Le secret de Doku pour marquer le Qatar de son empreinte : "Il m’a appris à courir vite sans tension"
Jérémy Doku (20 ans) déborde d’ambition pour cette Coupe du monde. Après ses blessures, il ressemble à un lion qu’on va lâcher de sa cage. Il faut dire qu’il avait bossé de façon originale cet été pour briller.
- Publié le 20-11-2022 à 14h30
- Mis à jour le 20-11-2022 à 15h30
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On aura appris une chose sur Jérémy Doku dimanche en conférence de presse. "Je n’aime pas les mouches", a-t-il expliqué en se débattant avec un volatile, visiblement amoureux, pendant plusieurs minutes. On a aussi vu à quel point il était ambitieux, mais ça, on le savait déjà. "Je veux marquer cette Coupe du monde de mon empreinte", annonce-t-il, plein d’assurance mais en gardant un air décontracté.
Il n’a que 20 ans mais son premier Mondial de sa carrière sonne déjà comme une réponse qu’il veut envoyer à ses détracteurs, ceux qui doutaient de lui après l’accumulation des blessures à Rennes. Pendant 15 mois, il a quitté le groupe des Diables. "Ma dernière fois, c’était à l’Euro contre l’Italie. Ces 8 minutes jouées contre l’Égypte vendredi passé m’ont fait du bien. J’ai tellement été écarté du terrain que je savoure chaque moment passé sur la pelouse. J’ai toujours du feu dans les jambes et je veux le montrer."
Il avait même tout fait pour devenir encore plus déroutant. Cet été, avant le début de la préparation à Rennes, il avait effectué un stage de quatre jours à Tenerife, à ses frais. Avec deux pointures : Francisco Filho, un ancien adjoint de Sir Alex Ferguson qui avait aidé le jeune CR7 à ses débuts en Angleterre, pour l’entraînement technique. Et Marc Raquil, ancien champion du monde du 4x400 en athlétisme. "On a travaillé ma technique de course, pour être plus relâché. Si tu es trop brusque, tu mets de la tension dans les muscles. C’est un peu la même réaction que quand tu as peur. La crispation est mauvaise pour les muscles."
La Coupe du monde touche les gens. Et nous, les footeux, on aime ça"
L’espoir a vite été douché. En Bretagne, il a raté 11 des 21 matchs officiels cette saison. Et il n’a plus joué une rencontre complète depuis le 9 mai 2021 (1-1 contre le PSG). "Je me suis posé beaucoup de questions. Il y a 1000 raisons pour être blessé mais tu ne connais pas laquelle. Mentalement, c’était très difficile. J’ai juste essayé de faire tout au mieux : l’alimentation, le repos, l’échauffement avant l’entraînement, le stretching et les bains de glace après… Mais j’ai toujours été convaincu qu’en étant fit, je pourrais faire la différence sur le terrain."
C’est pour ça que Roberto Martinez l’a inclu dans sa liste de 26, malgré un temps de jeu équivalent à un peu plus de deux matchs complets cette saison (210 minutes). "Je pensais beaucoup à cette sélection pendant mes absences. Il y avait beaucoup de stress, beaucoup de pression. Je suis passé par des moments difficiles mais je sais que le coach a toujours cru en moi. Il sait que j’ai un profil différent des autres. Contre un bloc bas, je peux amener quelque chose d’autre."
Il avait été le seul Diable à embêter les Italiens en quart du dernier Euro. C’est ce jour-là qu’il est né aux yeux de la planète foot. "C’est marrant, plein de gens sont venus me féliciter pour mon Euro mais je n’ai joué que contre la Finlande et l’Italie. J’avais gagné plein de followers sur Instagram. Mais là, c’est la Coupe du monde. C’est encore un niveau au-dessus. En 2010 en Afrique du Sud, c’est le premier tournoi que j’ai suivi et ça m’a donné des frissons. Je me suis rendu compte à quel point ça touchait les gens. Et nous, les footeux, on aime bien ça (sourire)."
Doku pourrait aussi donner des frissons à… son capitaine. "Il joue à la même place que moi mais c’est Eden Hazard, hein. Comme tout le monde, j’ai envie d’être titulaire mais si c’est comme joker, je jouerai de la même façon. Je veux mettre le feu au match 5, 10 ou 90 minutes." Et quand on sait qu’il y a encore Leandro Trossard à cette position, on se dit qu’on ne voudrait pas être le sélectionneur pendant cette Coupe du monde.