Le mois de décembre complètement fou de Roberto Martinez, lorsqu'il a quitté les Diables rouges
Jesse De Preter, l’avocat de l’ancien sélectionneur des Diables rouges, retrace le mois de décembre complètement fou de Roberto Martinez.
Publié le 23-03-2023 à 07h52 - Mis à jour le 23-03-2023 à 08h58
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Premier décembre, l’histoire s’arrête. Celle de Roberto Martinez à la tête des Diables rouges. Après six ans et trois grands tournois dont une demi-finale historique à la Coupe du monde 2018, le sélectionneur a décidé de ne pas viser un nouveau mandat, laissant son contrat arriver à son terme. Un bon mois plus tard, surprise, il est annoncé en tant que nouveau sélectionneur du Portugal. La Seleçao a remercié Fernando Santos après l’élimination 1-0 en quart de finale au Qatar face au Maroc. Une grande désillusion pour une génération portugaise de qualité. Voici comment Roberto Martinez a pris sa place.
Un coup de fil du Mexique
Retour à début décembre. Le lendemain de l’élimination, Roberto Martinez sent son téléphone vibrer et voit apparaître le nom de Jesse De Preter sur son écran. “Il a décroché mais ne pouvait pas trop parler car il montait dans l’avion avec l’équipe pour rentrer en Belgique, dit son avocat. À la base, je ne voulais pas vraiment l’ennuyer si peu de temps après l’élimination car j’avais déjà compris, vu le tournoi et ce qui s’était passé avant, qu’il n’allait pas continuer.”
De Preter a toutefois une question importante à lui poser et ne pas attendre. “J’avais eu, par hasard, un contact avec la fédération mexicaine. Ce n’était pas que pour parler de lui mais ils ont abordé sa situation et m’ont demandé ce qu’il comptait faire. Leur coach venait de démissionner et il y avait encore des données administratives à régler. Ils m’ont quand même dit être très intéressés. Le Mexique organise la Coupe du monde, est un vrai pays de foot et pensait faire une offre financièrement intéressante à Roberto. J’ai quand même voulu l’en informer sur le moment et lui demander si je lançais des discussions.”
Il ne voulait pas s’arrêter
L’idée est lancée mais De Preter laisse son client rentrer en Belgique avant de se mettre à table avec lui et discuter de l’avenir. “Je lui ai dit qu’il avait deux options : trouver un nouveau défi le plus vite possible ou alors s’arrêter un petit moment. Il m’a dit qu’il voulait reprendre du service directement. En équipe nationale ou en club, seul le projet comptait.”
Il a été approché par la Pologne et plusieurs clubs, notamment de Premier League.
Le timing de la Coupe du monde ne joue pas en sa faveur. “Connaissez-vous beaucoup de clubs qui ont des bons résultats et cherchent un entraîneur en janvier?”, plaisante De Preter. Certaines formations – “toutes issues de championnats du Big 5 et notamment de Premier League” – l’ont approché mais aucun projet ne l’a vraiment convaincu. “Ils n’entraient pas dans les critères posés par Roberto. Malgré l’insistance de certains, nous n’avons pas donné suite.”
Avant de recevoir l’offre du Portugal, le téléphone de De Preter a chauffé. “Nous avons eu la chance de pouvoir compter sur la réputation positive de Roberto car nous avons reçu des coups de fil spontanés. La Pologne, par exemple, s’est intéressée à lui.”
Le Portugal l’a appelé en direct
Le Portugal, lui, n’est pas passé par un intermédiaire et a choisi de directement téléphoner à l’ancien coach de la Belgique. “Je lui ai dit : ‘Je ne connais rien au football, mais le Portugal a une superbe équipe et il y fait plus beau qu’en Belgique (rires).’ C’était une belle opportunité mais tout n’était pas simple.”
Le Portugal n’a pas pour tradition de prendre des entraîneurs étrangers. Depuis Scolari, parti en 2008, seuls des Portugais ont coaché la Seleçao. “Puis, il y avait cette situation difficile autour de Cristiano Ronaldo. Mais Roberto Martinez savait qu’il y avait du talent dans l’équipe actuelle et dans les nouvelles générations. Il m’a demandé de négocier.”
Tout s’est ensuite enchaîné. Les deux parties ont rapidement annoncé vouloir collaborer. “Mais tout devait aller vite car c’étaient les vacances de fin d’année. Je me souviens avoir passé la soirée de mon anniversaire, le 30 décembre, et la Saint Sylvestre à finaliser les contrats et à passer des coups de fil avec la fédération portugaise.”
Ronaldo comme premier défi
En une grosse semaine tout est réglé et le 9 janvier, Roberto Martinez a été annoncé en tant que nouveau sélectionneur. Il a été accueilli par des doutes et des critiques. “Il a pris ça comme un défi car il sait que la fédération croit en lui. Il a prouvé qu’il avait un talent pour gérer de grands joueurs et travailler en équipe nationale comme s’il était un manager de club.”
Il vient de poser son premier grand choix en sélectionnant Cristiano Ronaldo, parti en Arabie saoudite depuis quelques mois. Après seulement quelques jours de mandat, il a profité de la Supercoupe d’Espagne, disputée dans le nouveau pays de CR7 pour se mettre à table avec lui. L’avenir dira s’il a fait le bon choix. Et pareil pour le Portugal.