ma femme était : ‘Que Coucke résolve sa m… lui-même.’ Mais elle sait que mon cœur se situe à Anderlecht. Je remercie ma femme d’avoir accepté que je sois président et qu’elle est d’accord qu’on mette notre argent dans le club.”
Humo révèle également que Vandenhaute facture au nom de sa société Huppeldepup, qui est inscrite à son nom et au nom de son épouse – Catherine Van Eylen, une présentatrice de programmes sportifs à la VRT. La VRT soutient Van Eylen, tout en précisant qu’elle ne traite pas des sujets où son mari est impliqué. La VRT a également annoncé que Van Eylen allait revoir son rôle au sein de la société Huppeldepup.
Je ne connais pas d'autre président qui se facture 500.000 euros. Il n'a presque pas d'autre choix que de s'en aller.
Et que pensent les spécialistes des 500 000 euros que Vandenhaute facture à Anderlecht depuis l’année passée ? “Normalement, un président ne facture pas de telles sommes, explique Trudo Dejonghe, économiste du sport à la KU Leuven. Je ne crois pas que Bart Verhaeghe fasse cela à Bruges. Vincent Mannaert gagne bien sa vie au Club, mais il y travaille en tant que directeur général. 500 000 euros, c’est une prime qui m’intéresserait aussi. (Rires) Et Vandenhaute n’a quand même pas besoin de cet argent ? Il a assez de revenus à gauche et à droite. À Anderlecht, on n’entend que le mot ‘épargner’, mais lui, il se fait quand même un cadeau annuel de 500 000 euros.”
Selon Dejonghe, Vandenhaute aura toutes les peines du monde à garder son poste. “Plus que jamais, les supporters vont réclamer sa tête. La situation était déjà compliquée et devient encore plus complexe. Il n’a presque pas d’autre choix que de s’en aller. Pourtant, je trouvais qu’il était quelqu’un de correct et d’intelligent. Mais lui, il regarde le long terme. Les supporters, eux, veulent des résultats à court terme.”
Roger Vanden Stock a-t-il donc été naïf d’être un président non-rémunéré ? Dejonghe sourit : “Pas du tout. Il a touché le pactole en revendant Anderlecht…”
Stijn Baert, professeur d’économie à l’UGent, n’était pas étonné en apprenant que Vandenhaute est rémunéré. “Dans le monde des affaires, c’est une chose courante. Combien de politiciens ne siègent pas dans le Conseil d’Administration de grandes sociétés ? Stefaan De Clerck, Karel De Gucht, Guy Verhofstadt : ils le font tous. En échange de leur expérience et de leur connaissance, ils sont payés. Vu que Vandenhaute n’est plus que président 'non-exécutif', il serait toutefois logique que sa rémunération soit revue à la baisse.”
Dans le monde du football, la rémunération des présidents est un sujet délicat. Baert : “Il existe une certaine tradition de bénévolat dans le football. Mais c’est de moins en moins le cas. Citez-moi un président qui ne songe qu’au prestige et à sa popularité. Moi, je n’en connais pas. Je connais des présidents qui n’étaient soi-disant pas payés. Mais quand le club faisait un gros transfert sortant, ils passaient aussi par la caisse…”
Vin à 300 euros, factures de resto à plus de 2000 euros : les autres reproches de Humo
Les 500 000 euros et 550 000 euros de Vandenhaute et Verbeke ne sont pas le seul thème sensible abordé par Humo. Voici d’autres reproches qui leur sont faits.
- Selon Humo, les deux étaient appelés “les psychopathes” à Neerpede. Et le surnom de Verbeke était “le petit Nazi”. Une source anonyme déclare : “J’ai vu des adultes pleurer quand ils se faisaient insulter et crier dessus par Verbeke.”

- Quand Vandenhaute allait manger à midi avec Verbeke et Kompany, il allait dans un restaurant huppé à Uccle. Il commandait des bouteilles de vin à 300 euros. Les factures dépassaient les 2 000 euros et étaient payées par le club.
- Après le pénible début de championnat 2021-2022, Vandenhaute et Verbeke auraient appelé plusieurs joueurs pour les sonder au sujet de Vincent Kompany. Ces coups de fil ont eu lieu derrière le dos de Kompany, mais les joueurs – qui étaient pro-Kompany – en ont informé leur entraîneur. Kompany a sauvé sa peau en allant gagner à Charleroi, mais sa relation avec la direction était devenue toxique. À la fin de la saison, Kompany a demandé plus de pouvoirs sportifs afin que Vandenhaute et Verbeke se mêlent moins de son travail, ce qui lui a été refusé. Les deux parties se sont séparées.
- Malgré sa promesse de ne plus prendre de décisions sportives – depuis le 13 janvier, il est président non-exécutif à la demande du Conseil d’Administration du club – il s’est mis autour de la table avec les agents d’Aït El Hadj pour finaliser son transfert à Genk.
Anderlecht n’accepte pas les termes “nazi” et “psychopathes”
Dans le courant de l’après-midi, Anderlecht a réagi à l’article paru dans Humo via le communiqué suivant : “Le RSC Anderlecht souhaite se dissocier de l’image unilatérale de la gestion du club, basée sur des sources sélectives et anonymes. L’article contient des contrevérités et le club est indigné par l’utilisation de termes tels que nazi et psychopathes. L’image d’un club à la dérive et d’un actionnaire majoritaire qui souhaiterait vendre le club (NdlR : Selon Humo, Coucke veut vendre le club) est en contradiction avec la réalité d’aujourd’hui. La direction accorde une grande importance à une gouvernance transparente et souhaite construire l’avenir en sérénité.”