L’avenir du hockey selon Robert Lycke
L’ancien président de l’ARBH n’a rien perdu de sa vision à long terme.
Publié le 05-12-2013 à 05h39 - Mis à jour le 06-12-2013 à 07h55
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Un petit rappel s’impose sans doute pour nos plus jeunes lecteurs : Robert Lycke est la seule personne qui peut se targuer d’avoir été à la fois président de l’ARBH (1985-1994), mais aussi deux fois son secrétaire général (1995-1998 et 2005-2007) et même son trésorier (1974-1981). Sans compter qu’il fut aussi trésorier du COIB et de la FIH, et lauréat du mérite sportif ! Autant dire que le hockey en général, et le hockey belge en particulier, il connaît bien. Aujourd’hui âgé de 76 ans, il coule une retraite paisible, à un jet de pierre d’Argenteuil. Il continue à suivre de près son sport préféré et porte un regard souvent critique mais toujours autorisé quand il s’agit de l’avenir. Nous avons fait un petit tour d’horizon du hockey belge en sa compagnie.
Le bel Euro de Boom
"2013 a été une année très réussie. Le championnat d’Europe que nous avons organisé à Boom est la plus belle organisation jamais réalisée chez nous, notamment au point de vue de l’entourage : accès, facilités, nourriture, etc. Je ne pense pas qu’on pourra faire mieux dans les prochaines années : c’est une compétition qui aura marqué les esprits. On peut remercier les gens du Braxgata pour ce qu’ils ont fait."
Et pour la suite ? "Les équipes nationales se maintiendront parmi l’élite internationale aussi longtemps que les subsides des communautés et du COIB dureront. La scission a servi à cela. Mais je pronostique que d’ici 10 ans ils auront disparu. Les caisses des Etats sont vides et le social va prendre le pas sur le sportif. Il faudra donc réserver 20 % de la cotisation de chaque membre pour assurer l’entretien du terrain ou son renouvellement. Il sera donc indispensable d’augmenter les cotisations des joueurs."
Parallèlement, le nombre de joueurs continuera à croître. "Entre 2000 et aujourd’hui, on est passé de 13 500 à 35 000 membres. Dans 10 ans, on sera à 50 000. Mais le nombre de terrains n’a pas suivi le même rythme ! C’est plus facile en Wallonie et en Flandre qu’à Bruxelles. L’extension du hockey bruxellois doit se réaliser aussi bien au nord qu’au sud des 19 communes."
Un robot pour contrôler
Les carrières internationales sont courtes, et cela continuera. "Les joueurs verront leur carrière se limiter à la période universitaire, obligés qu’ils sont par la suite de s’occuper de leur vie professionnelle. Quelques-uns pourront profiter de structures comme Erasmus pour se révéler de nouveaux horizons. Mais en même temps cela nous fait perdre le bénéfice de l’exiguïté du territoire, qui permet de s’entraîner facilement ensemble. D’autres, en plus petit nombre, tenteront leur chance comme entraîneur, ce qui est légèrement plus rémunérateur que de rester joueur."
Le problème de la collision entre les calendriers européens et celui de la FIH continue à se poser avec acuité. "Il faut que le calendrier international soit modernisé. Le hockey est le seul sport à ne pas être cadenassé au niveau du calendrier. Certes, il existe des différences climatiques, mais ce sont surtout les différences de compétitions entre l’Europe et les autres pays qui font que cela ne fonctionne pas. En Europe, le hockey est organisé sur base des clubs. Ce n’est pas le cas en Asie, en Afrique ou en Océanie. Il faut qu’on en arrive à généraliser les compétitions de club. Actuellement les gérants de clubs sont préjudiciés par notre championnat qui est carrément bâclé. En outre, je ne comprends pas pourquoi les joueurs doivent s’entraîner tellement souvent ensemble en dehors de la préparation spécifique d’une grande épreuve internationale. Marc Wilmots, que je sache, reçoit ses joueurs quelques jours seulement avant les matches et cela n’empêche pas notre équipe de foot d’être performante ! Et je dis cela alors que chacun sait que j’ai toujours été un chaud partisan des équipes nationales. J’imagine bien des entraînements tactiques réalisés à la maison sur une tablette ou un iPad, et un programme physique mensuel contrôlé tous les mois sur le terrain par un robot. Personne n’y pense mais cela devient tout à fait faisable !"
Gare aux administrations
Les défis des années à venir ? "Il faut une réalisation harmonieuse et pacifique de la scission. Avec trois conseils d’administration, trois nouveaux secrétaires généraux, il y a forcément pas mal de nouvelles têtes dans le personnel, à harmoniser en l’espace de quelques semaines. Dans la bonne entente, on trouvera toujours les compromis nécessaires entre deux pouvoirs qui ne subsidient pas de la même manière. Ce qui me fait peur, ce sont les pressions des administrations."