Le Ghana affronte l'Uruguay avec le quart de finale de 2010 en tête : “Je ne pardonnerai jamais à Suarez”
En Afrique du Sud, l'attaquant uruguayen avait commis un “hands” resté dans l'histoire…
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Publié le 02-12-2022 à 11h38
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Certaines phases de jeu restent à jamais gravées dans l'Histoire. Ce hands de Luis Suarez, tout au bout du quart de finale entre l'Uruguay et le Ghana ce 2 juillet 2010, en fait partie. À égalité avec les buts de Muntari et Forlan, les deux nations se dirigent vers les tirs au but pour arracher une place dans le dernier carré de ce Mondial sud-africain. Mais un dernier coup franc ghanéen va changer le cours du match et de l'Histoire du football…
Après un cafouillage dans la surface uruguayenne, Luis Suarez sauve son équipe en arrêtant avec sa main à même la ligne un ballon qui allait qualifier le Ghana. La sentence est irrévocable : l’attaquant est exclu et l’arbitre siffle un penalty alors que les 120 minutes se sont écoulées. “Sur cette phase de jeu, je me suis dit que le ballon était rentré dans le but et que nous étions qualifiés, expliquait le défenseur John Paintsil à la BBC. Puis j’ai vu que l’arbitre sifflait un penalty. J’ai crié à mes coéquipiers : ‘non, non mettez le ballon au centre du terrain, c’est but !’”

Sorti du terrain en pleurs, Luis Suarez assiste au penalty d’Asamoah Gyan entre les deux bancs de touche. Le meilleur buteur et recordman de sélection avec le Ghana rentre malgré lui dans l’Histoire ce soir-là en envoyant son tir sur la transversale du but de Muslera. “Je n’oublierai jamais ce penalty manqué, expliquait le joueur passé par Rennes et Sunderland. Je l’accepte parce qu’il n’y a rien d’autre à faire, mais je sais que c’est quelque chose qui va hanter le reste de ma vie.”
Pas de pardon
Dans la foulée, l’Uruguay écarte le Ghana aux tirs au but et met fin au rêve d'une nation qui aurait pu être la première africaine à se qualifier pour les demi-finales d'un Mondial. Au coup de sifflet final, Luis Suarez refait son apparition sur le terrain pour fêter la qualification avec ses coéquipiers. “Je ne lui pardonnerai jamais ce geste qui n’était pas un accident, lancera Hans Sarpei, titulaire lors de ce quart de finale, à la BBC. Vous êtes en train de pleurer et vous voyez quelqu’un qui vous a trompé en train de célébrer la victoire… Je ne lui pardonnerai jamais, jamais, jamais.”
“C'est l'arrêt du Mondial, je suis un grand gardien !”
Le lendemain, tout le monde ne parle que de ce fait de match. Alors que le sélectionneur de l’Uruguay Oscar Tabarez ose une comparaison avec la faute de main légendaire de Maradona (“C’était la main de Dieu et de la Vierge”), le titre du journal sud-africain Cape Times est plein de rage : “L’Afrique a été volée !” Luis Suarez, devenu un héros national dans son pays, ne semble lui pas regretter son geste qui a propulsé les Uruguayens dans une demi-finale où ils seront battus par les Pays-Bas. “On m’a reproché de ne pas avoir été fair-play, mais ce n’est pas comme si j'avais frappé un adversaire, avançait Suarez à Player’s Tribune. Ce n'est pas de ma faute si le joueur ghanéen manque son penalty… J’ai célébré la qualification, car mon geste en valait la peine. On peut dire que c’est l’arrêt du Mondial, je suis un grand gardien (sourire).”
Douze ans plus tard, le peuple ghanéen n’a pas oublié cette phase de jeu qui a encore du mal à être avalée. “Regardez ce que Dieu a fait en mettant l’Uruguay dans notre groupe, a récemment lancé John Mahama, ex-Président du Ghana. Ce sera une douce revanche… Même si vous ne battez personne, battez au moins l’Uruguay et rendons à Suarez ce qu’il nous a fait.”

Au sein de l’équipe ghanéenne, les propos sont plus mesurés. André Ayew, capitaine de la sélection et l’un des rares rescapés de ce quart de finale de 2010, a rapidement tempéré les choses. “Je ne crois pas que nous devons considérer ce match comme une revanche. Le football ne consiste pas à se venger. Nous voulons juste gagner l’Uruguay après tout ce qui a été dit dans les médias.”
En cas de victoire, l’équipe d’Otto Addo serait qualifiée pour les huitièmes de finale et la Celeste serait éliminée. Mais même cela ne permettrait pas au peuple ghanéen d’oublier cette soirée épique du 2 juillet 2010 qui restera à jamais gravée dans leur mémoire...