Champion ou pas dimanche, Karel Geraerts a déjà réussi sa première saison de T1 avec mention
L’entraîneur de l’Union Saint-gilloise, “rookie” comme T1, peut déjà être sacré champion, dimanche. Et l’Union peut lui dire merci.
- Publié le 01-06-2023 à 11h36
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Si l’Union est sacrée championne ce dimanche 4 juin devant son public et le Club Bruges, sur le coup de 20h30, elle le devra forcément en bonne partie à son entraîneur. Plan A de la direction saint-gilloise à la fin de la saison 2021-22, une fois que Felice Mazzù a décidé de poursuivre sa carrière à quelques kilomètres du stade Marien, Geraerts était une option aussi audacieuse qu’évidente.
Le collectif avant tout
Audacieuse, parce que l’ex-médian défensif n’avait jamais endossé le costume de T1 dans sa deuxième carrière qui l’avait vu porter ceux de directeur sportif à Ostende et d’adjoint à l’Union. Et parce que s’il est passé dans des clubs belges prestigieux (Bruges, Standard) et s’il a été Diable rouge, le Limbourgeois n’a jamais cherché à se démarquer, ne dégageant pas forcément une aura de meneur d’hommes, dans sa première carrière. Probablement est-ce dû à son tempérament : Geraerts était, et est toujours, avant tout un homme du collectif. Un joueur au service des créatifs, qu’ils s’appellent Conceiçao, Perisic ou Vargas. “Karel était un joueur qui faisait de son mieux pour l’équipe, pas pour lui. La performance de l’équipe était la plus importante et il savait qu’il brillerait si l’équipe brillait”, nous disait d’ailleurs son ancien T1 brugeois, Adrie Koster, en début de saison.
20 ans après son seul titre de champion
Une chose est sûre au crépuscule de sa première saison de T1 : Geraerts-l’entraîneur jure toujours par le collectif. Et s’il n’est pas le plus spectaculaire en bord de terrain, ni le plus truculent en interview, cela ne signifie pas qu’il manque de personnalité. On peut l’affirmer sans prendre de risque : cette casquette d’entraîneur lui va bien. Le 57e match de sa jeune carrière de coach pourrait, déjà, le voir être sacré champion de Belgique. Ce serait un beau clin d’œil au destin, puisque celui qui est pourtant passé par deux des plus grandes écuries belges n’a été champion en tant que joueur qu’à une reprise. C’était pour sa première véritable saison dans un noyau A, en 2002-03, avec Bruges, et il faut bien dire que son rôle n’avait pas vraiment été majeur : il n’avait alors que 21 ans et avait dû se contenter de huit bouts de matchs. Après ça ? Plus rien… si ce n’est de frustrantes deuxièmes places avec le Club (2003) et le Standard (2006).
L’option Geraerts était aussi une évidence, tant il incarnait la continuité. Il a appris, en trois saisons, à nouer une relation de confiance avec la direction unioniste : jamais un mot de travers à l’égard de celle-ci, qui a bien travaillé pour remplacer Undav, Mitoma et Nielsen, même si le nombre limité de joueurs belges contraint l’entraîneur à jongler avec ses étrangers, parfois. Ses dirigeants espèrent évidemment le conserver la saison prochaine et ont déjà fait savoir qu’ils lui préparent un contrat revalorisé. Il faudra voir si tout le monde s’y retrouve.
Une équipe plus joueuse
Reste à espérer pour les supporters de l’Union que le T1 à succès restera à bord, même si les sollicitations ne manquent pas. Car Geraerts y est pour beaucoup dans la réussite de cette saison de la confirmation. S’il n’y a pas eu de révolution tactique à l’été 2022, il y a tout de même eu une réelle évolution dans le jeu unioniste, par rapport à la saison passée. L’adjoint de Mazzù était déjà très impliqué dans les choix stratégiques. Une fois devenu T1, il a changé certains préceptes, tout en conservant le 3-5-2 à succès : davantage de possession, moins de recherche de la verticalité à tout prix, moins de dégagements et un peu plus de prise de risques, pour lancer les actions de l’arrière, en s’appuyant sur le bon jeu au pied d’Anthony Moris.
L’Union 2022-23 a été un peu plus joueuse que la saison passée et a tiré davantage au but, marquant quasiment le même nombre de fois (77 en 39 journées, pour 80 la saison passée).

C’est au niveau défensif que la différence est la plus marquée : l’équipe de Geraerts a concédé moins de tirs adverses… mais plus de buts, au final (46 contre 39). L’effectif de Mazzù s’encombrait moins de fioritures, dégageait plus volontiers au loin et disputait plus de duels défensifs.
Enfin, la touche Geraerts, c’est aussi le passage à une défense à quatre lorsque le scenario du match exige de mettre plus de pression offensive ; une prise de risque que n’effectuait jamais Mazzù, qui devait opérer avec un banc moins fourni, il faut bien le dire. Retirer un défenseur central et faire coulisser Loïc Lapoussin au poste d’arrière gauche, pour faire monter un pion créatif supplémentaire : voilà un plan B régulièrement utilisé par le T1, avec un certain succès. Il lui a permis de renverser la vapeur contre Braga, à Anderlecht, à Courtrai ou encore à l’Antwerp, dimanche passé. Si l’Union en est là aujourd’hui, c’est grâce à un noyau au moins aussi fort que la saison passée, mais aussi grâce à l’audace tactique de son entraîneur, qui préfère perdre en ayant essayé quelque chose. Et qui fait l’unanimité, à Saint-Gilles. Il ne manque plus qu’un titre pour ponctuer une si belle première campagne.