La fin au pays de l’or noir : le Qatar marque un immense tournant pour le football belge
Après l’échec de l’élimination au premier tour de la Coupe du monde, le coach/directeur technique Roberto Martinez s’en va. Et ça va aussi commencer à sentir la fin de la génération dorée, même si plusieurs anciens veulent rester jusqu’en 2024.
Publié le 02-12-2022 à 06h50 - Mis à jour le 02-12-2022 à 07h13
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La fête est finie. La Coupe du monde se termine. La dernière de la génération dorée. L’équipe qui a inscrit tant de buts depuis une décennie n’aura réussi à marquer qu’une seule fois pendant le tournoi. Et comme un symbole, Romelu Lukaku, devenu meilleur buteur de l’histoire des Diables pendant cette période bénie, a gâché trois fois immenses possibilités en 45 minutes. Des actions qu’il a terminées tant de fois dans sa carrière. Quand l’arbitre a sifflé la fin, il s’est enfoncé la tête dans le maillot. Puis il a pleuré dans les bras de Thierry Henry avant d’exploser le plexiglas du banc des remplaçants, dans un accès de colère.
Face aux Croates, la Belgique avait un plan, surprenant mais qui a presque fonctionné. Pour ce qui allait être son 79e et dernier match à la tête de la sélection, Roberto Martinez a tenté de lâcher ses cartouches offensives petit à petit, en espérant que la solide défense, emmenée par un Gvardiol magnifique, finisse par craquer. Sous le poids de la fatigue et de notre talent. Il n’aura manqué que le dernier geste pour que l’idée devienne officiellement bonne. On se tracassait pour la défense mais c’est l’attaque qui a déçu. Tintin, au pays de l’or noir ! Lukaku sera hanté par ces images jusqu’à la fin de sa carrière. Et même au-delà. Pour la première fois depuis 1998, les Diables ne verront pas le deuxième tour d’un Mondial où ils s’étaient qualifiés. Ils quitteront la région des Mille et Une Nuits dans la nuit de vendredi à samedi. Direction Tubize, sans passage par la Grand-Place.

Cette Coupe du monde au Qatar marquera un tournant dans l’histoire de notre football. D’abord parce que Martinez s’en va. La décision était prise avant le tournoi et il serait aussi parti s’il avait soulevé le trophée le 18 décembre. Il n’aura pas réussi son pari de ramener une première coupe dans ce pays qui était devenu sa maison. Mais il restera le sélectionneur avec le plus beau bilan de l’histoire. Sa troisième place en 2018 risque de rester le record pour longtemps. Son héritage ne sera pas simple à assumer. Entre les goûts de luxe pris par les supporters et le changement de génération qui s’annonce.
Heure du décès de la génération dorée : 17h54 à Bruxelles, 19h54 à Doha
Oui, car cette soirée au stade Ahmed-bin-Ali ne marquera pas seulement la fin de l’ère Martinez. On a souvent cherché la date de naissance de la génération dorée, entre un succès en amical contre les Pays-Bas ou la victoire qualificative pour le Brésil à Zagreb, mais tout le monde s’accordera pour retenir celle de la mort, le 1er décembre 2022. Heure du décès : 17h54 à Bruxelles, 19h54 à Doha. Cette fois, la fête est bien finie après cinq grands tournois et un long règne à la première place du ranking Fifa.
Dans les couloirs menant du vestiaire au car, plusieurs anciens ont affiché leur volonté de continuer, même le plus âgé Jan Vertonghen. Seul Toby Alderwereild a laissé une place au doute. On ne sait pas pour Eden Hazard, parce qu’il a refusé de parler, Kevin De Bruyne, parce que la Fifa l’a obligé à faire pipi jusqu’au bout de la soirée et Romelu Lukaku, parce qu’on ne l’a pas vu. Peut-être voudront-ils aussi poursuivre l’aventure. Mais ils ne seront pas les seuls à décider. Le futur coach fédéral aura pour mission de reconstruire sur la durée. La page de la génération dorée ne sera pas tournée brutalement mais elle va devenir fragile, avec le risque de s’émietter petit à petit.
Jeudi, le taulier au milieu s’appelait Leander Dendoncker (28 ans). Et celui qui a mis le feu chez les Croates avait pour nom Jérémy Doku (21). Sans oublier la révélation Amadou Onana (21) ou Timothy Castagne (27) qui a épaté par sa polyvalence. On a senti une certaine impatience chez les jeunes pendant le tournoi. Comme s’ils avaient de plus en plus de mal à accepter les privilèges de la génération dorée. Comme s’ils se sentaient que le tour était venu. Ils devront avoir pris le pouvoir pour le déplacement en Suède du 24 mars, qui marquera le début des qualifications à l’Euro 2024. Les préparatifs d’une nouvelle fête pourront débuter. Bonne chance pour qu’elle soit aussi réussie que la dernière.