Quatre ans après, “le DJ des Diables” revit un rêve éveillé avec le Maroc : “Dimanche, ça va être Tomorrowland à Rabat !”
Analyste vidéo dans le staff de Roberto Martinez en 2018, le Belgo-Marocain peut à nouveau arracher la troisième place d’une Coupe du monde.
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Publié le 17-12-2022 à 15h28
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Remporter son groupe, cravacher pour surprendre pour arriver en demi-finale, marquer l’histoire de son pays, perdre face à la France, puis se consoler avec une petite finale contre le deuxième de son groupe, avant de prévoir malgré tout une énorme fête pour le retour au pays. Voilà le parcours du Maroc en 2022… et de la Belgique en 2018. Les similitudes sont troublantes, mais elles sont en partie l’œuvre d’un homme de l’ombre qui fait office d’unique lien entre ces deux épopées : Moussa El Habchi. “C’est vrai que tout se passe de la même manière, mais je n’y avais même pas pensé, en fait.”
Présent dans le staff des Diables rouges en Russie et des Lions de l’Atlas au Qatar, cet expert de l’analyse vidéo est aussi connu comme étant “le DJ de la Grand-Place de Bruxelles”, lors de la célébration du retour des héros. Au milieu de ses préparations depuis Doha pour le match de la 3e place face à la Croatie, l’adjoint belgo-marocain de Walid Regragui a pris le temps de décrocher son téléphone.
Moussa, quel tournoi incroyable du Maroc ! Vu que vous êtes dans le staff de votre pays d’origine, c’est encore plus d’émotions pour vous qu’en 2018 ?
”Oui, effectivement. Je suis aussi dans un excellent staff avec un très bon sélectionneur qui a amené des idées fraîches à la fois offensivement et défensivement. Il a construit quelque chose de bien avec des joueurs qui avaient faim de victoires. J’avais aussi ressenti ça en 2018. Sauf qu’ici, c’est une version marocaine de tout ce qui avait été réalisé. Et on l’a fait avec une équipe que personne n’attendait là. Avant cela, le Maroc était habitué à être éliminé dès le premier tour le plus souvent.”

Le Maroc est devenu la première équipe africaine à atteindre une demi-finale. Depuis votre bulle au Qatar, vous vous rendez compte de cette dimension historique ?
”Oui, on s’en rend compte déjà même si ça sera encore autre chose quand on rentrera au pays. Et je pense que la ferveur est aussi encore plus grande qu’avec la Belgique en 2018 parce qu’il y a cette passion portée par 40 millions de Marocains qui n’avaient jamais vécu ça. Le meilleur résultat auparavant, c’était en 1986, au Mexique, avec un huitième de finale face à l’Allemagne.”
"Avec les 40 millions de Marocains, la ferveur est plus grande qu’avec la Belgique en 2018."
Cette année-là, la Belgique avait aussi établi son record avec la 4e place… jusqu’à votre passage en 2018 !
(Il réfléchit). “Oh oui, c’est vrai, ça. J’espère qu’on ira aussi chercher cette troisième place, même si ce que nous avons fait jusqu’à présent est déjà un énorme succès.”
Vous êtes une sorte de porte-bonheur qui a manqué à la Belgique cette année…
”Oui (rires). Plus sérieusement, lorsqu’on regarde le parcours du Maroc cette année, ce n’était vraiment pas simple parce qu’il y avait la Croatie, la Belgique, le Canada qui étaient très forts dès la phase de groupe. Puis l’Espagne et le Portugal dont on connaît la puissance avec toutes les stars. Mais nous avons à chaque fois réussi. Notre route a été difficile et ça ne fait que donner du crédit à cet exploit.”

Vous étiez le seul membre du staff marocain avec cette expérience en Coupe du monde. Vous l’avez transmise aux autres ?
”J’ai essayé, oui. Gharib Amzine (le deuxième adjoint de Regragui, NdlR) est le seul autre du staff à avoir participé à une Coupe du monde. C’était en 1998 en tant que joueur du Maroc. Mais il avait été éliminé dès le premier tour. De mon côté, j’ai maintenant connu deux demi-finales en quatre ans. Arriver jusqu’ici à deux reprises, ce n’était pas facile, donc je suis vraiment très heureux.”
Vos conditions de travail au Qatar, elles étaient comment ?
”Je dois admettre que c’est magnifique. Tout a été vraiment idéal dans l’organisation et dans la logistique. En Russie, on devait prendre l’avion avant et après chaque match entre notre hôtel et les stades. Ici, nous avons 15 ou 20 minutes de bus. C’est une énorme différence qui ajoute un grand confort pour le travail. Sans compter le terrain d’entraînement qui est juste à côté de l’hôtel. Pour les joueurs, cela réduit aussi beaucoup la fatigue d’éviter tous ces transports. Sans oublier les températures qui ont été agréables. Tout était très positif.”
"En 2018, nous avons mangé des frites en revenant. Cette fois, ça sera du couscous."
Cette défaite contre la France en demi-finale, ça vous a rappelé de mauvais souvenirs ?
”C’est vrai, et d’ailleurs la France a joué exactement comme en 2018. Ils ont évolué avec le même style que face à la Belgique. Je l’avais déjà observé dans les analyses vidéo et cela s’est confirmé. La différence cette fois, c’est qu’en revenant à Bruxelles nous avions mangé une bonne frite, alors qu’en revenant au Maroc, nous allons manger un bon couscous (rires).”
J’imagine que la fête sera gigantesque quand vous rentrerez à Rabat. Vous allez refaire le coup de la Grand-Place de Bruxelles comme DJ ?
”Probablement, oui (rires). Vous me verrez sûrement en images dimanche. Il faut que l’on célèbre ça dignement parce que c’est vraiment quelque chose de gigantesque pour le pays. Je ne sais pas encore exactement ce qui est prévu, mais je pense que nous irons voir le Roi à notre retour dimanche après-midi. Puis nous irons faire la fête avec le peuple dans la rue. Ce sera le délire, ça va être Tomorrowland !”

Peu de Marocains regarderont la finale dimanche donc…
”Je ne sais pas, mais c’est un peu comme en 2018 lorsque nous étions à Bruxelles pendant la finale France-Croatie. Tout le monde était dans la rue avec nous.”
En parlant de Croatie, comment vous sentez vos joueurs pour cette petite finale ? Beaucoup sont physiquement très diminués.
”C’est vrai que Saïss a joué blessé contre le France, Aguerd et Mazraoui étaient malades alors que Hakimi a joué tout le tournoi avec une blessure au pied. Mais les joueurs en veulent toujours malgré tout, ils ont la passion et ils ont faim. Si nous avions eu notre équipe type, je suis certain que nous n’aurions pas pris ce but après cinq minutes contre la France. Puis tout aurait été différent. Mais c’est comme ça. Et la France est vraiment très forte. Pour samedi, il faudra voir, donc, l’état des joueurs, mais nous voulons évidemment cette 3e place. La Croatie, c’est une équipe que l’on connaît bien puisque c’était notre premier adversaire du tournoi.”