`Jamais l'égal de Fangio´
Publié le 21-07-2002 à 00h00
MAGNY-COURS C'était tellement attendu et surtout entendu depuis quelques semaines déjà qu'on aurait tendance -à tort- à ne pas en faire un grand événement. Et pourtant, c'en est un. Et de taille. En remportant son 8e succès de la saison, le 61e de sa carrière hier à Magny-Cours, Michael Schumacher a définitivement tressé les lauriers de champion du monde en battant de nouveaux records: jamais dans l'histoire de la F 1 moderne un titre n'avait été acquis aussi tôt dans la saison (11e GP). Et jamais un champion n'avait rentré un aussi beau bulletin: 8 victoires, deux deuxièmes places, une troisième et zéro abandon. Y a pas photo pour le roi Michael qui possède aujourd'hui 62 points d'avance sur son plus proche poursuivant, Juan Pablo Montoya. Et semble parti pour établir de nouveaux records. Notamment celui du nombre de succès (dix) en une saison déjà le sien en 1995, 2000 et 2001, mais toujours partagé avec Nigel Mansell (1992).
Mais aujourd'hui, il est surtout question d'un autre partage, nettement plus glorieux celui-là, puisqu'en décrochant pour la cinquième fois (1994, 1995, 2000, 2001, 2002) en neuf ans la couronne mondiale, le pilote Ferrari est devenu le pilote le plus titré de l'histoire de la Formule 1, à égalité avec un certain Juan Manuel Fangio, un véritable monument sacré en 1951 (Alfa Romeo), 1954 (Mercedes), 1955 (Mercedes), 1956 (Ferrari) et 1957 (Maserati).
Certes, il est difficile de comparer les époques. Au temps où le dieu argentin disparu en 1995 régnait sur les pistes avec un taux inégalé de 47% de réussite (24 victoires sur 51 GP disputés), on ne comptait que 6 à 9 Grands Prix par année. Et la concurrence n'était pas aussi relevée qu'aujourd'hui avec seulement 5 ou 6 teams. N'empêche...
Seul le record d'Ayrton Senna lui résiste encore
`Personnellement, je ne me considérerai jamais comme l'égal d'une légende telle que Fangio, l'un des pionniers de la F 1´, a déclaré humblement Michael Schumacher après avoir égalé un record datant de 45 ans. `J'ai eu l'occasion de piloter la Mercedes avec laquelle Juan Manuel a triomphé en 1954 et en 1955. Et je peux vous dire que c'est nettement plus dangereux d'attaquer avec ce genre d'engin. A cette époque, les pilotes étaient de véritables héros. Ils risquaient leur vie chaque week-end et perdaient des amis en GP chaque année. J'ai un profond respect pour ces coureurs de la glorieuse époque et j'ignore si j'aurais pu les battre.´
Pourtant, l'expression populaire est en train de changer. Et les jeunes fous du volant d'aujourd'hui se prennent plus pour Michael Schumacher qu'ils ne font leur Fangio.
Cela n'enlève toutefois rien au bel hommage de celui dont les statistiques purement mathématiques font désormais le champion automobile au plus grand et plus beau palmarès de tous les temps: 5 titres, 61 victoires, 46 poles, 47 meilleurs tours en course, 107 podiums dont une série actuellement en cours de douze consécutifs et 897 points marqués en 172 départs, personne ne peut dire mieux. Même Prost est relégué à l'arrière-plan. Le seul record qui lui manque encore et risque fort de lui résister -il n'en a signé que 3 cette année- est celui des 65 poles d'Ayrton Senna.
Et il lui reste encore au moins deux années pour placer la barre encore plus haut, son contrat Ferrari courant jusque fin 2004. Pour décrocher une 6e couronne qu'il aurait déjà facilement tressée s'il avait répondu aux sirènes de Williams et de McLaren à leur période dominante plutôt que de relever le défi Ferrari avec qui il perdit le titre dans un geste malheureux face à Villeneuve lors du dernier Grand Prix de Jerez en 1997, une jambe cassée en 1999 lui coûtant sans doute un autre sacre deux ans plus tard.
Et après sans doute, cédera-t-il le relais à son petit frère Ralf pour prendre un rôle d'ambassadeur au sein de la Scuderia l'ayant élevé aux yeux des tifosi au rang de la Madone et s'occuper de lancer la carrière de son fils Mick, 3 ans et demi, déjà féru de karting. On n'a pas fini de parler de la dynastie des (en allemand) fabricants de chaussures...
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