Iceman a gardé la tête froide

Premier succès en F 1 pour le FinlandaisKimi Raikkonen, digne successeur d'Hakkinen. Le coup était déjà passé très près l'an dernier à Magny-Cours quand une traînée d'huile échappée de la Toyota de McNish le fit glisser de la plus haute marche du podium à trois tours de l'arrivée.

O. d.W.
Iceman a gardé la tête froide
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SEPANG Le coup était déjà passé très près l'an dernier à Magny-Cours quand une traînée d'huile échappée de la Toyota de McNish le fit glisser de la plus haute marche du podium à trois tours de l'arrivée. En Australie voici quinze jours, il s'en était fallu d'un limitateur de vitesse défaillant (61 km/h au lieu de 60 dans la pitlane) et d'une pénalité pour que le jeune Finlandais ne signe son premier succès. Celui que Ron Dennis surnomme Iceman pour son tempérament froid, tant sur la piste qu'en dehors, n'a pas dû attendre longtemps pour prendre sa revanche sur le mauvais sort. Sous la canicule (35 degrés, 43 sur la piste), c'est le plus cool des pilotes qui s'est imposé. Un succès plein de fraîcheur. «Pour que je considère ma carrière comme réussie, je dois devenir au moins une fois champion du monde, nous avait-il confié jeudi. Mais avant cela, je dois gagner ma première course. Et ne pas la décrocher cette saison constituerait une grosse déception.»

Plus habitué l'an dernier à voir son moteur Mercedes partir en fumée qu'à franchir le drapeau à damiers, Kimi a cette fois eu un peu de chance. Celle d'éviter le crash du départ dans lequel il perdit d'emblée trois sérieux adversaires. Puis de voir deux tours plus tard son équipier Coulthard arrêté en bord de piste, moteur coupé suite à une panne de courant. «Dans le 2e virage, j'ai vu l'accrochage entre Trulli et Schumacher juste devant moi, racontait un Finlandais guère euphorique, contrôlant ses émotions avec le même sang-froid que sa monoplace argentée. J'ai d'abord pensé passer à droite, puis au dernier moment j'ai vu que les monoplaces reculaient, et j'ai plongé à gauche. C'était la bonne décision.»

Quatrième au premier tour, Kimi doubla ensuite facilement son ex-équipier Heidfeld avant de voir David Coulthard arrêté en bord de piste. «Très vite deu- xième, je n'ai pas poussé pour revenir sur la Renault d'Alonso. Je supposais bien depuis les essais qu'elle était plus légère et devrait s'arrêter plus tôt.»

Cinq tours de plus lors du premier relais et un premier ravitaillement éclair suffirent à Raikkonen pour se placer en position de virtuel vainqueur. «Nos Michelin ont mieux résisté à la chaleur que les Bridgestone. Je savais que Barrichello ne m'inquiéterais pas. Après notre premier arrêt, l'écart n'a fait qu'augmenter.«

Mais malgré les panneaux Easy (facile) et Slow (doucement) que lui brandirent ses mécaniciens à vingt tours de l'arrivée, l'homme au poignet duquel brille un soleil continua à aligner des chronos parmi les meilleurs. «La voiture fonctionnait parfaitement, je me sentais en forme, pas éprouvé par la chaleur. Peut-être est-ce l'habitude du sauna? Ou parce que je ne devais plus attaquer dès la mi-course. J'estime avoir fini à l'aise, en tournant le volant. Mais jusqu'au bout, j'ai refusé d'y croire. C'est la leçon retenue du GP de France l'an dernier.»

Les deux bras levés au ciel à l'arrivée, il rasa d'abord le mur de l'écurie McLaren-Mercedes avant de faire un écart en guise de clin d'oeil devant l'équipe de Peter Sauber, l'homme qui lui donna sa première chance en F 1 alors qu'il venait de briguer le titre en... Formule Renault. «Si je suis surpris? Oui et non. Cette première victoire, je l'attendais depuis un petit temps déjà. Maintenant, tout va être plus facile. Même septième suite à une petite erreur dans mon tour de qualif, je pensais encore pouvoir gagner. Avec le nouveau règlement, la position sur la grille n'est plus importante. David puis moi avons prouvé qu'on pouvait l'emporter en partant de derrière.»

Désormais en tête du Mondial avec six points d'avance sur son équipier et huit sur un quintet de furieux parmi lesquels Michael Schumacher, Raikkonen peut-il succéder dès cette année à son mentor et idole de jeunesse Mika Hakkinen, un des premiers à le féciliter par téléphone? «Il est trop tôt pour songer à cela. Tout dépendra de la nouvelle McLaren MP 4-18 dont je ne sais rien pour l'instant mais qui devrait apparaître pour Barcelone au plus tôt.»

© Les Sports 2003

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