Le Lemuria n'est pas un paradis perdu

Dans le petit monde du golf, il existe de ces noms dont le simple énnoncé vous transporte au paradis. Le Lemuria est de ceux-là. Et si le paradis lui ressemble, pratiquer le golf dans l'au-delà doit constituer un éternel bonheur.

Philippe Lacourt

Dans le petit monde du golf, il existe de ces noms dont le simple énnoncé vous transporte au paradis. Le Lemuria est de ceux-là. Et si le paradis lui ressemble, pratiquer le golf dans l'au-delà doit constituer un éternel bonheur. Difficile, en effet de ne pas tomber sous le charme de ce golf situé aux Seychelles, sur la côte nord-ouest de l'île de Praslin, à 15 minutes de vol seulement de Mahé, l'île principale où se situe la capitale.

Histoire de vous mettre tout de suite dans l'ambiance, avant même que vous ne preniez place dans la voiturette obligatoire, le caddy-master vous posera cette inquiétante question : "Avez-vous prévu des balles en suffisance ?" Tant il est vrai qu'un joueur moyen, sur ce parcours, a pour principe de perdre un minimum de dix balles !

Ce parcours de championnat est donc tout simplement superbe et délicat à dompter. Il a été dessiné par l'architecte Rodney Wright (auteur, entre autres, du célèbre Golf de Mana Lani, à Hawaii) et co-signé par le champion français Marc Farry.

Ce par 70, long de 5 749 mètres, s'il procure des sensations uniques, il punit prioritairement l'audacieux qui ne serait pas totalement maître de son swing et de sa longueur. Nous avons pu le vérifier aux côtés de deux pros français qui, poussés par l'adrénaline, ont cru qu'ils pourraient dominer la nature du haut de leur technique et se sont retrouvés, à l'arrivée des dix-huit trous, confrontés à la lecture d'une carte désastreuse comme ils n'en avaient plus rentré une depuis de très nombreuses années.

Ce par 70 est effectivement un vrai challenge. Les fairways, étroits, sinuent entre deux vallées, puis suivent les rivages de la petite et de la grande Anse Kerlan. Sur les 12 premiers trous plats, les palmiers qui les bordent laissent filtrer la lumière par intermittence mais, surtout, vous laissent croire que ce parcours, s'il n'est pas facile, n'est pas non plus inabordable. Grossière erreur. Entretenue volontairement par les concepteurs du lieu qui, eux, savaient qu'ils garderaient la plus belle part du gâteau pour la fin.

A partir du trou n°13, effectivement, le parcours se déploie sur les versants abrupts d'une colline luxuriante, d'où la vue embrasse des panoramas féeriques entre ciel, mer et terre. Il combine à la fois vues magiques et dénivelés impressionnants.

Ici, le jeu devient spectacle, surtout si vous faites l'effort de vous rendre sur le départ réservé aux pros, là où on mesure mieux combien il faut être adroit pour éviter les pièges naturels qui balisent les trois cents premiers mètres.

Carte postale virtuelle

C'est alors que vous arriverez au légendaire trou n° 15, un par 3 dont l'image figure dans tous les magazines de golf, tant il cultive à la fois l'émotion et la beauté. Comme joueur, au départ de ce trou, vous vous tenez sur une crête rocheuse surplombant les eaux cristallines et le sable blanc de l'Anse Georgette, comme si vous étiez le figurant de luxe d'une carte postale virtuelle. L'objectif sur ce trou est clair : atteindre le green situé 50 mètres plus bas dans la vallée. Rien d'extraordinaire donc, du moins techniquement, mais il n'empêche que ce trou, croyez-nous, alimente l'essentiel des conversations, le soir, au bar. Les trois derniers trous sont, eux aussi, sources d'images inoubliables, surtout le trou n° 18, avec sa descente vertigineuse le long des albizias et du lac artificiel.

Et tant pis si dix balles n'ont pu éviter la noyade et si deux litres de sueur se sont échappés de votre corps. C'est le prix à payer pour participer à une fête organisée dans un endroit d'une beauté à couper le souffle. Bien sûr, ce plaisir n'est pas bon marché. Le golf est niché au coeur du "Lémuria Resort of Praslin", un lieu idyllique dans lequel le groupe Constance a bâti un hôtel cinq étoiles plus en harmonie avec la beauté naturelle et préservée de ce site exceptionnel. Mais quand on aime, on ne compte pas.

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