La nouvelle vie de Radja Nainggolan à la SPAL : “L’Antwerp m’a traité comme un parasite”
Mise en demeure, noyau B, menaces de C4, litige financier, interdiction de signer en Belgique : depuis l’Italie où il joue en D2, Radja Nainggolan vide son sac.
Publié le 11-02-2023 à 10h53
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Après avoir passé trois mois dans le noyau B de l’Antwerp, Radja Nainggolan (34 ans) est à nouveau footballeur. Pas en D1 belge ni en Serie A, mais en Serie B, où il défend les couleurs de SPAL, le 17e sur 20 clubs en Serie B, la D2 italienne.
Dimanche passé, ses débuts ne sont pas passés inaperçus dans le match contre Bari. Monté au jeu à 0-3 à la 51e (l’ex-Anderlechtois, Esposito, a marqué pour Bari) et clairement encore en surpoids, il a donné un assist et a marqué un but, mais cela n’a pas suffi pour décrocher un point (3-4). Par contre, sa popularité est énorme à Ferrara, la petite ville pittoresque proche de Bologne.

Depuis la signature de Radja, la vente de maillots a quintuplé dans le fanshop. “On reçoit des commandes de l’Europe entière, d’Asie et même des États-Unis et du Canada, dit le chef de presse. En ce moment, on est en rupture de stock de chiffres 4, vu que Radja joue avec le 44.”
Si Radja a choisi la SPAL, c’est pour son entraîneur, Daniele Di Rossi, qui a été pendant cinq ans son coéquipier à la Roma. “On a toujours été très proches, avoue Nainggolan. On a connu des moments formidables avec Spalletti comme coach et Totti comme capitaine. Quand mon contrat à l’Antwerp a été résilié, De Rossi m’a appelé et m’a demandé, en rigolant : ‘Tu es en train de faire quoi ? Viens m’aider ici à la SPAL !”
Defour voulait que je m’entraîne à Malines, Gand s’est informé, tout comme Zulte Waregem. Mais l’Antwerp a joué un sale jeu.
Nainggolan n’a pas répondu par l’affirmative à De Rossi. “J’avais des touches en Turquie, en Serie A à Vérone et à la Sampdoria. Mais quand on a parlé argent, cela s’est compliqué. Quelques clubs belges me voulaient aussi. Defour voulait que je m’entraîne à Malines, Gand s’est informé, tout comme Zulte Waregem. Mais l’Antwerp a joué un sale jeu. Ils m’ont fait signer une clause selon laquelle je devrais leur payer une somme importante si je signais dans un club belge.”
Finalement, Nainggolan a rappelé De Rossi : “J’ai réfléchi à la blague qu’il avait faite, et je me suis dit que ce serait une belle histoire. De Rossi m’a convaincu en me disant que Ferrara était une superbe ville. Il m’a bien eu. Certes, la ville est belle. Mais elle est morte. Il n’y a aucune activité. Elle est si petite que les joueurs viennent à l’entraînement à vélo. Vous me voyez déjà arriver à vélo ? Et je joue pour des cacahuètes. Mais ce n’est pas grave. J’ai gagné assez d’argent dans ma carrière.”
À l’Antwerp, il était de loin le joueur le mieux payé et le président Paul Gheysens attendait donc des miracles de sa part. Radja s’est longtemps tu. Mais maintenant, il vide son sac. “J’aurais dû savoir au début de cette saison qu’ils voulaient se débarrasser de moi quand Overmars a été chercher Ekkelenkamp de l’Ajax. L’Antwerp lui a promis du temps de jeu, sinon il serait parti à Bruges. Il n’est pas mauvais, mais il n’est pas meilleur que moi. Je sentais qu’on me poussait vers la porte de sortie. Au lieu de me le dire en face. Je suis un grand garçon, j’ai l’habitude d’encaisser. Pourquoi tourner autour du pot ? J’aurais pu me chercher un nouveau club. Puis, hélas !, j’ai commis une grosse erreur dont l’Antwerp a profité.”
Après avoir vapé en public au Standard, j'étais prêt à verser 50 000 euros à une association qui lutte contre le cancer. Mais l'Antwerp m'a mis en demeure.
Radja fait allusion à l’incident avant Standard – Antwerp, quand il a fumé une cigarette électronique alors que la caméra d’Eleven était braquée sur lui. “C’était bête et j’étais prêt à en assumer les conséquences. J’aurais voulu payer une amende de 50 000 euros, qu’on aurait pu offrir à Kom op tegen Kanker (NdlR : une association qui récolte des fonds pour combattre le cancer). L’argent, je m’en fiche. Mais au lieu de cela, l’Antwerp m’a mis en demeure et y a ajouté des petites fautes que j’ai commises. Comme une arrivée tardive à l’entraînement et ma vidéo dans laquelle je rigole avec le toit du stade qui s’est envolé. Si j’avais encore commis la moindre faute, j’aurais été viré sur le champ.”
Nainggolan ne croit pas que van Bommel a décidé de le mettre dans le noyau B. “S’il dit que c’est lui, c’est un menteur. Avec 100 % de certitude : c’est la décision du président. Les joueurs ont demandé à Overmars de me reprendre dans le noyau A – cela m’a fait chaud au cœur – mais personne n’ose contredire Gheysens.”
Je ne pouvais plus rentrer par l'entrée principale, ma montre a été volée dans le vestiaire des jeunes...
Dans le noyau B, Nainggolan s’est comporté de façon exemplaire. “Je n’ai plus fait d’erreurs. Mais vous ne vous imaginez pas de quelle façon j’ai été traité. C’était du jamais vu. Je ne pouvais plus rentrer par l’entrée principale du stade, je ne pouvais venir au club que quand il n’y avait personne du noyau A, je devais changer de vestiaire chaque jour. On m’a traité comme un parasite. Ma montre a même été volée parce que des joueurs des équipes de jeunes pouvaient rentrer et sortir du vestiaire.”
Quand Gheysens a donné une interview dans laquelle il a déclaré que Nainggolan ne faisait pas de son mieux, Radja n’en croyait pas ses oreilles. “Qu’est-ce qu’il pensait ? Que je pouvais jouer en Nationale 1 avec les U23 ? Je n’avais pas le droit de jouer avec eux ! Il aime donner des interviews sensationnelles. Mais croyez-vous qu’il m’a appelé ne fût-ce qu’une seule fois ? Jamais !”

Et puis, il y a eu un litige financier entre Radja et l’Antwerp. “Quand j’ai signé, on m’a promis une prime à la signature de 2 millions. Je recevrais déjà 1 million en septembre 2022. Mais le 10 novembre, seulement deux joueurs n’avaient pas encore reçu leur argent : moi et Bjorn Engels, encore un gars qu’ils traitent comme de la m… Quand on m’a versé dans le noyau B, je me sentais tellement humilié que je voulais partir. J’ai proposé de rompre mon contrat. J’étais prêt à laisser tomber 1 million de ma prime à la signature. Le premier million a été versé sur mon compte cette semaine. Je lis dans les journaux que Radja a mis 1 million dans sa poche en partant. Alors que j’ai laissé tomber 1 million !”
Et puis, il y a cette clause qui l’a empêché de signer en Belgique. “La principale raison de mon retour en Belgique était la possibilité de pouvoir revoir mes filles. Dans le passé, je ne les voyais que pendant les vacances. Là, on habitait à nouveau sous le même toit. Gheysens, Overmars et van Bommel savaient combien j’y attachais de l’importance. J’aurais voulu rester en Belgique pour elles. Mais Gheysens m’a forcé à quitter le pays. Il est peut-être un grand homme d’affaires, mais c’est tout. L’Antwerp a détruit mon plaisir de jouer au foot. Pas grave, je le retrouverai ici. Mais le fait de devoir abandonner mes filles, je ne le pardonnerai jamais à Gheysens.”