Marée rouge pour un champion
Michael Schumacher (Ferrari) n’a pas attendu de franchir victorieusement la ligne d’arrivée du Grand Prix d’Allemagne de Formule 1 pour laisser éclater sa joie, dimanche, à Hockenheim.
Publié le 27-07-2002 à 00h00
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En pénétrant dans le stadium à quelques hectomètres du but, le quintuple champion du monde saluait déjà une foule ébahie, conquise depuis longtemps, poing brandi en l’air. Telle une marée rouge, les spectateurs vêtus aux couleurs de la Scuderia, de leur champion, s’étaient levés dans un même élan pour fêter leur héros.
Une nouvelle fois, Michael Schumacher venait de terrasser la concurrence, de devancer les Williams-BMW de Juan Pablo Montoya, de Ralf Schumacher, et Rubens Barrichello, sur l’autre Ferrari.
Une semaine après son sacre de Magny-Cours, le pilote de la Scuderia ajoutait un nouveau joyau à ses cinq couronnes, un premier succès chez lui au volant d’une Ferrari. Le soixante-deuxième de sa carrière, le neuvième de la saison, record détenu conjointement avec Nigel Mansell égalé.
«Cette victoire représente beaucoup pour moi. Une semaine après mon titre, c’est pour moi un rêve qui devient réalité », se réjouissait Michael Schumacher.
Un triomphe
Ce dernier tenait à célébrer son titre par un succès chez lui, devant son public. Cette célébration tournait au triomphe. Victoire, record du tour, pole, l’Allemand avait plus que jamais «cannibalisé » l’épreuve allemande.
Dans les premiers tours pourtant, Ralf, son frère cadet, semblait devoir constituer une menace sérieuse. Mais Michael Schumacher cherchait à ménager ses pneumatiques. Rapidement, le pilote de la Scuderia allait prendre ses distances, filer vers la victoire, laissant aux pilotes Williams de courts intérims en tête, le temps de deux ravitaillements.
C’est au contraire Ralf qui allait connaître un problème sur la fin (63e tour) l’obligeant à repasser une troisième fois au stand et laisser la deuxième place à Juan Pablo Montoya, auteur d’une formidable passe d’armes avec Kimi Raikkonen (McLaren-Mercedes) au 11e tour pour le bénéfice de la 4e position.
Le Finlandais aurait peut-être pu ambitionner une place sur le podium sans une crevaison (37e) qui l’avait obligé à effectuer près d’un tour sur trois roues, d’être relégué dans les profondeurs du classement avant de renoncer. David Coulthard, sur l’autre McLaren, lui, se contentait d’une modeste cinquième place devant Nick Heidfeld (Sauber), à un tour du vainqueur.
Maître absolu
Pour McLaren-Mercedes, la défaite était cinglante, comme pour Renault, BAR-Honda, Arrows et Jaguar victimes d’une épreuve impitoyable, ces quatre équipes n’ayant aucune voiture à l’arrivée,
Le Grand Prix d’Allemagne avait été à l’image de la saison, écrasé par Ferrari, par Michael Schumacher. Neuf victoires et 106 points en douze courses, l’Allemand est bien parti pour faire main basse sur deux nouveaux records. Il lui reste cinq Grands Prix pour cela. Sans doute plus qu’il n’en faut pour un champion insatiable, au faîte de son art, plus intraitable que jamais.
«Nous avons réussi tellement de choses depuis le début de la saison. Je voudrais vraiment remercier encore l’équipe pour tout le boulot accompli », déclarait Michael Schumacher.
La course terminée, la marée rouge envahissait la piste, criait, hurlait, brandissait les drapeaux à la gloire de Ferrari, de Michael Schumacher. Les spectateurs du Hockenheimring chaviraient de bonheur. Leur champion était bien le plus fort, le maître absolu de la Formule 1. (AFP)
Déclarations Michael Schumacher (All/ferrari), vainqueur: «Je rêvais d’un tel résultat depuis longtemps. Nous avons fêté tant de succès avec Ferrari ces trois dernières années, mais il semblait qu’Hockenheim ne veuille pas me sourire. Cela représente beaucoup pour moi de voir toute cette foule dans mon dernier tour. Le rêve était devenu réalité après avoir gagné le Championnat la semaine dernière. Gagner en Allemagne après sept ans chez Ferrari, c’est formidable après tout ce que nous avons réussi depuis le début de l’année. Je peux simplement remercier Dieu. L’équipe a encore fait un boulot formidable. Avec mon premier train de pneus, j’ai eu une dure bataille avec Ralf. J’étais aux prises avec des pneus qui cloquaient et il fallait me battre pour conserver mon avance. Avec mon deuxième train, les pneus étaient vraiment très bons et j’ai pu attaquer. Avec le troisième, j’ai pu contrôler, et ralentir pour ramener la voiture à l’arrivée après le problème de Ralf. Maintenant, je vais me relaxer en famille durant la trêve et recharger mes batteries pour le reste de la saison ». Juan Pablo Montoya (Col/Williams-BMW), deuxième: «Bien sûr, je ne m’attendais pas à être deuxième. C’est arrivé grâce à la malchance de Rubens (Barrichello) et de Ralf (Schumacher) mais c’est la course et ce sont des choses qui arrivent. C’est mon meilleur résultat en sept courses malgré le fait que je sois parti en pole à cinq reprises. La bataille avec Raikkonen était très spectaculaire. Après qu’il m’ait passé au départ, j’ai eu plusieurs opportunités de le repasser mais c’était trop risqué et j’ai préféré attendre. Puis l’équipe m’a dit que je pouvais prendre plus de tours moteur et cela m’a donné un surplus de puissance suffisant. J’ai accéléré à fond, Raikkonen aussi mais il a commis une faute et je suis passé ». Ralf Schumacher (All/Williams-BMW), troisième: «Si je fais le calcul de tous mes problèmes, je dois m’estimer heureux de terminer troisième. Deux évènements notamment m’ont pénalisé. Trulli, d’abord, m’a bloqué, puis j’ai été ralenti par Villeneuve à mon entrée aux stands. Et enfin, j’ai dû passer une troisième fois par les stands, à cause d’un problème de pression pneumatique sur le moteur. Mais bon, deuxième et troisième, c’est bien pour l’équipe ». Rubens Barrichello (Bré/Ferrari), quatrième: «Cela a été une course difficile. En allant sur la pré-grille, j’ai senti quelque chose qui n’allait pas. Aussi, par sécurité, j’ai préféré me rabattre sur le mulet. Après le départ, la voiture marchait bien mais il m’était difficile d’essayer de passer Ralf. Quand j’ai effectué mon deuxième ravitaillement la trappe d’essence de la voiture ne s’est pas ouverte et cela m’a coûté de précieuses secondes et une place sur le podium ». (AFP)