Entre joie et tristesse

O. d.W.

IMOLA Même dans les circonstances parmi les pires pour un homme, Ferrari et son héros allemand ont donc tenu la promesse faite depuis deux semaines aux milliers de tifosi en remportant, dans le temple sacré d'Imola, leur premier succès de la saison, le dernier sans doute avec la F 2002. Une 65e victoire qui restera à jamais gravée dans la mémoire du quintuple champion du monde comme la plus pénible de sa carrière. Pour rester concentré durant plus d'1h30 en roulant à 300 km/h après un tel choc psychologique, pour avoir la force de rouler par respect envers son équipe, ses millions de supporters et sans doute sa conception ultra-professionnelle de son sport, Schumi a dû puiser dans ses réserves, gagner un combat durant 16 tours contre son frère mais surtout contre lui-même.

Apparu dès 9h30 dans le paddock, Michäel s'isola avec ses ingénieurs avant d'apparaître sur la grille un crêpe noir à son bras droit et une bande noire sur son casque en signes de deuil. Durant toute la procédure précédant le départ, le poleman resta assis dans sa monoplace, le regard braqué vers cette courbe de Tamburello où disparut le regretté Senna voici déjà neuf ans.

Puis, à l'extinction des feux rouges, Schumi fit le vide dans sa tête. Surpris par son frère à l'envol, il dut attendre le 1er arrêt loupé du pilote Williams (il enclencha la 2e et cala au moment de redémarrer) pour s'emparer du commandement, ses attaques polies s'étant avérées vaines. Le jour aurait été mal choisi pour s'accrocher avec son cadet. Le problème de pneus de Raikkonen lui facilita ensuite la tâche en fin de parcours.

Franchissant l'arrivée en se rapprochant du mur Ferrari, Michäel, dans un geste réflexe, leva un poing d'exclamation avant de saluer la foule dont la joie semblait tout aussi contenue. Puis, après une poignée de mains un peu embarrassée de rival finlandais, il tomba dans les bras de son compatissant équipier Barrichello. Avant tout de même de monter sur la plus haute marche du podium où il leva les yeux au ciel comme pour saluer sa maman. Avant de retenir ses larmes. Le champagne ne coula pas non plus. Et seuls ses proches eurent droit à quelques mots avant qu'il ne parte, escorté, se recueillir en famille dans sa résidence suisse.

© Les Sports 2003

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