Hockey : l’Europe est prête à entrer en guerre pour protéger ses championnats
Publié le 16-02-2017 à 10h38 - Mis à jour le 16-02-2017 à 10h39
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La Global League menace la Division Honneur. Coudron rassure.Le hockey mondial a toujours eu le courage de se remettre en question. Face à la cacophonie actuelle entre les tours de World League et le Champions Trophy, l’affilié lambda y perdait son latin. "Il était compliqué d’expliquer à un non-initié que les Red Lions jouaient les quarts de finale d’une demi-finale de World League, souffle le président de l’ARBH, Marc Coudron. Certaines éditions étaient qualificatives pour une Coupe du monde ou les Jeux olympiques. D’autres pas."
La Fédération internationale de hockey (FIH) est repartie d’une feuille blanche. De nombreux projets, comme celui s’inspirant du modèle de la Formule 1, sont mort-nés. La FIH a enterré le vieux Champions Trophy et la jeune World League. La mise en terre est programmée pour 2019, soit l’année de la naissance de la Global Home and Away League.
La FIH veut des tribunes pleines
Partant du constat que les tribunes étaient désertes lorsque l’équipe locale ne jouait pas, la FIH s’est attaquée à ce problème. "Un Australie-Inde en Belgique était regardé par 100 personnes alors que le spectacle méritait le détour", poursuit Marc Coudron avant de lever un coin du voile sur un projet qui n’en est qu’à ses balbutiements.
"Nous nous sommes inspirés du tournoi des Six Nations en rugby. Entre 7 et 12 pays seront sélectionnés selon différents critères (infrastructures, accueil, ranking…) pour la première édition. Sur les 16 nations masculines, seul le Canada n’est pas partant. Chez les dames, tous les pays ont marqué leur intérêt."
Multiplication des matches
Concrètement, tous les pays sont réunis dans une poule. Chaque équipe affronte en manche aller et retour tous les adversaires du groupe.
Le reste du projet doit encore être validé lors d’une assemblée en juin. Prenons l’exemple où 9 nations participent à la compétition. Les Red Lions et les Red Panthers devraient jouer 16 matches dont 8 à l’étranger. Pour les messieurs, ils joueraient certainement en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Inde et en Argentine. "Nous devons encore discuter, mais l’idée serait que la compétition s’étale de janvier à juin", poursuit le président de l’ARBH.
Autant signer l’arrêt de mort de la Division Honneur ainsi que des autres championnats européens.
"Pas du tout, défend avec vigueur Marc Coudron. Nous ne toucherons pas au championnat. Je veux garder une DH à 12 équipes car ce principe est bon et équilibré. L’Europe se retrouve face au reste du monde. Quelques membres de la FIH n’accordent aucune importance aux championnats européens. Le défi consiste à trouver un bon équilibre entre les clubs et la FIH. Je freine à 2 000 % les discours qui veulent tuer nos championnats. Ceux-là oublient que les meilleurs joueurs du monde évoluent en Europe."
Rappelons que le Pakistan, la Corée du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon ou encore l’Inde sont affaiblis par l’absence d’une compétition hebdomadaire.
Suivre l’exemple du rugby
Dans un même temps, Marc Coudron est conscient que le hockey se retrouve face à un nouveau challenge. "Nous sommes devant un carrefour. Nous pouvons rester à notre niveau avec des semi-pros. Nous pouvons aussi chercher une autre voie où les rémunérations seraient nettement plus élevées. Savez-vous que les revenus générés par la première Coupe du monde de rugby se chiffraient à un ou deux millions d’euros! En 2015, on le comptait en centaines de millions d’euros. Je ne dis pas qu’il faut imiter le rugby, mais ce sport a eu le courage de se moderniser il y a 20 ans."
Si la modernité passe par la mort des championnats, elle ne semble pas si séduisante. Marc Coudron se lance dans une argumentation convaincante.
"Il est possible de combiner la Global League et la Division Honneur. Nous pourrions jouer quatre matches à l’étranger durant les six premières semaines de l’année civile. Nous pourrions placer quatre autres matches durant deux semaines du mois d’avril et encore 6 rencontres lors des 6 semaines qui suivent la fin du play off entre mi-mai et fin juin."
A l’étranger, les Red Lions et les Red Panthers joueraient, par exemple, dans un pays différent tous les cinq ou six jours. Quand elles jouent en Belgique, nos équipes pourraient s’inspirer de la Ligue des Champions en football.
"Nos équipes joueraient le mardi ou le mercredi avant de jouer en DH le dimanche."
Un stade national sera utile
De nombreuses questions se posent encore, mais les réponses tomberont à l’aube des grandes vacances 2017. Si la Belgique est sélectionnée, dans quels clubs auraient lieu ces matches ? "Nous pourrions faire un appel d’offres dans les communes. Idéalement, j’aimerais que Liège accueille un Belgique - Allemagne, qu’Anvers reçoive un Belgique - Pays-Bas, que Gand organise un Belgique - Grande-Bretagne et que Bruxelles et le Brabant se concentrent sur les autres nations comme l’Australie, l’Inde et la Nouvelle-Zélande."
Depuis la création de cette Global League, le président Coudron n’estime plus que la construction d’un stade national soit un chantier inutile.
"Je souhaiterais que 5 à 8 clubs soient capables d’accueillir entre 4 000 et 5 000 spectateurs d’ici 2020", conclut Marc Coudron qui a insisté sur sa détermination à protéger le championnat de Belgique. Le 11 mars, une réunion du conseil FIH dissipera une partie du flou artistique avant que les votes n’interviennent en juin.