Pourquoi Spieth sera vite n°1 mondial
Vainqueur des deux derniers "majors", Jordan Spieth devrait dépasser Rory McIlroy dans les prochains mois… ou même semaines. Éclairage d'Hugues Feron.
Publié le 23-06-2015 à 19h39 - Mis à jour le 24-06-2015 à 07h37
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Le duel McIlroy-Spieth se précise de plus en plus au faîte de la hiérarchie mondiale, alors que les autres concurrents pour la place de number one évoluent actuellement un ton en-dessous. Dustin Johnson, n°3 mondial, aura par exemple bien du mal à se remettre de son "3 putts" commis ce dimanche sur le dernier trou de l’US Open, qui lui trottera dans la tête encore de nombreuses années. Adam Scott va difficilement résoudre son problème de "long putter". Ne parlons même pas de Tiger Woods, qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Le nouveau dauphin du n°1 mondial nord-irlandais, c’est donc désormais Jordan Spieth, qui incarne la nouvelle génération (alors qu’il n’a pourtant que quatre ans de moins par rapport à Rory, qui vient de fêter ses 26 ans). Le jeune prodige américain, âgé de 21 ans, le devance cependant à de nombreux points de vue, ce qui l’amènera à le dépasser assez vite au World Ranking.
1. Mathématiquement. Dans le système complexe du World Ranking, basé sur les résultats des deux dernières années comptabilisés de manière décroissante, Spieth n’est plus qu’à 1,7 pt de McIlroy. Soit l’équivalent d’une victoire sur le PGA Tour… ce qui est parfaitement dans les cordes de Jordan, vainqueur à trois reprises et 2e à trois reprises depuis le début de la saison. Par ailleurs, il n’a pas beaucoup de points à défendre (ses résultats de 2013 étant nettement inférieurs), tandis que Rory, qui joue davantage avec parcimonie (49 tournois en deux ans), verra son "divisor" jouer à son désavantage dans les prochaines semaines vu qu’il n’a pas joué 52 tournois, au contraire de son dauphin au classement qui en a disputé 58.
2. Statistiquement. S’il ne faut pas les prendre toujours pour argent comptant, les statistiques du PGA Tour plaident en faveur de Spieth, 1er en moyenne de score (68,92) devant… Rory (69,11), précédant également largement le n°1 mondial en "strokes gagnés au putting". McIlroy reste quant à lui le maître des points gagnés "du tee au green", en touchant plus de par 4 en un coup et de par 5 en deux coups que ses adversaires.
3. Techniquement. Dans ce secteur, nous donnerions dans un premier temps l’avantage à McIlroy, qui dispose d’une panoplie de coups encore plus large que celle de Spieth. Mais il ne sort pas toujours le bon… à bon escient. Esthétiquement, le swing de Rory est, par exemple, un modèle du genre, encore faut-il qu’il parvienne à le répéter tout au long d’un tournoi. Celui de Jordan, tout aussi solide en étant un peu plus basé sur la puissance que sur la vitesse des bras, lui permet de tenir parfaitement la comparaison… tout en étant un exemple de régularité.
4. Physiquement. Là aussi, Spieth bénéficie d’un petit avantage, en étant légèrement plus grand (1,80 m contre 1,76 m) et plus costaud (84 kg contre 73 kg) que le Nord-Irlandais. Ce qui n’est peut-être pas primordial dans un premier temps, mais qui peut avoir son importance sur le long terme, Spieth semblant moins exposé aux blessures musculaires (dos,…).
5. Mentalement. A ce niveau, le Texan a marqué les esprits ces derniers mois. Sa façon de rentrer les putts courts, en regardant le trou et non la balle, n’est pas à recommander dans les écoles de golf… mais elle fonctionne parfaitement en ce qui le concerne et prouve à elle seule que le joueur du Dallas a une énorme confiance en lui. A 21 ans, il fait en tout cas preuve d’une incroyable maturité, tout en montrant sur le parcours une belle attitude, réfléchie et posée, et ce peu importe que la balle tourne (et rentre…) en sa faveur ou non. Formé à l’Université du Texas, il est très solide dans sa tête, tout en étant resté très proche de sa sœur Ellie, handicapée mentale. "La véritable championne, c’est elle. Elle m’a permis de relativiser beaucoup de choses dans la vie", confiait-il sobrement, fier d’avoir créé une fondation caritative qui porte son nom. Sans doute l’un des secrets de sa réussite dans un sport pour lequel il va encore écrire, c’est certain, de nombreuses belles pages.