Hockey: "Le marché s’est enflammé sur les conditions des joueurs"
Gilles Van Lembergen, de retour en DH, est fier de voir Louvain renouer avec son ADN historique.
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- Publié le 21-03-2019 à 08h52
- Mis à jour le 21-03-2019 à 08h53
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Gilles Van Lembergen, de retour en DH, est fier de voir Louvain renouer avec son ADN historique.Louvain n’a pas encore dit son dernier mot à une Division 1 qu’il quittera dans quelques semaines. Le club d’Heverlee s’est lancé le défi de vivre une saison sans défaite. Après 17 matchs et 67 buts marqués, les Brabançons n’ont concédé que deux partages. À cinq journées de la fin, il ne leur manque plus qu’un point pour sceller leur montée. Leur promenade de santé n’a pas entamé la détermination des chevilles ouvrières de profiter de cette saison pour renouer avec l’ADN louvaniste.
Responsable sportif, Gilles Van Lembergen a d’abord dû digérer la descente il y a douze mois avant de l’utiliser à bon escient. "Notre descente n’était pas logique, souligne-t-il d’emblée. Notre noyau possédait assez de qualités pour se maintenir en DH", poursuit celui qui n’avait jamais connu la D1 avec Louvain en dix-neuf ans. "Pour différentes raisons, les résultats n’ont pas suivi."
Parmi les causes de ce revers, il épingle sans ambages la perte de solidarité. "Certains ne se battaient plus pour le maillot, mais ils privilégiaient le nom dans leur dos. Nous avons imprimé cette leçon dans notre chair."
Embarqué dans un navire trop petit pour les ambitions du matricule, il a ensuite tenté de voir le bon côté de ce pas en arrière. La descente coïncidait avec l’émergence de la première génération formée dans leur école sous la direction de Jérôme Dekeyser. "Les garçons nés en 1999, 2000 et 2001 ont reçu du temps de jeu en équipe première pour jouer un championnat qui n’a rien à voir avec le niveau en junior ou en Open League." Au fil des mois, un noyau de 7-8 gamins de Louvain s’est donc formé à grande vitesse.
L’histoire ne s’arrêtera pas là. Le club leur a concocté un programme nommé "150 jours". Depuis deux semaines, ils ont reçu par binôme un spécialiste physique qui a pour but de gommer leurs faiblesses. Quant à savoir s’ils seront tous au point pour la rentrée de septembre, il y a un pas que Gilles Van Lembergen ne franchit pas encore. "Nous voulons les garder afin qu’ils ne se perdent pas en Open League. Ils nous ont rendu de fiers services en D1, mais ils doivent avoir conscience que le niveau de la DH est incomparable."
Santana, l’exemple à suivre
Quelques leaders ont accepté de faire le pari d’encadrer cette jeunesse. Santana ou Maraite auraient pu partir sous des cieux plus rémunérateurs.
"À côté de ces huit jeunes, nous avons gardé des cadres qui ont transmis la mentalité du club à la jeune génération. Cet esprit est le point de départ de notre reconstruction. Audry Renaer, Moreno, Santana, Maraite, Vandenbroucke auraient pu tous partir."
Devenu philosophe, Gilles Van Lembergen en profite pour s’interroger sur l’évolution des gars. "Le pas entre les U19 et les A est très compliqué car la maturité arrive vers 20 ans. Beaucoup de hockeyeurs se perdent en chemin. Ne faudrait-il pas créer un championnat U21 ?"
La saison prochaine, Louvain monte avec la ferme intention de jouer les quarts de finale en Division d’Honneur. Le responsable sportif épingle la 3e place de la phase de poule en ayant conscience qu’elle se joue déjà maintenant lors du mercato. "Il est en cours. Nous nous interrogeons sur l’équilibre idéal entre les Belges et les étrangers. Le calendrier de la Pro League est encore flou. Quel sens y aurait-il à payer un bon étranger s’il est absent pour un quart de la saison ? Nous cherchons surtout des joueurs qui peuvent aider notre projet."
À Louvain, on vise d’abord une solide défense avec un attaquant comme Quemada qui peut faire basculer un match à lui tout seul. "Si nous voulons jouer l’avant-plan, nous aurons besoin de quatre à six renforts en fonction des décisions des joueurs en fin de saison. Nous avons eu la facilité de bâtir pour la D1 une équipe sans luxe."
"J’espère avoir un Red Lion à Louvain"
Le luxe aujourd’hui, c’est de se payer un champion du monde. Louvain, comme tous les clubs de DH, espère aligner un Red Lion. "J’espère que ce sera possible. J’en vois qui ont le profil pour servir notre projet sur le long terme."
Des pointures comme Bourdeaud’hui, Pangrazio ou Santana collent aussi aux critères recherchés. "Quand nous avons fait signer Santana, certains se sont moqués de nous. Il a beaucoup progressé et fait partie de nos leaders. Un Quemada reste la référence."
Après une année simple au niveau budgétaire, Louvain est prêt à faire des sacrifices… raisonnables. "Peu de clubs ont un budget confortable. Le stress n’est jamais loin. Nous avons une équipe à construire, mais également un projet à mener à bien. Nous refusons les listes d’attente ce qui signifie que nous devons sortir un 3e terrain car nos deux premiers sont à saturation. Là aussi, il faudra trouver les fonds."
Historiquement, Louvain a longtemps réussi à dénicher des perles rares en acceptant de délier les cordons de sa bourse. Quand nous évoquons la faillite virtuelle de certains matricules endettés par des joueurs devenus trop gourmands, Gilles Van Lembergen ne nous contredit pas. "Certains clubs arrivent à avoir le même budget de sponsoring que leurs cotisations. Le marché s’est enflammé sur les conditions des joueurs. Je crois que certains ont frôlé la faillite virtuelle, comme vous dites. D’ici un à deux ans, nous reviendrons à une situation plus normale. Les clubs refuseront de se remettre dans une situation inconfortable. On se dirige vers une accalmie des surenchères."
Pour tendre vers ce gentlemen agreement, la Top Hockey League aura son rôle à jouer. "Je retrouve beaucoup de sérieux et de bonne volonté parmi les membres de la THL. Les clubs bossent ensemble. Le hockey reste un petit univers où tout le monde se connaît. La THL me donne le sentiment de vouloir travailler main dans la main avec l’ARBH et les deux ligues, ce qui est primordial pour l’avenir de notre hockey. Par le passé, j’étais fort critique par rapport à l’ARBH, mais je suis plus calme aujourd’hui. Je vois que tout le monde travaille avec sérieux."
Un dossier animera les deux parties : la Pro League et son calendrier infernal. "Les Belges ont besoin de matchs internationaux pour rester au top mondial. Aux Pays-Bas, ils sont très critiques sur le format. Moi, je regrette les horaires des matchs et le désastre écologique de prendre l’avion pour faire le tour du monde pour un match. Il faut maintenir la Pro League pour garder le niveau olympique."
En parallèle, Gilles Van Lembergen a assisté à distance à la nouvelle formule du championnat. Séduit par la phase de poule, il marque une réserve chez les dames où les deux poules sont de niveaux fort différents. "Je regrette aussi les quarts de finale qui, en cas de défaite, ne récompensent pas les efforts d’une saison. La formule a été adoptée à l’unanimité. Par conséquent, je ne reviendrai pas dessus."
Dès septembre, il la vivra de l’intérieur avec son club qui pourrait très bien jouer les trouble-fête. D’ici là, il lui reste 15 points à prendre et le rêve un peu fou d’atteindre les 100 buts marqués cette saison. Ses attaquants devraient marquer toutes les 10 minutes.