Carl Hoefkens commence à s'impatienter des difficultés du Standard: "On doit être honnête, on ne peut pas jouer le top 6"
L’entraîneur du Standard commence à s’agacer par la tournure que prend le mercato. Il a aussi sa part de responsabilités dans les difficultés d’une équipe qui n’a toujours pas gagné.
- Publié le 04-09-2023 à 09h00
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Il a quitté la salle de presse en glissant, dans un sourire : “Dans les quatre prochains jours, je ne vais penser qu’au mercato.” C’était la dernière allusion à un marché des transferts que Carl Hoefkens ne veut pas aborder sur le fond – “je ne dirai pas combien de joueurs je veux ni les profils qu’on cherche” – mais qu’il n’a pas hésité à utiliser pour expliquer, pour partie, les difficultés du Standard, tenu en échec par le RWDM (1-1), toujours sans succès, et quatorzième au bout de six journées. Carl Hoefkens est un jeune entraîneur, mais il connaît trop bien le milieu pour savoir comment il fonctionne et sur quels ressorts il s’appuie quand cela va mal. Alors il se fait (un peu) plus offensif.
Sa communication devient plus directe
Carl Hoefkens s’est plaint, pour la première fois, de la manière dont le mercato du Standard se déroule. S’il a toujours dit, et l’a encore dit samedi soir, qu’il attendra la fin du marché (le 6 septembre) pour faire un premier bilan et fixer un cap, le technicien liégeois a tout de même glissé : “C’est irritant d’avoir dû jouer six matchs de championnat sans avoir un noyau complet. On a besoin de plus d’expérience.” Il a envoyé une pique à sa direction, l’air de rien, en disant sa déception “de voir notre capitaine (Aron Donnum) s’en aller (à Toulouse) un ou deux jours avant un match. Ce n’était pas le contexte idéal pour lancer un jeune (Canak), même si je suis content de la réaction de Cihan”.
Hoefkens est allé un pas plus loin, aussi, quand il lui a été demandé si l’ambition du top 6 était toujours réaliste, alors que le Standard est déjà à sept points de la sixième place. Il y a deux semaines, il avait botté en touche. Cette fois, il a été plus clair : “Il faut être honnête, on fait le maximum pour atteindre cet objectif, mais à ce moment, ce n’est pas possible. Je ne peux pas demander plus comme coach à ce noyau.” A-t-il reçu des garanties de la direction qu’il recevra les renforts qu’il attend d’ici à mercredi minuit ? “On verra, je ne peux parler que des choses qui sont arrivées.” Et jusqu’à présent, ce n’est pas assez à ses yeux.
Un plan de jeu toujours aussi peu lisible
Carl Hoefkens fait avec ce qu’il a sous la main. Peut-il faire mieux ? Cela dépend du point de vue, mais l’argument d’un affaiblissement du noyau par rapport à la saison passée peut être entendu à certains égards. Le milieu de terrain reste un chantier, les qualités individuelles ne sautent pas aux yeux et la concrétisation dans le dernier tiers reste un supplice. “On était bon dans le pressing et le contre-pressing, a argumenté Hoefkens. Mais dans le dernier geste, il a toujours manqué quelque chose. Si on avait bien fini cela, on aurait tué l’adversaire.” On en revient au manque de qualités.

Il ressort toutefois du match contre le RWDM, comme lors des dernières rencontres, cette impression que le plan de jeu de l’entraîneur du Standard est peu lisible. Samedi soir, il est arrivé à Ngoy et Vanheusden de se retrouver très haut, dans des phases de pressing, au point de désorganiser l’équilibre collectif dans le repositionnement défensif. La construction est brouillonne, les circuits de passes à chercher, et se pose la question des consignes.
”On joue un football all-in, avec du pressing”, s’est défendu Hoefkens, qui a avancé le bilan défensif pour se justifier : “Je suis satisfait du comportement défensif, on n’a encaissé que six buts.” Mais le Standard a concédé l’équivalent de 9,5 buts attendus, ce qui le classe dans la deuxième moitié de ce classement particulier. Il est aussi friable sur phases arrêtées, et si cela avait peu porté à conséquence jusqu’ici, cela s’est vu, cette fois, contre le RWDM. La manière de défendre sur le coup-franc de Mercier, repris de la tête par Gueye, a montré toute la passivité d’une équipe en zone, qui a subi. “Cela ne peut pas arriver”, a regretté l’entraîneur.
Combien de temps peut-il encore tenir ?
”Les fleurs pour les joueurs, le pot pour l’entraîneur.” Carl Hoefkens a encore le sens de la formule, malgré la période délicate qu’il traverse. C’est le jeu, et il le sait : à mesure que la période sans victoire va s’étendre, la question de son maintien se posera avec plus d’insistance. Il a répété qu’il ne se sentait pas sous pression, qu’il était là pour le long terme. Mais il sait, aussi, que son totem d’immunité ne pourra pas tenir, encore moins après la clôture du mercato et malgré des finances qui n’autorisent pas un licenciement. Parfois, il faut trancher, pour provoquer une réaction. Ce n’est pas la tendance, a priori. Mais pour combien de temps ?
Avec un bilan de 3 sur 18, ou équivalent, d’autres entraîneurs ont été remerciés, pas toujours dans les mêmes circonstances il est vrai. Mbaye Leye, après un début de saison réussi, était tombé au bout d’un 3 sur 15 et Philippe Montanier après un 4 sur 24, avec la Coupe d’Europe à gérer alors qu’Aleksandar Jankovic avait pris la porte en bout de saison (5 sur 21) et Yannick Ferrera au tout début (6 sur 15). Le seul technicien, ces dernières années, qui s’en est sorti, a été Ricardo Sa Pinto. Le Portugais avait débuté par un 6 sur 21, et sauvé son poste au prix d’une victoire à la dernière minute contre Lokeren (2-1). Le passeur décisif ce soir-là ? Moussa Djenepo…