Zach Johnson, made in USA

Zach Johnson. Si ce nom est particulièrement courant aux Etats-Unis, ce prénom claque, quant à lui, comme un des trois birdies réalisés par cet Américain de 31 ans dans le final de ce Masters 2007 particulièrement haletant.

Hugues Feron

Zach Johnson. Si ce nom est particulièrement courant aux Etats-Unis, ce prénom claque, quant à lui, comme un des trois birdies réalisés par cet Américain de 31 ans dans le final de ce Masters 2007 particulièrement haletant.

A vrai dire, personne n'attendait ce fils d'un chiropracteur de Cedar Rapids, dans l'Iowa, à pareille fête lors de sa troisième apparition du côté d'Augusta, où il avait été invité sur le fil en tant que 56e joueur mondial.

Certes, après avoir débuté sa carrière pro à 22 ans (1998), il avait passé un cap important en 2003, année où il a remporté le Nationwide Tour Player, (deuxième circuit américain) en passant 19 cuts sur 20. Il avait poursuivi sur sa lancée en 2004, remportant le BellSouth Classic lors de son année en tant que "rookie" sur le PGA Tour.

Mais depuis lors, il était surtout habitué aux places d'honneur, comme ses deux places de runner-up l'an dernier (à nouveau au BellSouth Classic, ainsi qu'au "mémorial"), ou encore une troisième place lors du championnat mondial de match-play. Une belle régularité qui lui avait valu une place dans l'équipe US de Ryder Cup, humiliée en septembre dernier par l'Europe au Belfry.

De là à enfiler la fameuse Green Jacket de l'Augusta national, déposée dimanche soir sur ses épaules par le champion sortant Phil Mickelson, il existait un long drive d'écart !

Solide comme un roc, tant physiquement (1,80 m pour 72 kg) que mentalement, Zach Johnson a cependant tenu tête au gratin mondial durant les quatre tours d'une épreuve disputée dans des conditions infernales. Et ce principalement samedi où, outre un temps sec et froid rendant les greens particulièrement durs et rapides, le vent a fait monter la moyenne des scores à 77 coups ! Ce qui explique que, avec une carte de 289 (73-71-76-69, +1), Johnson entre dans l'histoire du masters comme le vainqueur ayant rendu le score le plus haut, à égalité avec ses compatriotes Sam Snead (1954) et Jack Burke Jr (1956). Il est aussi le premier joueur depuis 1990 et un certain Nick Faldo à s'imposer en n'ayant pas débuté le dernier jour dans la partie de tête.

Bref, il s'agit quasiment d'un rêve américain éveillé pour ce jeune père de famille, tombé dans les bras de son épouse Kim, avant d'embrasser tendrement son fils Will âgé de 3 mois à peine. Et ce alors que l'Anglais Justin Rose, le dernier joueur qui pouvait le vaincre, venait de commettre l'irréparable (double-bogey) sur le trou n°17 et que Woods n'était pas parvenu à rééditer son exploit de 2005 sur le par 3 "à spectacle" du 16. C'est le seul moment où Zach Johnson a laissé transparaître la moindre émotion, s'étant caché jusque-là derrière ses lunettes de soleil vissées sur ses yeux après chaque coup joué sans fioriture. Ne pas chercher l'exploit et laisser faire la nature, cruelle pour certains, divine pour d'autres. Zach Johnson l'a reconnu lui-même lors des innombrables interviews d'après-sacre : il y avait sûrement quelqu'un qui a pris soin de lui, là-haut. Quelqu'un qui avait l'âme profondément américaine ce dimanche, apparemment.

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