Jordan Spieth, le surdoué, a encore frappé

Ce doublé, magique, que Woods avait donc lui aussi signé en 2002, Spieth est ainsi devenu le sixième de l’histoire à le réussir, son nom venant s’ajouter à ceux de Jack Nicklaus, Arnold Palmer, Ben Hogan et Craig Wood, rien de moins.

"C’est difficile en ce moment, très difficile", a-t-il lâché, exténué, après sa victoire, tout en mentionnant qu’il s’était préparé à partir en playoff contre Johnson. "Je suis encore surpris d’avoir gagné. Avec ce revirement de situation, je me sens mal pour Dustin."

Lequel, gendre de Wayne Gretzky, la légende du hockey sur glace, risque de maudire très longtemps ce putt d’à peine un mètre qu’il a loupé sur le trou 18, s’interdisant ainsi l’accès à un playoff que tout le public, massé sur les dunes de Chambers Bay, attendait fiévreusement. Spieth y compris, que l’on voyait se ronger les ongles dans la cabine de pointage, là où il a donc vu Johnson s’écrouler et craquer au putting. Soit exactement l’inverse de l’attitude adoptée par Jordan Spieth, que l’on aurait pu croire atteint mentalement par un double bogey sur le trou 17, mais qui trouva les ressources psychiques pour planter un fabuleux birdie sur le dernier trou.

Il peut rêver au Grand Chelem

Une force mentale exceptionnelle qui vient s’ajouter au talent si pur d’un gamin que la planète golf se permet déjà, et sans doute avec raison, de qualifier de surdoué de sa discipline.

À vingt et un printemps à peine, le voilà qui peut déjà rêver au Grand Chelem, un rêve qui passera, du 16 au 19 juillet, par le British Open, disputé à St-Andrews, le berceau du golf. Peut-il réussir là où tant d’immenses champions ont toujours échoué ? Nombre d’anciennes gloires du golf le pensent, elles qui sont admiratives de cette incroyable maturité qui habite ce joueur que rien ne semble pourvoir impressionner.

"Je vais aborder le British Open en pensant uniquement à cette épreuve. Mais on ne peut pas réussir le Grand Chelem sans avoir remporté les deux premiers, je vais voir ce qu’il est possible de faire…"

Une pirouette verbale émise avec un zeste de complicité dans le coin de l’œil.

Attention donc : Jordan Spieth est prêt à frapper les… trois coups !