Paulo Bento, le Portugais de la Corée du Sud suspendu face à son pays natal
Le sélectionneur des Coréens a été l’entraîneur des Portugais.
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Publié le 02-12-2022 à 12h31
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Paulo Bento doit certainement encore s’en mordre les doigts. L’entraîneur portugais de la Corée du Sud va rater les retrouvailles avec son pays natal après s’être emporté à l’issue de la courte défaite de la Corée du Sud face au Ghana. Au coup de sifflet final, le sélectionneur de l’équipe asiatique a couru fou de rage vers l’homme en noir qui venait de mettre un terme à la partie malgré l’obtention d’un dernier corner. Déjà averti en fin de match contre l’Uruguay, Paulo Bento a cette fois reçu un carton rouge synonyme d’exclusion et de suspension pour le dernier match de la phase de groupes face à son Portugal… “Ce n’était pas la meilleure réaction à avoir, s’est excusé le Portugais de 53 ans après la partie. Mais je reste un humain et je pense que l’arbitre n’a pas eu de respect pour notre équipe. Je suis vraiment désolé pour mes joueurs.”

Paulo Bento attendait d’autant plus cette rencontre qu’il a été le coach de l’équipe nationale portugaise durant quatre ans, de 2010 à 2014. Celui qui avait pris sa retraite internationale en tant que joueur après un certain… Portugal – Corée du Sud avait anticipé l’émotion de ce duel lors du tirage au sort du Mondial. “D’un point de vue émotionnel, ce ne sera pas un match facile, quelle que soit la situation de la Corée du Sud au moment où nous affronterons le Portugal, avouait Paulo Bento au micro de la Fifa. C’est la première fois que cela se produira pour moi, ce sera une expérience différente. Mais, d’un point de vue sportif, nous aborderons ce match avec le même soin et la même préparation que pour n’importe quel autre adversaire dans cette phase de groupes.”
Une longévité au Sporting
Cet ex-milieu de terrain défensif, qui a participé à l’Euro 2000 et au fiasco portugais lors du Mondial 2002, n’a pas mis longtemps à passer de l’autre côté de la ligne de touche. Après avoir été entraîneur des jeunes au Sporting Portugal puis technicien en chef du club, Bento devient l’entraîneur principal de l’équipe première en 2005. Il y restera cinq saisons, un véritable exploit au sein d’un club qui n’est pas habitué à garder un coach sur le long terme. En novembre 2009, Paulo Bento décide de démissionner après avoir remporté deux Coupes du Portugal, terminé à quatre reprises sur la deuxième marche du podium tout en atteignant les quarts de finale de la C3 et les huitièmes de finale de la C1. “Les conditions ne sont plus réunies pour se maintenir à la tête de l’équipe, lance celui qui a passé sa carrière de joueur au Portugal et en Espagne. Le Sporting n’a pas les moyens financiers pour rivaliser avec les autres candidats au titre.”

Après quelques mois sur la touche, le Portugal lui ouvre les portes de la sélection nationale pour y remplacer Carlos Queiroz, l’actuel sélectionneur de l’Iran. Emmené par Pepe, Nani et Cristiano Ronaldo, le Portugal version Paulo Bento atteint le dernier carré de l’Euro 2012, seulement battu aux tirs au but par l’Espagne. Deux ans plus tard, au Mondial brésilien, le scénario est totalement différent avec une élimination dès le premier tour et une lourde défaite face à l’Allemagne qui restera dans les mémoires (4-0).
Duel Santos – Bento
Malgré le soutien de la Fédération portugaise qui prolonge son contrat, Paulo Bento est plus que jamais sur la sellette : sifflé par son propre public après une défaite contre l’Albanie, le sélectionneur est très mal vu par la presse portugaise, qui lui reproche son manque d’audace et ses idées de jeu très fermées. D’un commun accord, les deux parties décident finalement de se séparer. Paulo Bento prend du recul pendant deux ans avant de reprendre du service avec plus ou moins de succès à Cruzeiro (Brésil), à l’Olympiacos (Grèce) et à Dangdai (Chine). Avant de retrouver la tête d’une équipe nationale, celle de la Corée du Sud, durant l’été 2018.
Pendant tout ce temps, c’est Fernando Santos qui a remplacé Paulo Bento à la tête du Portugal et qui est toujours l’actuel sélectionneur de la Seleçao. Joli clin d’œil de l’histoire sachant que Fernando Santos avait été l’entraîneur de Paulo Bento au Sporting Portugal… “Étant du même pays, nous voulions éviter de nous retrouver face à face avant la phase à élimination directe, mais la vie en a décidé autrement, commentait Santos lors du tirage au sort. Mon souhait le plus cher est que nous nous qualifiions tous les deux pour le tour suivant.”
Pour cela, la Corée du Sud devra créer un véritable exploit en battant le Portugal. Ce sera en tout cas sans Paulo Bento, qui regardera la rencontre depuis la tribune. En regrettant certainement encore son coup de sang de jeudi dernier…