Quel triste spectacle, quel ennui !
Malgré un temps redevenu tout à fait saisonnier avec un thermomètre affichant 28 degrés dans les rares coins d'ombre du chaudron hongrois, le Hungaroring menaçait nettement moins de déborder que le Danube hier à l'heure du départ de la 13e manche du Championnat du Monde de F 1. Aucune queue sur l'autoroute menant du centre de Budapest au circuit, grands hôtels loin d'afficher complet, tribunes à moitié pleines, voire par endroits carrément désertées, public clairsemé dans des champs habituellement rouges, cela faisait longtemps que l'on n'avait plus vu aussi peu de monde sur un Grand Prix
Publié le 18-08-2002 à 00h00
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ENVOYÉ SPÉCIAL EN HONGRIE OLIVIER DE WILDE
BUDAPEST Malgré un temps redevenu tout à fait saisonnier avec un thermomètre affichant 28 degrés dans les rares coins d'ombre du chaudron hongrois, le Hungaroring menaçait nettement moins de déborder que le Danube hier à l'heure du départ de la 13e manche du Championnat du Monde de F 1. Aucune queue sur l'autoroute menant du centre de Budapest au circuit, grands hôtels loin d'afficher complet, tribunes à moitié pleines, voire par endroits carrément désertées, public clairsemé dans des champs habituellement rouges, cela faisait longtemps que l'on n'avait plus vu aussi peu de monde sur un Grand Prix.
Et s'il est vrai qu'une partie de la population locale avait d'autres préoccupations après les inondations de la semaine dernière, c'est surtout le manque d'enjeux et une certaine lassitude provoquée par l'outrancière domination d'une marque et d'un seul homme qui expliquaient le relatif déficit populaire.
Il ne fallait, en effet, pas être grand clerc après des essais tournant plus que jamais à la démonstration du Cheval Cabré et de ses sabots d'or Bridgestone, pour pronostiquer le succès d'une Ferrari. La seule inconnue consistait à savoir laquelle après la brillante 6e pole position, la 3e cette saison, arrachée pour 59 millièmes par Rubens Barrichello au nez et à la barbe de son chef de file Michael Schumacher.
La gifle de Schumi
En gagnant à la régulière la bataille du samedi, le petit Brésilien a simplement évité à Michael Schumacher de devoir le laisser passer lors d'une nouvelle non-course. Car une nouvelle fois, le seul duel possible pour la victoire n'a jamais eu lieu. Comme au Nürburgring lors du dernier Grand Prix d'Europe, Michael Schumacher semblait le plus fort. Il l'a démontré en prenant volontairement ses distances après le deuxième ravitaillement pour signer un nouveau record du tour, près de 7 dixièmes plus rapide que la meilleure performance d'un Barrichello derrière lequel il resta sagement durant 77 tours. Une véritable gifle dans la figure du vainqueur. Un sursaut d'orgueil prouvant, si besoin en était encore, que le quintuple champion du monde ne produisant aucune attaque n'a pas été battu à la régulière. `Je voulais simplement me réveiller, prendre un peu de plaisir´, avoua après l'arrivée le roi Michael en adressant un sourire complaisant à son pantin d'équipier qui eut le mérite de ne pas commettre la moindre faute pour remporter, sur un tapis rouge, le troisième succès de sa carrière. Dommage que le Brésilien n'a pas encore compris qu'il aurait beaucoup plus à gagner en tentant de s'imposer seul, au terme d'un vrai combat, qu'en comptant sur les cadeaux de son chef de file pour remporter le titre de vice- champion. A moins que, comme tous les passionnés de F 1, Rubinho ne soit que la victime -mais consentante, elle- de la politique de non- agression imposée par Todt et Ferrari. Un esprit de non-compétition interne gâchant honnêtement un peu la fête hongroise... Même au sein de la Scuderia à laquelle Michael Schumacher aurait pu offrir seul ce 12e titre, ce n'était pas l'euphorie hier soir.
© Les Sports 2002
Même si Michael Schumacher a consenti à remettre à un peu plus tard son nouveau record de dix succès en une même saison, ce GP de Hongrie restera dans les annales: comme celui ayant permis à Ferrari de remporter, au terme d'un 5e doublé cette année, un 12e titre constructeurs aussi téléphoné que la 3e victoire de Rubens Barrichello. Mais aussi comme le Petit Prix le plus soporifiue d'une saison aussi pourrie que l'été européen. Même Jean Todt, l'homme qui décide de l'ordre de ses voitures à l'arrivée et n'aime pas la course... entre ses pilotes, n'a pu éviter de bâiller durant la sieste de Budapest. Une parade Ferrari aussi bien orchestrée que celle de Disney. Où rien n'est laissé au hasard. Et certainement pas le nom du vainqueur. Et cette fois, Mickey Schumacher a accepté de laisser la vedette à Rubens Calimero, trop souvent victime d'injustices. La procession tourna donc à la parodie dès l'instant où l'on comprit que le meilleur pilote du monde avait accepté la défaite avant même le départ. D'autant qu'il ne put s'empêcher en jouant à l'élastique de montrer aux yeux de tous que le match était à nouveau arrangé. Dommage pour Barrichello qui ne pouvait dès lors pas réellement savourer le champagne. Et pour le public à nouveau privé du moindre suspense. Ce n'est pas en offrant un aussi triste spectacle que la F 1 va faire à nouveau recette. Heureusement que le toboggan de Francorchamps propose bien d'autres arguments... © Les Sports 2002