Thierry Weil, le CEO de la FIH, se confie: "Nous ne voulons pas tuer les championnats nationaux"
Exclusif. Thierry Weil, CEO de la FIH, nous expose les grands axes de bataille pour développer le hockey.
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Publié le 21-01-2019 à 07h01 - Mis à jour le 21-01-2019 à 07h43
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Exclusif. Thierry Weil, CEO de la FIH, nous expose les grands axes de bataille pour développer le hockey.
Présent à Valence, le CEO de la Fédération internationale de hockey, Thierry Weil a parcouru durant plus d’une heure avec nous les défis qui attendent le hockey à l’échelle planétaire alors qu’il assistait au baptême de la Pro League dont le contrat court sur 4 ans au minimum. Cette nouvelle compétition marque un tournant dans l’histoire de la FIH car elle a pour vocation de créer une communion totale entre les stars et la base du hockey, les supporters.
Ne cherchez pas le nom de Thierry Weil dans les archives de la FIH. Avant sa nomination le 27 mars 2018, ce Français n’avait jamais approché de près ou de loin un stick de hockey. "Je ne suis pas du tout issu de ce monde", souligne-t-il d’emblée avant de baliser son parcours. "Mon sport, c’est le football." En tant que responsable du sponsorship chez Adidas pour le football, il a rayonné à travers le monde à tel point que la Fifa l’a embauché comme directeur du marketing.
Conscient que ce Strasbourgeois constituait le chaînon manquant à la FIH, le président Narinder Dhruv Batra a réussi un joli coup en l’attirant dans une fédération plus modeste. "Je suis venu pour transmettre mon expérience acquise dans la plus grosse fédération mondiale. Comme le foot, le hockey se joue en équipe. Pour moi, ce paramètre était capital", reconnaît Thierry Weil qui est, également tombé sous le charme de la Pro League. "Je vois un gros potentiel dans ce sport."
Ce secrétaire général a endossé la responsabilité de diriger toute la question administrative de tous les tournois ainsi que les charges sportives, marketing et commerciales. Il ne manquera pas de boulot. Avec l’apparition de la Pro League, la FIH est passée de 17 événements à gérer en 2015 à 31 aujourd’hui.
Avant de dévoiler le plan stratégique de la FIH, il a pris un peu de temps de prendre le pouls de cette discipline. "J’ai vite réalisé la beauté de ce sport en termes de respect et de fair-play. Les joueurs ne se plaignent pas des arbitres durant le match. Quand ils sont blessés, ils se relèvent vite pour ne pas pénaliser leur équipe. J’ai senti un esprit de famille aussi. J’ai été marqué par la passion de tous les acteurs dont les nombreux bénévoles. Même les arbitres prennent du temps sur leurs vacances."
Une question l’obsédait, à savoir la manière idéale pour assurer la promotion d’un sport en manque de visibilité. Il a dégagé deux axes : la Pro League et la télévision. La Pro League n’offrira aucun match sur terrain neutre, ce qui signifie qu’on devra voir de grands stades remplis. Ces tribunes pleines entraîneront la venue des caméras de télévision sur tous les terrains. Chaque nation participant à la Pro League dispose d’un accord pour la retransmission des matchs.
Actuellement, le hockey est pratiqué dans 137 pays alors qu’il n’y en a que 11 qui sont concernés par la Pro League. "Afin d’aider ces 137 fédérations, nous avons accepté que le hockey soit joué sur toutes les surfaces. Si un pays joue sur des terrains vagues ou du gazon naturel, il doit poursuivre sur cette voie afin qu’un maximum de personnes aient accès à ce sport."
Si la promotion du hockey passe par des stades remplis, il faudra que les supporters répondent présent. Or, les supporters sont très généralement eux-mêmes des joueurs. S’ils se sentent respectés par la FIH, ils achèteront plus facilement leurs places. En Belgique, l’image de la FIH a été écornée par ce sentiment qu’elle cherchait à tuer les championnats européens. "Absolument pas !", réagit vivement Thierry Weil. "La FIH ne veut pas tuer les championnats. Au contraire ! La fondation d’un sport s’appuie sur les clubs. Pour les clubs, rien n’est plus important que leur championnat. Avec le président indien, nous avons d’ailleurs prévu de rendre visite à la Belgique et aux Pays-Bas qui possèdent des championnats très solides. Nous voulons comprendre la structure de leurs clubs. Nous nous inspirerons de ces données pour développer des championnats en Asie. Nous savons que nous dérangeons beaucoup les championnats nationaux avec notre calendrier. Je tire mon chapeau à ces fédérations qui ont réussi à cumuler les deux."
Enfin, Thierry Weil a entendu parler des paris sportifs interdits venant de Belgique. "J’ai été en relation avec les dirigeants de la fédération belge, dit-il. J’ai assisté à beaucoup d’histoires qui n’étaient que des fumées sans feu. Ici, le mal est fait. Attendons de voir ce qui se passe avant de juger. Sur nos sites, nous expliquons tout à ce sujet. Je concède qu’il y a toujours moyen de faire mieux."